Deux points ont retenu mon attention, ils sont d'ailleurs liés : -Je suis stupéfait, voire choqué de lire que deux ministres en l'occurrence le ministre de l'industrie et de la technologie ainsi que celui qui est délégué auprès du premier ministre (ou bien l'un des deux, peu importe) présentent un projet de décret-loi visant l'accord de prêt pour le financement des acquisitions immobilières au profit des représentations diplomatiques à l'étranger. Vu la situation actuelle du pays et l'urgence de traiter en priorité des dossiers brûlants en particulier sur le territoire national, je trouve malencontreux et inopportun ce genre de gestion des affaires. Dans un contexte où l'état des finances publiques est alarmant (selon les dires du premier ministre, il se pourrait que l'Etat ne sera plus en mesure d'honorer les salaires et les traitements le mois prochain), l'entrée de la devise en berne et les services des dettes intérieures et extérieures risquent de s'accroître selon un rythme exponentiel, comment un ministre (ils se sont peut être mis à deux !) ose-t-il présenter un tel projet ? De surcroît il appartient au ministre de tutelle (des affaires étrangères) de se charger de ce genre de dossier. La logique veut qu'un gouvernement provisoire n'engage des dépenses et des crédits pouvant affecter le budget dans l'avenir qu'à minima. En effet, en l'absence de représentation parlementaire dont la prérogative par excellence est le vote du budget, ce genre de procédure est à la limite illégal ; d'autant plus que lorsque le gouvernement légitime accédera aux affaires risque d'hériter d'une situation qui l'accablerait et réduirait ses marges de manœuvre. Sur le fond, cette démarche est plus que discutable pour ne pas utiliser un autre mot ! Il fallait d'abord faire l'inventaire des biens de l'Etat tunisien à l'étranger avant de cerner les besoins et d'envisager en conséquence de faire des acquisitions, or à l'état actuel des choses, on ne peut se faire une idée précise tant que certaines représentations risquent de disparaître par exemple l'ATCE qui dispose de plusieurs locaux et biens(recensés ou pas) ou sans attendre le dénouement des procédures judiciaires en cours dans plusieurs pays pour récupérer des fonds de tout genre (hôtels particuliers, résidences, siéges divers, fonds sur des comptes…). Bref, en tant que citoyen j'aimerais bien être informé davantage sur l'urgence d'acquérir des biens pour nos représentations diplomatiques à l'étranger dans ce contexte. -le second point est relatif à l'attachement du gouvernement à ce que les élections se déroulent dans les délais impartis : le 24 juillet. Or le mot du report a été lâché. Ce sera un cataclysme de reporter cette échéance et on entrera de plein pied dans l'inconnu. On a cru que certains « complotistes » étaient derrière cette idée, on s'aperçoit que le rythme auquel (à reculons) se font les préparatifs n'augure pas du respect de la date fatidique. Peut être que certains ont pris goût au confort du pouvoir et souhaitent passer l'été au frais et aux frais de la princesse. Les tentations sont grandes et le pêché de la luxure en est un. Les citoyens concèdent des sacrifices énormes et attachent un grand espoir pour voir le bout du tunnel et entrevoir les lumières. Il ne faut pas les trahir. L'Histoire n'a pas pardonné à Ben Ali, il faut retenir la leçon. Le gouvernement a passé un contrat moral et écrit avec le peuple de ne pas se présenter aux élections, il en découle naturellement que ces mêmes membres ainsi que tous les membres des différentes commissions (ainsi que leurs proches) ne peuvent être nommés à la tête des instances, des organismes…qu'ils seront tentés de créer (sur mesure) et qui échapperaient au contrôle du peuple.