La question de la Parité homme-femme en politique serait –elle un pas en avant ou un faux pas à éviter ? Elle est en tous les cas, à prendre avec des pincettes. Et c'est l'idée qui en ressort de l'exposé présenté par Hafidha Chquir au Centre de recherche, d'études, de documentation et d'information sur la femme (CREDIF). Mais que signifie la parité homme/ femme, telle qu'elle est proposée par l'Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la Révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique. A qui profite-t-elle? Il va sans dire que la Tunisienne est considérée la mieux nantie en matière de liberté, comparée à bien d'autres femmes dans le monde arabe qui ont encore à se battre contre des murs de misogynie. La Tunisienne est en effet, la plus instruite, la plus diplômée et la mieux appuyée par une législation. Qu'en est-il en matière de politique ? La Tunisienne a du mal à s'engager en matière de politique et cela ne date pas d'aujourd'hui.
La Tunisienne participe aux élections municipales de 1957
« La femme a été exclue de l'Assemblée nationale constituante de 1956. Mais le code du statut personnel était le premier texte révolutionnaire ayant tracé une lame de fond entre la situation de la femme de l'avant indépendance et de l'après indépendance. Ce code est venu avant même que la constitution ne soit élaborée. Chose qui a garanti les droits de la femme par des articles de lois » avance Hafidha Chquir qui met sa casquette d'enseignante à la Faculté des droits et des sciences juridiques de Tunis mais aussi d'une militante des droits de la femme et d'une opposante interdite des espaces publics du temps de Ben Ali. Un Benalisme courtisan ayant favorisé la langue de bois qui a gangréné les âmes et fait valoir des acquis et occulté les vrais problèmes. « La Révolution du 14 janvier a donné lieu à une autre révolution au niveau de la présence de la femme en politique. Sauf que la représentation des femmes à 50% dans les listes ne suffit pas. Il faut exiger que des femmes soient à la tête des listes pour assurer plus de visibilité de la femme dans les cercles politiques de l'après Assemblée constituante. » ajoute notre interlocutrice qui espère une présence plus efficiente de la femme dans les postes de décision. Remarquons dans la foulée que seulement deux ministres femmes ont été nommées dans le gouvernement transitoire et aucune femme n'a été appelée à occuper le poste de gouverneur. Et si aujourd'hui, on veut prendre à contre-pied l'article 16 de ce projet de loi qui donne à la moitié de la population la moitié des places dans les listes électorales de l'Assemblée constituante, des voix de femmes s'élèvent pour dissuader les décideurs de revoir à la baisse ce taux. Pour justifier ce choix Caïd Essebsi invoque le fait que toutes les régions ne seront pas aptes à respecter cette condition d'où le risque d'annulation de plusieurs listes. Il propose en contrepartie l'adoption du principe de la parité au taux de 30%. Sans oublier, que certains partis, sont en fait mieux préparés que d'autres pour s'engager dans la vie politique, à l'exemple d' « Ennahdha » qui a soutenu le principe de la parité !
«Oui, pour la Parité et l'égalité»
Et invraisemblablement, des femmes « Nahdhaoui » ont refusé de signer une pétition lors d'une rencontre à l'espace d'El Hamra, le 19 avril, appelant à préserver ce principe de la parité. Cette pétition signée par 1000 personnes, a été présentée avant-hier, 22 avril au cabinet du Premier ministre, à la Kasbah. Rappelons également qu'un sit-in de femmes s'est tenu la même journée par un « Collectif tunisien pour la parité et l'égalité » ayant brandi des slogans appelant à la Parité et l'égalité. La femme doit être protégée comme le dit si bien Hafidha Chquir par un cadre juridique qui préserve ses droits. « L'équité n'est pas le droit. Aujourd'hui la Tunisienne doit se battre pour élaborer un nouveau cadre juridique qui corrige les erreurs et les injustices du passé. La femme sera ainsi l'égale de l'homme et pourra investir de bon pied la scène politique.» dit-elle. La conférencière a évoqué ainsi la nécessaire question de levée des réserves sur la Convention sur l'élimination de toutes formes de violences à l'égard des femmes (CEDAW) qui serait une étape nécessaire de l'avant élaboration de notre constitution. « Personne ne sait qu'est-ce qui adviendra de notre future constitution. Nous devons œuvrer d'ici-là à préserver nos acquis. » conclut-elle. Aujourd'hui les cartes se brouillent. Le pire c'est le bon tour joué par certains partis pour prendre le devant de la scène politique. Et la question de la parité dans tout ça ? Elle est à prendre ou à laisser.