Lotfi OUENNICHE - Le monde libre, chantre de la démocratie, de la liberté et de la défense des droits de l'Homme réalise avec une stupeur teintée d'admiration que le monde arabe ne peut rester longtemps en marge des grandes vagues de transition démocratique de la fin du XXe siècle ni éternellement à l'écart de cette histoire universelle. A l'instar des bouleversements qui ont secoué l'Europe de l'Est à la fin des années 80 et qui ont consacré la chute des dictatures et la naissance des démocraties populaires, le monde arabe rejoint la marche de l'histoire et fait son propre printemps. Les premières fleurs ont germé certes en Tunisie, pionnière de cet admirable mouvement, mais la flamme ne s'éteint pas et continue d'allumer ses feux sous les trônes des régimes oppresseurs. Après la Tunisie, c'était le tour de l'Egypte et demain ce sera peut-être celui du Yémen, de Bahrein ou de la Libye. C'est une nouvelle page qui s'ouvre devant le monde arabe, plus que jamais à une étape charnière de son histoire. Une étape qui nécessite vigilance et responsabilité et qui augure d'une nouvelle donne dans les relations de ce monde avec la communauté internationale, notamment avec les pays dits développés. Nul ne peut ignorer que l'Occident s'est toujours rangé aux côtés des régimes dictatoriaux arabes et a souvent fermé les yeux sur l'oppression qu'ils exerçaient sur leurs peuples. Certains évoquent le prétexte de la realpolitik qui exige le soutien des dictatures pour la préservation de leurs intérêts vitaux. Aujourd'hui cette realpolitik n'a plus de raison d'être et l'Occident est dans l'obligation de soutenir les nouvelles démocraties arabes et non pas par de simples déclarations de bonnes intentions et de profession de foi, mais avec des actes forts et concrets. Il y va de leurs intérêts, de la justice et de la paix dans le monde.