Me Lotfi Tlili, avocat de la famille Bouazizi : «Une surprise pourrait se produire » Me Besma Mnasri, avocate de Fayda Hamdi : «Pourquoi ma cliente doit-elle payer les pots cassés ?» La gifle assénée à Mohamed Bouazizi, tout le monde connaît ! Aujourd'hui l'affaire refait surface mais non sans remous médiatiques. Car la Révolution tunisienne qui s'est produite quelques temps après a fait de Bouazizi non seulement un héros national mais l'étincelle ayant provoqué ce qu'on a appelé la « Révolution du jasmin » et « le printemps arabe ». Aujourd'hui, l'accusée est en prison et elle clame son innocence puisque selon elle il n'a jamais été question d'une claque. Elle affirme même qu'elle a été victime d'humiliation de la part de feu Bouazizi qui lui aurait manqué de respect. Chose qui n'a pas été jusque là démontrée par la défense. Aujourd'hui, et contrairement à ce qu'on a vu, lu ou entendu, le verdict de l'affaire Fayda (et non pas Fadia) Hamdi et Mohamed Bouazizi ne sera pas donné, mais ce sont plutôt les plaidoiries qui seront prononcées, à partir de 9h00 devant le tribunal de première instance de Sidi Bouzid. Pour en savoir plus, Le Temps a contacté les avocats des deux parties qui nous ont confié qu'une surprise pourrait advenir avant même que le verdict ne soit rendu. « Je n'ai rien contre Fayda Hamdi, d'ailleurs je connais sa famille et je n'ai aucun problème avec elles. Cela n'empêche il se peut qu'une surprise se produise dans cette affaire. Quant à moi, je fais mon travail d'avocat. J'ai été appelé par le frère de feu Mohamed Bouazizi pour prendre en charge cette affaire, chose qui n'a pas été aisée au début vu la conjoncture qui régnait dans le pays du temps de l'ancienne dictature. Cette affaire a beaucoup marqué le pas au début, mais les choses ont pris de l'ampleur après le 14 janvier. Il faut dire aussi que les médias français y sont pour beaucoup. Les médias tunisiens n'ont fait que suivre le mouvement. » nous dit Me Lotfi Tlili l'avocat de la partie civile. Selon l'avocate de l'agent municipal qui aurait souffleté Mohamed Bouazizi, lequel s'est immolé par le feu suite à ce geste, cette dernière a été incarcérée suite au procès verbal n°884 du 31 décembre 2010, à la prison des femmes de Gafsa. « Ma cliente n'a jamais été dans d'autres prisons comme sont allés à le dire certains médias. » confie son avocate Me Besma Mnasri. Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, l'accusée pourrait aujourd'hui, écoper de 5 ans de prison si elle était condamnée pour abus de pouvoir et de deux ans de prison pour diffamation. « Il est vrai que les gens ont observé des sit-in en solidarité avec l'accusée mais on ne va pas déboulonner un dictateur pour le remplacer par la dictature du peuple. L'indépendance de la magistrature est à l'ordre du jour du calendrier de la Révolution, il ne faut donc pas provoquer d'entorse à la justice au nom de la solidarité citoyenne. » confie Me Tlili. Me Mnasri donne un autre son de cloche « Il faut que la justice soit rendue et que ma cliente retrouve sa liberté car elle est innocente. Pourquoi doit-elle payer les pots cassés. Elle a observé une grève de la faim pendant des jours. Sa santé psychique et physique en a pâti, pour l'heure. » dit elle en insistant sur le fait qu'elle va plaider non coupable surtout qu'il y a même parmi les témoins un, arrivé de dernière minute, dont la présence n'est pas crédible… Mais ce n'est pas tout car des voix s'élèvent aussi condamnant l'arrestation de Fayda Hamdi dont le mandat de détention préventive est considéré illégal. D'autres voix dénoncent une société machiste qui condamne un geste de violence à l'égard d'un homme alors que si le contraire s'était produit personne n'aurait bougé le petit doigt pour le désapprouver.