Le poste frontière de Dhiba vit depuis une dizaine de jours au rythme du flux incessant de nos frères libyens fuyant en détresse leur pays soumis à la merci d'une horde de barbares agissant à la solde d'un colonel discrédité auprès de son peuple. Des centaines de familles, issues pour la plupart de Jbel Nefoussa, franchissent les frontières, après avoir quitté en hâte leurs foyers emportant le strict nécessaire. Elles empruntent le plus souvent des sentiers battus, évitant les parcours classiques pour ne pas être pris pour cibles par les troupes loyalistes. Presque 15 mille personnes ont franchi les frontières depuis que certaines villes de la région, comme Nalout, Jadou, Zenten, Yefren, etc… sont soumises à la vindicte aveugle et meurtrière de Kadhafi qui, après avoir perdu le contrôle de la partie orientale du pays, s'entête à avoir la main mise sur la partie occidentale, avec Jbel Nefoussa en point de mire, dont les habitants, à vrai dire, n'ont jamais caché leur inimitié à son égard. Les jeunes garçons et les pères de familles accompagnent leurs familles pour les confier entre de bonnes mains à leurs frères et sœurs à Dhiba, à Remada, ou à Tataouine, et sans trop tarder, ils prennent le chemin du retour pour pouvoir garder jalousement leurs villes et repousser les assauts meurtriers des troupes de Kadhafi. Le gouvernorat de Tataouine, avec ses villes et ses villages, ses habitants, ses scouts, sa société civile, s'est mobilisé pour être à la hauteur de l'accueil hospitalier qu'on se doit de réserver à nos frères libyens en difficulté. Un élan de solidarité des grands jours, digne d'un peuple tunisien qui n'a plus à démontrer son sens du don, de la générosité et de l'altruisme. Des campements ont été installés dans la région, à Dhiba où sont hébergées 1100 personnes, à Remada d'une capacité de 900 âmes ; le complexe des jeunes de la Cité du Festival de Tataouine a consacré tous ses espaces pour abriter aussi presque 150 Libyens constitués de familles auxquelles, outre le gîte et la nourriture, un programme d'animation et d'éducation est organisé, en particulier au profit des enfants en rupture forcé avec l'école. La majorité écrasante restante est prise en charge par des familles, à Tataouine en particulier, mais à Dhiba et à Remada, à Smar, à Rogba, à Maztouria où fut inhumé dimanche dernier le corps du martyre décédé en terre tunisienne après avoir été blessé et pourchassé par les troupes loyalistes,… Appel à l'aide Nos frères lybiens continuent à affluer en nombre croissant fuyant à raison l'enfer des assauts et la menace d'une extermination en masse, d'où la crainte des habitants et des volontaires agissant de ne plus être en mesure de juguler ce flux. Le Croissant Rouge turc, déjà en place et l'Organisation Mondiale de l'Emigration sont à pied d'œuvre pour mettre en place deux autres campements. Des caravanes de solidarité chargées de denrées alimentaires et d'autres besoins de première nécessité sont incessamment organisées en partance de plusieurs régions limitrophes. Les nouvelles du flux au niveau du poste frontière de Dhiba, illustrées par les images diffusées dans les écrans ont suffi pour inciter la population locale et la société civile à Djerba à passer à l'action et à déclencher, comme ce fut le cas face au déferlement des premiers milliers de réfugiés Egyptiens et d'autres à Ras Jedir, une vaste mobilisation mettant en œuvre un programme d'intervention et de soutien aux familles libyennes parvenant à Djerba tant par Ras Jedir que par Dhiba. Une commission de volontaires représentant les différentes régions de l'île a été constituée pour gérer la situation et harmoniser les efforts et l'action de bonne volonté des habitants, en collaboration avec quelques amis libyens arrivés en détresse par mer depuis vendredi dernier et désireux de se rendre utiles en contribuant à la répartition des familles. Des dizaines de maisons sont généreusement mises à la disposition de la commission à travers tout le territoire de l'île pour être exploitées à bon escient. Beaucoup de familles ont ouvert leurs portes pour accueillir à bras ouverts des familles libyennes. Au sud-ouest de l'île, à Adjim, à Guellala, à Sédouikech, à Ouersighen, etc…, dont les habitants sont dans leur majorité d'origine berbère, dérivant presque toutes du même Jbel Nefoussa dont sont originaires la plupart des familles passant par Dhiba, une entente amicale et symbiotique est établie, motivée par plusieurs facteurs en commun, dont la langue amazigh entre autres. De même, une commission médicale, présidée par Dr Faouzi Gouja, a été constituée pour répondre aux besoins en matière d'assistance médicale, d'autant que quelques blessés, acheminés depuis samedi à l'hôpital de Houmt-Souk où ils ont subi des interventions chirurgicales, sont sur le point de le quitter, d'où le besoin d'une prise en charge médicale. Qu'en est-il de Ras Jedir ? A ce même moment où le poste frontalier de Dhiba est le théâtre d'une fuite en masse de nos frères lybiens, à 200 kms plus loin, la situation au niveau du poste de Ras Jedir demeure inchangée, deux mois après le déclenchement de la crise en Lybie et de l'exode qui s'en est suivi. Des centaines de réfugiés continuent à franchir quotidiennement les frontières, entre Egyptiens, Somaliens, Soudanais, etc…, pour être accueillis dans les camps de réfugiés installés à Choucha, à 6 kms de Ras Jedir. Presque 11 mille réfugiés répartis sur les différents camps attendent d'être rapatriés à partir de l'aéroport international de Djerba-Zarzis, qui a enregistré une baisse remarquable dans le nombre et la fréquence des dessertes aériennes ne dépassant pas maintenant le nombre de trois ou quatre par jour, contre les dizaines de vols assurés aux premiers moments de la crise.