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Solidarité certes, mais gros bisiness certainement….
Réfugiés libyens en Tunisie :
Publié dans Le Temps le 15 - 05 - 2011

Un commerce parallèle s'installe : ovins, or, ciment, carburants, tout se vend et s'achète même au troc !
Dès le début des soulèvements des grandes agglomérations du sud-est libyen contre le régime Kadhafi, la frontière tunisienne a vu un flot massif, des dizaines de milliers de réfugiés de toutes origines, affluer vers les postes de Ras Jedir et de Dhiba.
On sait avec quel dévouement, disponibilité, organisation, vigilance, l'armée tunisienne, les ONG nationales ou étrangères, le Croissant et la Croix Rouges, la population locale, l'administration régionale, les bénévoles, ont géré tout cela, ont su héberger, nourrir, soigner tout ce monde, aidés par un élan de solidarité nationale peu commun, reconnu et apprécié de tous.
Mais depuis, ce sont à très grande majorité des nationaux libyens qui se présentent à ces points de passage pour se mettre à l'abri, en attendant de voir l'issue de la révolte. Les premiers arrivés étaient organisés, prêts au départ presque, souvent des familles élargies: voiture de qualité, femmes, enfants, valises. Ni ballots, ni matelas sur le dos. Ceux-là sont vite remontés vers Djerba, Sfax et Tunis.
Or, depuis quelque temps, les combats se rapprochent de la frontière, combats de plus en plus violents pour le contrôle de la route de Nalout, Ghadamès et toute la partie occidentale de la Libye. Mais c'est surtout le contrôle des points de passage de la frontière, côté libyen qui est en jeu. Ce sont des points stratégiques, vitaux pour assurer l'approvisionnement et le ravitaillement des combattants, d'un bord ou de l'autre. Mais c'est aussi pour contrôler le flot de réfugiés qui quittent le pays!!! Tout le monde a remarqué que chaque fois que l'armée libyenne prend possession de l'endroit, plus personne ne passe, alors que lorsque le poste est sous domination des rebelles, ils laissent passer les réfugiés. Ceux qui arrivent maintenant sont plutôt des gens humbles.
Vigilance de mise
Les responsables tunisiens, qui gèrent tout cela, reçoivent tous ces fuyards avec le même respect, sans privilégier telle tendance. Les blessés sont soignés avec le même dévouement. Mais pour éviter des « contacts » qui risquent de dégénérer, deux camps ont été érigés, et discrètement, selon « l'appartenance », on dirige les arrivants vers l'un ou l'autre.
Les attaques de l'OTAN contre les résidences de Kadhafi, la mort de l'un de ses fils et de 3 de ses petits-fils ont provoqué des scènes de liesse à Benghazi, à Tobrouk et dans les villes "rebelles", mais aussi la mise à sac des ambassades anglaise et italienne à Tripoli. Ce bombardement ciblé est un nouveau palier… Joie des uns, ressentiment des autres, risquent de trouver écho en Tunisie, et d'entraîner des tensions ou des affrontements même.
Quelques signes avant-coureurs : il y a une quinzaine de jours, un groupe d'une centaine de personnes, pratiquement tous de nationalité libyenne, a parcouru les grandes artères de Houmt-Souk, banderoles, drapeaux des rebelles en tête, scandé quelques slogans et mots d'ordre hostiles à Kadhafi et à son régime. Quelques jours plus tard, dans une station service de l'autoroute Sfax-Sousse, même scène de liesse, juste deux ou trois voitures arborant le drapeau rebelle. D'ailleurs, mardi après-midi, on aurait arrêté des citoyens libyens « loyalistes », en voiture, avec de grosses sommes d'argent. Il semblerait qu'ils voulaient soudoyer quelques voyous pour créer du désordre devant l'ambassade, avenue Mohamed V, passée du côté rebelle, et provoquer des incidents. Nous y voilà !... Le risque d'importer le clash voisin augmente chaque jour. D'autant plus que, selon les journaux, on a mis la main du côté de Tataouine sur un duo de Libyens en possession d'une grenade de combat. D'ailleurs les ministères de la Défense et celui de l'Intérieur ont demandé aux Tunisiens d'être vigilants et de déclarer toute personne hébergée. Les voitures au passage de la frontière sont fouillées un peu plus méticuleusement et des contrôles sont organisés dans les villes.
De l'or et des ovins
Il faut dire que les villes du sud, Ben Gardane, Tataouine, Zarzis et Houmt-Souk, vivent le conflit inter libyen de façon très particulière. Quelques familles ayant des rapports de parenté, des relations d'amitié ou d'affaires, hébergent gratuitement des familles libyennes. En même temps, beaucoup de citoyens tunisiens de ces régions font des affaires particulièrement juteuses avec les réfugiés, les uns et les autres, sans distinction de bord. Les plus nantis, organisés et ayant préparé leur départ, louent des villas cossues parfois, et s'installent dans la durée, en attendant de voir venir.
En plus des locations des « maisons », en réalité, souvent des parties isolées de l'ensemble, logent à la va vite. Une ou deux chambres, des sortes de studios meublés sommairement, où on échange de tout, où on revient au troc. Peu, vraiment très peu, de personnes font confiance à la monnaie officielle libyenne. Les affaires se font produit contre produit, et cela arrange tout le monde. Ainsi, le ciment tunisien exporté, ainsi que le fer rond et les briques, reviennent en force en Tunisie, vu les prix actuels qui ont cours ces jours ci et l'arrêt total des constructions chez les voisins. Des écrans plasma, de la bureautique, des PC, et de l'électroménager, tout cela est échangé contre du sucre, des pâtes, des conserves de tomates, de l'huile, de la farine essentiellement. Et même du carburant ! Et bien sûr quel que soit le « partenaire » du moment, les affaires sont les affaires ! Solidarité n'empêche pas le bizness, surtout par les temps de vaches maigres. Tout est bon à prendre. Sans états d'âme.
A Djerba et Zarzis, en plus des locations à des prix assez élevés, d'autres affaires se font en catimini. Vu l'envol du prix de l'or, qui a atteint des prix record de 1500 dollars l'once (28 grs), beaucoup de réfugiés libyens sont venus avec des petits trésors. Ils en vivent, vu le peu de valeur de la livre dont personne n'en veut. Ainsi le gramme d'or de 18 carats est couramment vendu à 44 dinars le gramme, au prix de la casse, alors que son prix réel tourne autour de 80 dinars. Bizness avant tout….
Plus discrètement encore, dans les environs de Ben Gardane et Tataouine, un autre marché voit le jour : des troupeaux entiers, 500 à 600 têtes de moutons, traversent quotidiennement la frontière, à des points connus par les habitués de la contrebande, menés par leurs bergers ou leurs propriétaires, du moins supposés tels. Ils sont achetés de ce côté à un prix défiant toute concurrence : entre 60 et 70 dinars le mouton, 80 la brebis pleine ! Chevreaux et chèvres valent 30 et 40 dinars. Pas de vente au détail, à la pièce. Cela laisse le champ libre aux épais portefeuilles. Des commandes sont faites à l'avance, avec versements d'arrhes. Ici « on travaille encore dans la confiance ». Parole donnée vaut contrat. Imaginez un peu les profits faits par des investisseurs locaux ou associés à des grossistes en boucherie, et autres courtiers et intermédiaires. D'autant plus qu'un mouton venant de Lybie n'a aucune marque distinctive et ne peut être détecté par aucun service de douane. « Il n'a pas d'accent » ironisent certains rabatteurs…Impossible de voir les bêtes, aucun enclos, aucun marché, aucun espace réservé connu, aucune taxe, aucun contrôle sanitaire. Les choses se passent dans la discrétion la plus totale. La loi du silence, celle de Cosa Nostra. Les bêtes sont embarquées directement dans les camions et en route pour les abattoirs des grandes villes. Ni vu ni connu.
On lorgne maintenant vers d'autres horizons encore plus lucratifs : aller chercher les troupeaux de dromadaires même. On voit bien que solidarité rime bien avec bizness……
Fatah THABET

