Le Temps-Agences - Le camp de réfugiés palestiniens de Nahr Al Bared, dans le nord du Liban, a été le théâtre hier de combats particulièrement violents entre l'armée libanaise et les islamistes du Fatah Al Islam. D'après des témoins, l'armée libanaise a pilonné plus particulièrement l'entrée nord du camp, à l'intérieur duquel des incendies se sont déclarés. Les activistes du Fatah Al Islam ont pour leur part tiré des roquettes en direction de positions de l'armée sur une colline voisine. "Ils bombardent au hasard les civils. Ma cousine est étendue morte devant moi et je ne peux pas la déplacer", s'est écrié un Palestinien dans le camp, interrogé par Reuters. "L'armée bombarde des civils, des enfants. Je n'ai pas quitté le camp car où puis-je aller (...) Vivre dans la rue? Nous ne laissons pas les activistes passer dans nos rues, nous avons bloqué les ruelles", a ajouté cet habitant du camp. De source militaire, on rapporte que les combats étaient plus violents qu'à l'accoutumée autour du camp, où le face-à-face entre l'armée libanaise et les extrémistes islamistes est entré dimanche dans sa quatrième semaine. "Il y a eu des combats intenses et l'armée est parvenue à s'approcher des positions des activistes et les a contraints à prendre la fuite", a-t-on déclaré de même source. Au moins 136 personnes, dont 60 militaires, ont péri dans ces affrontements, les pires au Liban dans un conflit interne depuis la guerre civile de 1975-1990. Onze militaires ont été tués et plus d'une centaine ont été blessés au cours du seul week-end. Les combats se concentrent à la périphérie de Nahr Al Bared, l'armée libanaise n'étant pas autorisée à pénétrer dans les camps de réfugiés palestiniens depuis un accord conclu en 1969. Nahr Al Bared abritait environ 40.000 réfugiés avant le début des combats le 20 mai. Plusieurs milliers d'entre eux ont fui et les organisations humanitaires peinent à évacuer les habitants pris au piège des affrontements. Deux bénévoles de la Croix-Rouge libanaise tués lundi devaient être enterrés dans la journée. Ces combats ont accru l'instabilité au Liban, déjà paralysé depuis novembre par une crise politique entre la majorité parlementaire et l'opposition jugée proche de la Syrie. Des affrontements sont survenus la semaine dernière dans le plus grand camp de réfugiés palestiniens, Aïn al Hiloueh, et des attentats à la bombe ont été commis à Beyrouth et dans sa périphérie depuis le 20 mai.