Les expériences des transitions post-révolutionnaires dans le monde ont connu des scénarios divers. Certains de ceux-ci ont réussi à donner des modèles démocratiques là où d'autres ont échoué et fini par la reconduction de la dictature, quoique sous d'autres formes. Dans ce cadre, la Tunisie a opté pour un modèle de transition devant aboutir à l'élection d'une Constituante, mais il s'agit d'un système dont la mise en œuvre et la durée sont compliquées et la réalisation semée d'embûches. Comparativement, l'Egypte a choisi le chemin le moins long en procédant à une révision de la Constitution et à l'organisation prochaine d'élections présidentielle et législatives. Or, en Tunisie, on devra d'abord « balayer » l'héritage constitutionnel du régime déchu et instaurer une nouvelle République. D'ailleurs, c'est la Constituante qui choisira, à partir du 24 juillet (si cette date est maintenue) la nature du prochain régime politique (parlementaire, présidentiel…). Donc, rien n'est encore décidé, loin s'en faut. On est appelé à « s'armer de patience » jusqu'à l'aboutissement du processus transitoire qui reste conditionné par plusieurs inconnues et notamment la composition politique de la Constituante qui sera déterminante pour la suite du processus de transition. Le poids des partis et la nature des futures alliances entre groupes politiques sont encore flous pour l'opinion publique et même pour la classe politique, elle-même. S'il y a, aujourd'hui, des « grands » et des « petits » partis, leur audience est difficile à déterminer, car ils sont, dans leur majorité, de création récente. Quant au mode de scrutin choisi pour le 24 juillet, il ne permet pas, d'ores et déjà, de voir clair quant à la représentativité des uns et des autres. Donc, la Tunisie se dirige vers une période où le consensus entre partis est la règle. Or, le consensus est par définition une solution « à minima ». Il faut donc composer avec les tractations entre partis, ce qui pourrait tenir tout le pays en haleine. Dans un tel scénario, ce sont la sécurité et l'économie qui pourraient en pâtir dans un contexte politique peu stable. Certes, l'opinion publique a réclamé, haut et fort, à travers Kasbah II, l'élection d'une Assemblée constituante, créant ainsi, un « fait politique » (dixit Béji Caïd Essebsi), mais c'était un choix, si démocratique soit-il, qui n'est pas garanti quant à son issue.