Libyens séjournent à Djerba
Djerba, à l'instar de beaucoup d'autres villes du pays, continue à abriter et à accueillir nos frères libyens en séjour forcé parmi nous. Des centaines de familles, soit presque 4000 personnes séjournent dans l'île, logeant dans des maisons mises à leur disposition, ou partageant le même toit avec des familles locales, un peu partout à travers toute l'île. Des centres de stockage et de distribution de denrées alimentaires et de produits de tous genres sont aménagés pour pourvoir continûment d'aides de première nécessité toutes les familles souvent démunies, ayant quitté leur pays presque à la sauvette, ne parvenant à emporter que ce qu'ils avaient sur la peau. De même, une assistance médicale leur est assurée par un groupe de médecins constituant une commission chargée de gérer, cas par cas, selon les besoins, en coordination avec les médecins de spécialités et les centres hospitaliers. En dépit des promesses tenues par certains responsables d'organismes humanitaires internationaux, ayant visité à la demande l'île pour s'enquérir de la situation, aucune aide, jusqu'à ce jour, n'a été concrètement apportée.

Le malheur des uns…
Les commerçants spécialisés dans la vente des vélos, des vélomoteurs et des scooters ne peuvent espérer meilleure aubaine : leur commerce n'a jamais été aussi florissant et leur chiffre d'affaires aussi faramineux, au vu de la demande accrue et de la flambée vertigineuse des prix de vente. Des commerçants libyens se ruent quotidiennement sur ce genre de commerce pour rafler toute la marchandise disponible de vélos et autres, très en vogue ces derniers jours dans les villes libyennes de la région ouest, soumises à une pénurie aiguë de carburant. En effet, ces moyens de transport, très peu en usage en temps ordinaire en territoire libyen, deviennent du coup vivement sollicités pour supplanter l'automobile, dans ces circonstances exceptionnelles de rareté et de pénurie chronique du carburant ; l'approvisionnement en essence ou en gasoil n'est plus une chose aisée, des témoins parlent de plusieurs jours d'attente pour se voir livrer quelques litres, sinon les plus fortunés doivent recourir au marché noir et consentir de payer sept à huit fois le prix public en vigueur de 250 millimes.


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