Démarrage en force de la 10ème édition du Printemps de la Danse ou encore les Rencontres Chorégraphiques de Carthage qui ont cette année une saveur toute particulière en raison du vent de liberté apporté par la Révolution. C'est avec un spectacle tout en finesse et en émotion « Circle Moods » présenté au Quatrième Art que le public féru de la danse, a inauguré la session placée, cette année, sous le thème de Tunis, capitale de la danse. « Circle Moods » comme son titre l'indique si bien, interroge l'enfermement sous toutes ses formes. D'abord, et ce n'est pas un hasard, la solitude qui emprisonne l'homme un peu parfois malgré lui mais aussi les limites de cette solitude destructrice. La censure qui s'impose souvent à l'homme et dont il a de grandes difficultés à s'en défaire. Il y a aussi la lutte pour gagner sa liberté et sortir du cercle de la solitude. La pièce retrace le destin de l'homme face à lui-même, face à ses sensations et face à ses limites. C'est une quête absolue où le personnage se trouve isolé sur une scène face à un public qui scrute ses gestes et ses mouvements à la recherche d'un moment où enfin le danseur soulève un à un, les voiles qui aveuglent le personnage qu'il interprète, révèle son identité pour mieux se rapprocher de lui et découvrir sa face cachée. La gestuelle exprime avec douceur les battements intérieurs du corps et évolue progressivement vers le soulagement. Les pas se font parfois furtifs et d'autres fois la main prend appui sur le sol pour soulever le corps. Ce corps aussi lourd qu'il soit devient léger, aérien tant la maîtrise du geste est juste. Les trois danseurs ayant conçu cette pièce : Chloé Hernandez, Orin Camus et Amala Dianor venus d'horizons culturels différents, excellent dans la danse contemporaine. Issus du collectif « C dans C », les danseurs ont tenté de se servir de plusieurs approches tout en s'ouvrant sur d'autres arts et réalisé, de ce fait, une sorte de mosaïque où les interférences entre les arts constituent la richesse de cette pièce et renforcent l'identité de la pratique chorégraphique en un moyen d'expression spécifique. Le public, qui a assisté au spectacle, a été ravi du haut niveau de la prestation et du degré d'énergie des protagonistes qui ont déjà à leur actif quatre spectacles : « Tranche de Vie » (duo, 2005), « [email protected]êves « (jeune public, 2006), « Engin Ar » (collaboration franco-turque avec Çiplak Ayaklar Kumpanyasi, 2008), « List'IC » (duo, 2009). Solo pour un danseur pris au piège d'une scène limitée en un cercle duquel il doit achever son itinéraire sans se défaire de son calme pour vaincre l'enfermement qui menace l'homme notamment occidental retranché dans sa sphère, indifférent aux bruits du monde extérieur. Il y a là un brin de mysticisme qui traverse cette pièce d'une rigueur à couper le souffle.