Une lueur cependant : Adecco prend une courageuse initiative - A l'heure où les plus grandes sociétés du secteur du travail intérim soutiennent la thèse d'un cadre législatif clarifié accompagné d'une structuration du métier, le syndicat tunisien appelle à mettre fin à cette pratique. L'intérim est considéré comme une variable d'ajustement très utile au bon fonctionnement de toute entreprise. En effet, lorsqu'une société est dans le besoin immédiat de recruter, une autre ayant besoin d'une main d'œuvre supplémentaire à une saison déterminée, la société d'intérim est à même de répondre à cette demande. Et pourtant, sous nos cieux, il n'existe aucune législation spécifique qui régie ce type d'activité. Du coup, certaines entreprises du travail temporaire s'autorisent à commettre des abus à l'encontre des salariés, profitant ainsi du flou juridique. Ces abus sont notamment, le non versement des salaires et des charges sociales, et le renouvellement des contrats au-delà des quatre années autorisées. Cette situation équivoque a alerté, récemment, le syndicat UGTT et l'a amené à la remise en question de la pratique d'intérim tout en demandant de manière unilatérale, d'intégrer en CDI (Contrat à Durée Indéterminée) l'ensemble des intérimaires sous contrat. Un premier pas a été franchi dans le domaine du travail temporaire. C'était mercredi 23 février courant, la chambre syndicale des sociétés d'intérim au sein de l'UTICA (Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat). Cette nouvelle a été annoncée par Hédia Kchouk, gérante de l'entreprise Adecco Tunisie lors d'une conférence de presse donnée jeudi 24 février. Ce pas est fort salutaire et louable pour les sociétés d'intérim qui ont tenté, des années durant, de se fédérer en chambre syndicale. Jerrik Develle, directeur général d'Adecco Maghreb l'explique bien : « nous devons nous structurer pour montrer que notre métier n'est pas celui de sous-traitant, pour le gardiennage par exemple, et pour mettre en place un cadre de bonnes pratiques partagées. » A ce titre, Adecco Tunisie a établi des associations avec des confrères dans le but de diriger un ensemble d'actions afin d'organiser le métier. A défaut de volonté politique et de plusieurs blocages administratifs, les démarches engagées par les professionnels du métier n'on pu aboutir. Par ailleurs, la conjoncture économique et la nouvelle donne tunisienne imposent la réintégration rapide des demandeurs d'emploi dans le circuit du salariat. L'intérim touche environ 250 000 personnes en Tunisie et ce, dans des secteurs économiques divers aussi importants les uns que les autres ; il s'agit de l'industrie automobile, les services bancaires ou encore l'hôtellerie. « Une remise en cause de cette capacité à fluidifier la demande de main d'œuvre et l'obligation à avoir 100% du CDI pourraient, à terme, les faire fuir » déclare une professionnelle de l'intérim. Cette alerte est d'autant plus sérieuse que bon nombre d'entre les entreprises étrangères font appel à l'intérim dans un but de formation et de sélection des salariés qui peuvent devenir plus tard des contractuels. La pratique de l'intérim est donc indispensable au bon fonctionnement de l'économie tunisienne. Hédia Kchouk, directrice Adecco Tunisie : « Nous refusons de renouveler les contrats au-delà des quatre ans légaux. A ce moment là, nous demandons systématiquement à notre client d'intégrer le salarié dans ses effectifs. Dans le secteur des services, par exemple, le taux de transformation du CDI est assez important. Plus généralement, nous plaçons des personnes à la recherche d'un premier emploi. La diversité des missions que nous leur confions donne du poids à leur CV pour trouver un futur poste. Je note qu'aujourd'hui, les entreprises ouvrent de plus en plus difficilement leurs portes aux candidatures spontanées. En revanche, elles demeurent réceptives à leurs partenaires comme Adecco. Nous sommes donc très bien placés pour être un pont vers une meilleure insertion dans l'emploi. J'ajouterai que notre activité dans l'intérim est complétée par une offre sur le recrutement, ce qui augmente les chances des candidats en lien avec nous. » Fatma Chedly, assistance à la Banque Africaine de Développement : « J'ai commencé à être intérimaire en 2006 après avoir été diplômée d'une maîtrise en économie financière et bancaire. Adecco m'a trouvé une première mission dans une entreprise pétrolière, puis dans une société médicale. En 2008, j'ai intégré la Banque Africaine de Développement où j'ai travaillé via Adecco pendant deux ans. En octobre 2010, j'ai finalement signé un contrat à durée déterminée. Après mes études, j'ai fais le choix d'aller vers une société d'intérim sérieuse et reconnue qui respecte la législation. Cela m'a permis de diversifier mon parcours alors que le marché de l'emploi était très tendu. Je ne le regrette pas puisque, pour être intégrée à la BAD, il me fallait quatre ans d'expérience professionnelle. »