Les opérations d'évacuation de ressortissants étrangers fuyant les violences en Libye pourraient être suspendues faute de fonds, a averti hier l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Plusieurs milliers de personnes continuent d'arriver chaque jour en Tunisie et en Egypte, et l'OIM dépense trois millions de dollars (2,1 millions d'euros) par jour pour leur permettre de rentrer dans leur pays d'origine, a indiqué un porte-parole de l'organisation, Jean-Philippe Chauzy, lors d'un point presse. "Si nous ne recevons pas de façon urgente de nouveaux financements nous serons peut-être malheureusement obligés de suspendre ces programmes d'évacuations, ce qui aura des conséquences catastrophiques sur des gens qui seront extrêmement frustrés d'attendre encore plus longtemps", a-t-il ajouté. L'OIM n'a reçu pour l'instant que 27,2 millions de dollars sur les 49,2 millions demandés. "La situation à l'intérieur de la Libye est toujours extrêmement fluide" de sorte que des flux "importants" de population pourraient reprendre à tout moment, a averti Chauzy. Quelque 17.000 migrants, dont une majorité de Bangladais, étaient bloqués hier à la frontière tuniso-libyenne, au camp de Choucha, et 4.000 autres attendaient côté égyptien. Les avions qui les rapatrient ne comptent que 800 à 1.200 places disponibles par jour, selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR). Le nombre de personnes qui fuient la Libye est moindre qu'au début des violences, mais les agences humanitaires ne parviennent toujours pas à connaître les véritables raisons de ce phénomène. L'OIM et le HCR ont toutefois indiqué que certains migrants ayant fui vers la Tunisie continuent de parler d'une centaine de points de contrôle ("checkpoint") entre Tripoli et Ras Jdir, où des militaires ont bloqué "un petit nombre" de personnes. D'autres se sont vus confisquer leur téléphone, argent et autres effets personnels. "C'est quelque chose qui nous préoccupe, nous ne savons pas si les points de contrôle signifient que certains sont bloqués et font demi-tour", a dit une porte-parole du HCR, Melissa Flemin.
Entrée de 2776 nouveaux réfugiés Environ 2776 réfugiés de nationalités asiatique et africaine sont entrés, jeudi, dans le territoire tunisien, via les points de passage de Ras Jedir et Dhehiba, dont 884 libyens. Ces statistiques confirment, selon une source autorisée du ministère de la Défense nationale, la stabilité enregistrée au niveau du nombre des réfugiés en provenance de la Libye qui varie entre 2000 et 3000 par jour, contre 12 mille à 16 mille, au début de la crise qui secoue ce pays frère. Le nombre des réfugiés installés dans le camp de Choucha et dans celui relevant de l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés se situe autour de 15091 réfugiés dont 12421 Bengalis, sachant que le nombre total des réfugiés, depuis le déclenchement de la crise, a atteint jusqu'à vendredi 119485. La même source précise que l'aéroport Djerba-Zarzis a connu, jeudi, le rapatriement de 2860 réfugiés vers leur pays d'origine (dont plus de la moitié sont des Bengalis), assuré par 11 vols. Pour leur part, les 1614 autres réfugiés qui se trouvent à l'aéroport attendent d'être rapatriés.