Le Temps-Agences - Les dirigeants des puissances industrialisées vont devoir surmonter leurs divisions sur la question du réchauffement climatique et sur de nombreux dossiers internationaux lors du sommet du G8 qui se tient cette semaine en Allemagne. Les dirigeants de la Grande-Bretagne, du Canada, de l'Allemagne, de l'Italie, du Japon, des Etats-Unis, de la Russie et de la France se rencontreront au Kempinski Grand Hotel de Heiligendamm, sur les bords de la Baltique, à partir de demain. La chancelière allemande Angela Merkel, qui travaille depuis des mois sur l'événement, compte sur cette rencontre pour relancer la lutte contre le réchauffement climatique, mais les dernières initiatives de George Bush n'incitent pas à l'optimisme. La semaine passée, le président américain a dévoilé sa propre stratégie, qui exclut l'idée d'une limitation des émissions de gaz à effet de serre, soit l'architecture du Protocole de Kyoto soutenue par Angela Merkel et par d'autres pays européens. Merkel a martelé ce week-end que l'initiative de la lutte contre le réchauffement climatique devait revenir à l'Onu, écartant ainsi l'idée de projets nationaux ou régionaux. La chancelière allemande, qui sait d'ores et déjà que le combat sera âpre, prévient: "Nous bataillerons sur le réchauffement climatique jusqu'à la toute dernière minute", a-t-elle dit à l'hebdomadaire Der Spiegel. Au-delà des divisions sur les sujets environnementaux, la diplomatie devrait prendre une place primordiale dans le contenu des discussions du G8, et là encore, marquer des différences profondes. Les déclarations de Vladimir Poutine, qui menace de braquer des missiles vers l'Europe si les Etats-Unis persistent à vouloir installer à la porte de la Russie un bouclier antimissile, ont donné le ton du contenu des discussions à venir. Le statut du Kosovo constitue un autre motif de discorde très nette: quand les Occidentaux prônent pour la province séparatiste du sud de la Serbie une forme d'indépendance sous supervision européenne, Moscou soutient Belgrade qui s'oppose à la partition. "Sur de nombreux sujets, ils ne seront d'accord que sur leurs désaccords", reconnaît Charles Kupchan, un membre du Conseil des relations étrangères à New York. "Nous allons devoir les surmonter en évitant des confrontations brutales. Cette situation s'explique par le fait que les Européens ont compris qu'aucune évolution majeure n'interviendrait avant le départ du président Bush, qu'il s'agisse du réchauffement climatique ou de sa politique étrangère", a-t-il souligné. Ce sommet du G8 sera le dernier du Premier ministre britannique Tony Blair, et probablement du président Poutine, dont le second mandat s'achève au printemps 2008. Ce sera aussi les premiers pas du président français Nicolas Sarkozy et du Premier ministre japonais, Shinzo Abe. Ces réunions informelles entre pays industrialisés se tiennent depuis 1975, date à laquelle ce qui n'était alors que le G6 (le Canada l'a rejoint en 1976 et la Russie en 1998), s'était réuni à Rambouillet pour faire face aux chocs pétroliers et enterrer le système économique de fixation des taux de change issu des accords de Bretton Woods, conclus en 1944. La légitimité du "club", qui représente aujourd'hui les deux tiers ou presque de la croissance mondiale mais 12% seulement de la population de la planète, est contestée par des puissances émergentes et la société civile. C'est en partie pour cela que Merkel a convié à Heiligendamm les dirigeants du Brésil, de la Chine, de l'Inde, du Mexique et de l'Afrique du Sud.