La protection des oiseaux en Tunisie connaît un nombre grandissant de partisans, à s'en référer à la forte participation enregistrée par l'assemblée générale ordinaire de l'Association '' Les Amis des Oiseaux'' (AAO), tenue au siège du Conseil de l'Ordre des Ingénieurs, à Tunis. Des centaines de défenseurs de la faune aviaire (avifaune), composés en majorité d'enseignants, de chercheurs, d'ingénieurs, et d'étudiants, de tous les âges, avec une prédominance des jeunes, sont venus, à cette occasion, de toutes les régions du pays, pour se pencher sur la situation de l'étude et du suivi scientifiques des oiseaux (ornithologie), notamment à l'échelle locale de la Tunisie , et examiner les moyens de développer ces activités en vue d'une meilleure protection des oiseaux sédentaires et migrants du pays. En effet, l'étude et le suivi scientifiques des oiseaux, en Tunisie, constitue l'objectif principal de l'AAO, depuis sa création en 1975 et dont elle semble s'acquitter, comme il se doit, au vu du rayonnement qu'elle a su acquérir, en parvenant à mobiliser, aujourd'hui, plus de 1200 adhérents actifs de niveau remarquable, regroupés au sein de sections couvrant l'ensemble du territoire national.
Les Oiseaux de Tunisie Mais l'AAO a su se forger, aussi, une grande réputation internationale, grâce, notamment, au Groupement Ornithologique Tunisien (GOT), sa section scientifique, constitué en 1986 et considéré comme étant l'une des actions les plus marquantes de l'Association. Formé au départ de quelques personnes, le GOT compte, actuellement, une trentaine de spécialistes actifs. Au nombre de ses réalisations figure, notamment, la publication récente d'un ouvrage intitulé '' Oiseaux de Tunisie'', présenté, à cette occasion, à l'assemblée par le président de l'AAO, le professeur Ali Hili, en donnant lecture du rapport d'activité de l'Association, depuis sa dernière assemblée générale, en 2003. Fruit de longues années de recherche, le livre regroupe toutes les données ornithologiques relatives à la Tunisie , recueillies depuis le lancement des études ornithologiques, dans le pays, jusqu'en 2004, avec une liste commentée de 395 espèces d'oiseaux et l'analyse de la place qu'occupe notre pays dans le système des migrations des oiseaux du Nord au Sud comme du Sud au Nord. Le GOT a, aussi, découvert de nouvelles zones humides, fréquentées par les oiseaux migrateurs, au milieu des oasis de la région de Douz, dans l'extrême Sud tunisien, jamais citées dans le passé et ne figurant pas dans l'inventaire national des zones humides. Dotée de cet appareil scientifique, l'AAO a pu développer un partenariat scientifique et technique actif avec plusieurs Organismes étrangers, nationaux, régionaux et internationaux, portant sur la mise en œuvre de projets ornithologiques, en Tunisie, moyennant des financements consentis par ces Organismes étrangers. L'AAO a eu, ainsi, le moyen rêvé de professionnaliser une partie de son activité, ce qui lui a permis de consolider son budget et d'approfondir ses interventions et son implication dans le domaine de ses compétences.
Se réapproprier l'ancienne culture avifaune L'esprit du bénévolat, fondement de l'action associative, a, néanmoins, continué de bénéficier de la même attention, notamment à travers l'ouverture de l'AAO aux enfants de 6 à 12 ans, grâce à la création d'une nouvelle structure d'animation, appelée ''mini-club ornithologique'' (MCO). L'expérience a trouvé un écho favorable auprès des enfants ciblés et de leurs parents, car ces MCO ont le mérite d'offrir à leurs membres des sorties sur le terrain, en alternance avec les animations en salle. Il s'agit de sensibiliser les générations futures à la protection de la nature et des oiseaux, et de préparer, pour ainsi dire, la relève. Or, à croire certains intervenants dans le débat général, exception faite des milieux concernés de près par les oiseaux, comme les adhérents de l'AAO, et les chasseurs, et qui sont relativement restreints, la majeure partie des Tunisiens ignore pratiquement tout ce qu'il faut concernant le monde des oiseaux et des espèces qui hantent nos parages, de sorte que les tunisiens ont besoin d'un véritable apprentissage en la matière pour se réapproprier leur ancienne culture avifaune , perdue avec le progrès de l'urbanisation et la rupture des contacts directs avec la nature. Pourtant, outre son intérêt scientifique, le suivi des oiseaux conserve, encore, sa part d'utilité pratique, pour l'ensemble des secteurs de la société, comme en témoigne la controverse soulevée, ces derniers temps, à propos du rôle éventuel des oiseaux migratoires dans la propagation du virus de la grippe aviaire ou encore les études relatives aux liens entre les changements climatiques et les modifications dans le comportement migratoire des oiseaux.