Un personnage phare, Béji Caïd Essebsi était avant-hier sur la toile. Au moment de son interview, une inactivité et un silence régnaient sur le web… Mais à peine quelques minutes après, ses réponses étaient postées une à une. A la fin de l'interview, un monde fou se connecta. Les commentaires oscillaient entre ironiques et soutien au Premier ministre n'ont pas manqué. Deux camps se sont tout de suite formés : les sceptiques exprimant leur appréhension s'alliant aux mécontents et ceux qui ont toujours fait confiance au le Premier ministre, s'y ajoutant ceux qui ont été rassurés par ses propos. Outre les commentaires, des notes ont été partagées et on s'employa entre internautes à se convaincre mutuellement du bien fondé ou alors de l'insensé dans les propos de Béji Caïd Essebsi. Certains ont appelé au retour au calme, d'autres ont insisté sur la nécessité de continuer « la révolution » et ce, dans les rues…
Incompréhension
Les mécontents ont soulevé plusieurs points, dont la visite de M. Rachid Ammar au Qatar, dont l'objet selon le Premier ministre est une collaboration économique. Depuis quand des militaires s'en chargent de cette forme de coopération, s'est-on interrogé, et cette déclaration a presque été perçue comme une « atteinte » à l'intelligence des Tunisiens. La raison pour laquelle a été limogé M. Rajhi, à savoir avoir la nomination d'un directeur de la sécurité nationale appartenant au « clan Ben Ali » a également été soulevée avec une note d'ironie. Face à ce limogeage, le Premier ministre nomme alors à son tour un ministre de l'Intérieur de l'ère de Ben Ali. Les remerciements aux PDP et Attajdid ont été mal perçus et l'allusion au financement d'Ennahdha déplacée pour les internautes. Etant donné que Kamel Letaif ait reconnu lui-même « pratiquer la politique et servir son pays sans avoir un titre officiel », le fait que Béji Caïd Essebsi nie qu'il existe des personnes se mêlant de la politique alors qu'elles ne sont pas du gouvernement a aussi nui à sa crédibilité. Une contradiction a également été soulevée : il n'existe point de snipers, et tous ceux qui ont tiré sont en prison. D'autres critiques ont été adressées au Premier ministre : le manque de clarté quant aux accusations faites par Béi Caïd Essebsi à l'encontre de quelques journalistes et partis, utiliser et la tenue du même discours que celui de l'ancien président et l'assimilation des protestataires à des casseurs cagoulés. Les internautes ont été surpris quant à la déclaration se rapportant aux salaires du mois prochain. Cela a été perçu comme une menace voilée et comme une façon de faire peur aux citoyens en s'appuyant sur le volet économique. Les journalistes ayant participé au débat n'ont pas été épargnés non plus. On leur reproche leur passivité, leur manque de pertinence et à un certain moment, leur tentative de nuire à un parti précis…
La majorité silencieuse exprime son soutien
L'autre camp s'appuie sur ce que le gouvernement a promis de réaliser, à savoir 60000 emplois dans les régions de l'intérieur. L'essentiel à retenir pour les inconditionnels de Béji Caïd Essebsi, qui se réclament de « La majorité silencieuse » est que la Tunisie soit invitée par exemple au G8, ce qui est une première pour notre pays. Ils relèvent l'effort fourni par le gouvernement pour récupérer l'argent de l'ancien président à l'étranger et la déclaration du Premier ministre du respect de la date du 24 juillet. On lui a également rendu hommage puisqu'il semble honnête et appliqué dans sa volonté de mener la Tunisie à bon terme et également dépourvu de toute ambition politique personnelle. Les vrais coupables pour cette majorité silencieuse sont Farhat Rajhi, le COPT et Ennahdha. Quant à la répression policière lors des dernières manifestations, on la justifie par la provocation de la part des protestataires… Hajer AROUDI