Dans trois semaines exactement, on saura qui sera le 44ème Président des Etats-Unis. Nonobstant les sondages qui donnent le démocrate Barak Obama largement vainqueur, il serait peut-être naïf de croire si vite à une victoire si proche et si certaine. La réponse semble évidente: Obama ne ressemble à aucun des 43 présidents qui ont dirigé le pays. Clairement, il n'est pas blanc. Il est regrettable de constater que la campagne électorale se déroule dans un contexte racial qu'on croyait révolu. Et quand on écoute le candidat républicain McCain promettre de fouetter "le savez-vous quoi" d'Obama on est de plus en plus convaincu que la campagne a une résonance particulière. Le fouet reste aux Etats-Unis le symbole de l'esclavage. Et dire que la suprématie raciale a été supprimée en 1954 par la Cour Suprême des Etats-Unis. Ce soir, lors du 3ème et dernier débat télévisé, McCain saura certainement rectifier le tir pour minimiser ce dérapage. Et puis, il y a le Troopergate , cette affaire d'abus de pouvoir de Sarah Palin qui risque de faire mal à McCain. Tout cela fait partie du jeu américain. Puritains à l'extrême, les Américains sont finalement spécialistes du scandale en tout genre, peut-être la rançon d'un libéralisme en folie. Cela dit, il ne s'agit pas d'établir un pronostic ni de porter un jugement sur tel ou tel candidat. Le monde suit avec un intérêt évident cette campagne non parce qu'elle suscite de l'admiration, mais parce qu'elle a une incidence sur l'avenir du monde. L'Amérique, c'est le monde libre, c'est le faiseur de paix, c'est le gendarme du monde, bref tout passe obligatoirement par le bureau ovale de la Maison Blanche. Après ce 3ème duel, on aura toujours la curiosité et surtout la tentation de se poser la question de savoir lequel a paru plus présidentiable, lequel pourra mieux convaincre les indécis , les indifférents ceux qui ne croient plus au rêve américain. Même si l'écart est énorme dans les sondages, jamais l'indécision n'a été autant à son comble. Cette élection, contrairement aux précédentes, n'oppose pas deux partis au sens classique du terme, elle se jouera sur la personnalité des candidats. Cette élection n'est pas le combat du conservatisme contre le libéralisme ou de la droite contre la gauche, elle oppose deux Amériques, celle d'un semblant de continuité rappelée par le vétéran du Vietnam McCain et celle du changement savamment incarné par le jeune Obama qui paraît avoir séduit presque toutes les composantes de l'électorat américain, notamment les jeunes. Ce soir, ce sera un véritable show qui permettra peut-être un vote à la tête du client le jour du verdict. Tout le problème est de savoir, si la majorité des Américains voteront pour celui qui leur ressemble, c'est-à-dire McCain ou bien celui qui les transcende c'est-à-dire Obama. Bien des électeurs sondés peuvent dans l'isoloir se révéler autres qu'ils ne l'étaient dans les meetings et les sondages. Etant donné le degré particulièrement inconvenant que cette compétition politique a atteint, les gants vont peut être sortir ce soir. Reste à savoir si ce sont des gants de boxe ou de flanelle. Ce qui est certain, c'est que l'héritage du Président sortant n'est pas un trophée que les deux candidats désirent se disputer. La réussite sera à celui qui incarnera le mieux la rupture, et le couronnement sera l'apanage et le privilège de celui qui aura le plus d'impact sur un électorat avide de vérité, de stabilité et surtout de paix, d'autant que le reste du monde espère de toutes ses forces, à l'instar des citoyens américains, un changement porteur d'espoir et bénéfique pour la planète.