Les agents des forces de l'ordre, depuis le 14 janvier. On n'a pas vraiment envie d'être à leur place. Ils s'attirent les foudres d'une frange de la société qui montre du doigt les policiers pour avoir réprimé des manifestants un peu partout en Tunisie. Ils s'enlisent dans la misère sociale dont ils pâtissent du temps d'un Ben Ali sans foi ni loi. Voilà pourquoi ils ont battu le pavé il y a peu, appelant à plus de justice quant à leur situation sociale. Il était question aussi de leur image d'agent de l'ordre qui a besoin d'être soignée tout comme leurs corps blessés et leur morale outragée. Hier à l'hôpital des Forces de sécurité intérieure de la Marsa (FSI), on a été voir certains parmi eux, toujours hospitalisés au service de la chirurgie orthopédique. Ici neufs lits sont mis à la disposition des blessés, outre les autres places de la chirurgie froide ( ophtalmologie, ORL et chirurgie générale) annexées à celles de la chirurgie orthopédique depuis le début des manifestations. A notre arrivée, Mohamed Ridha Gharbi, un brigadier chef, s'apprêtait à sortir, les larmes aux yeux, …le moral sapé, il nous dit « Je suis esquinté. Mercredi dernier, à la Kasbah, j'ai été victime d'attaques de la part d'un groupe de personnes armées de couteaux. J'ai été obligé, tout comme mes collègues, de nous défendre. Un policier a trouvé la mort, d'ailleurs. Et personne n'en a parlé. » Ils sont légion, les agents de l'ordre ayant été confrontés à la même situation dont le moins qu'on puisse dire désolante. Samedi dernier seulement les affrontements qui ont eu lieu à la Kasbah ont fait 14 blessés parmi les agents de l'ordre. 5 parmi eux ont été hospitalisés pour des traumatismes, fractures et contusions. Dans la même journée, quatre autres blessés ont été ramenés du Kef là où des policiers ont été pris d'assaut par des personnes jusque-là non identifiées. « On était une douzaine d'agents au secteur de la police nationale de Téjrouine. Jamais on aurait cru que notre village allait être le siège d'affrontements avec ces personnes qui veulent semer le désordre dans notre pays. On a été attaqué par quasiment 400 personnes qui ont assiégé le poste de police. On a tout fait pour remonter jusqu'au troisième étage les munitions pour qu'elles ne tombent pas entre les mains de ces personnes. On était vraiment désespéré et on n'a pas trouvé mieux que de nous jeter du troisième étage pour sauver nos vies. » confie Khatoui Wertani, un commissaire de police hospitalisé, qui ajoute « Quatre voitures administratives ont été saccagées, ma voiture une Audi 80 a été incendiée. Le commandant de l'armée n'a pas bougé le petit doigt alors qu'on a fait appel à lui pour nous venir en aide. Il y a des choses qu'on a du mal à comprendre pour l'instant ». D'aucuns pensent qu'une structure syndicale relevant de l'Union générale tunisienne de travail (UGTT) chargée de défendre les droits des agents de l'ordre est impérieuse pour rendre la justice à qui elle revient de droit. Nos gardiens de la paix n'ont pas la paix pour le moment. Côté médical, nos agents des forces de l'ordre sont pris en charge par une structure médicale de l'hôpital FSI, comportant trois assistants, quatre résidents chapeautés par leur chef de service, un professeur agrégé en chirurgie orthopédique et aidés par un spécialiste de la chirurgie de la main. Nos coups de chapeaux aux disciples d'Hippocrate.