Les résultats d'un sondage récemment publiés sur les colonnes de notre journal (Cf. le Temps du 5 mai courant) mettent la lumière sur un fait politique évident en Tunisie, celui de l'indécision de la majorité des Tunisiens par rapport au rendez-vous électoral du 24 juillet prochain. Le taux des indécis est révélateur et dépasse les 80%. Outre ce résultat, plus de 70% des personnes interrogées, ne se reconnaissent pas dans les « leaders politiques » de l'après-révolution et, pour confirmer la tendance, plus de 30% ne se considèrent pas concernés par les élections de la Constituante (ce taux dépasse les 40% dans le Grand Tunis). Ainsi, un fossé sépare politiques et citoyens, chose qui est paradoxalement des plus normales. Le Tunisien vient de sortir de 23 ans de « désert politique » et se trouve face à un « déluge » de faits politiques et de débats contradictoires. L'éclosion de la scène politique a donné, en un laps de temps record un nombre « astronomique » de partis, qui a dépassé la soixantaine. Dans ces conditions, « faire le tri » et choisir en toute connaissance de cause n'est pas tâche aisée. Le constat devient beaucoup plus alarmant avec des programmes politiques qui se ressemblent dans une large mesure et ajoutent à la confusion. Peut-on dans ces conditions, parler d'élections véritablement représentatives après le 24 juillet. La réponse ne saurait être affirmative. Car, même sur les plans législatif et logistique, les choses sont loin d'être claires. Le débat sur le « fameux » article 15 de la loi électorale n'est pas encore clos et la détermination des listes des non-éligibles va faire encore couler beaucoup d'encre et donner lieu à des querelles politico-judiciaires de tout genre. L'observation et le contrôle de ces élections ne sont pas non plus un dossier facile à gérer. Il serait indiqué dans un contexte de turbulences politiques, de difficultés économiques et de remous sécuritaires, de donner aux partis plus de temps pour mieux s'organiser et expliquer davantage leurs programmes respectifs et aux électeurs de gagner en visibilité et se décider par rapport aux uns et aux autres avec plus de lucidité. Ça sera dans l'intérêt du processus électoral et de la transition politique en Tunisie.