Le Temps-Agences - La secrétaire d'Etat Hillary Clinton est arrivée hier à Sanaa pour une visite surprise au Yémen, la première en vingt ans d'un chef de la diplomatie américaine. Mme Clinton a déclaré avoir l'intention d'aller lors de ses entretiens avec les responsables yéménites au-delà de la coopération militaire pour aborder une "stratégie globale" face aux problèmes économiques, sociaux et politiques du Yémen qui font le lit des extrémistes. "Dans nos efforts visant à contrer le terrorisme, le Yémen devient un partenaire de plus en plus important", a affirmé Mme Clinton aux journalistes l'accompagnant. La responsable américaine devait s'entretenir avec le président Ali Abdallah Saleh, confronté à la menace du réseau Al-Qaïda, et rencontrer des représentants de la société civile et de partis politiques d'opposition. Elle est arrivée au Yémen en provenance des Emirats arabes unis, première étape d'une tournée annoncée dans le Golfe qui doit encore la mener dans le sultanat d'Oman et au Qatar. Il s'agit de la première visite depuis vingt ans d'un chef de la diplomatie américaine au Yémen où le dernier, James Baker, s'y était rendu en 1990. Outre la menace d'Al-Qaïda, le président Ali Abdallah Saleh est confronté à une rébellion dans le nord, à un mouvement sécessionniste dans le sud et à une crise économique aggravée par le tarissement des ressources du pays en pétrole. Des analystes redoutent de voir le Yémen devenir une nouvelle Somalie. Al-Qaïda est de plus en plus actif dans le sud du Yémen où les attaques meurtrières se sont multipliées ces derniers mois contre les forces de sécurité yéménites. Le Mouvement sudiste milite pour l'autonomie du sud du Yémen, Etat indépendant jusqu'en 1990, et proteste contre ce qu'il considère comme une politique discriminatoire du Nord. Pour contrer surtout les activités d'Al-Qaïda, les autorités yéménites avaient annoncé fin décembre qu'elles entendaient installer "des unités de lutte anti-terroriste" dans quatre provinces du Sud. Le conseiller du président Barack Obama pour l'antiterrorisme John Brennan avait alors demandé au président Saleh d'agir "avec détermination" contre Aqpa afin de "faire échouer ses projets de mener des attaques terroristes au Yémen ainsi que dans d'autres pays, dont les Etats-Unis".