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Déjeuner-débat de « L'Expert » sur les « Systèmes d'Informations Bancaires et Financières » :
Publié dans L'expert le 24 - 03 - 2009

« Systèmes d'Informations Bancaires et Financières », tel était le thème d'un Déjeuner-débat organisé par « L'Expert », le 12 mars 2009, à Tunis, sous le patronage de M. Hadj Gley, ministre des Technologies de la communication. Cette manifestation qui a réuni un parterre de spécialistes dans le domaine (éditeurs de logiciels, responsables des systèmes d'information au sein de plusieurs banques de la place, représentants du secteur des assurances, etc.) a été une occasion pour se lancer dans un débat riche et fructueux sur les systèmes d'informations bancaires et financières, un thème qui, désormais, n'attire pas l'attention des spécialistes et des professionnels seulement, mais également celle de tous les citoyens.

Ont participé à ce débat MM. :

M. Hadj Gley : ministre des Technologies de la communication.
M. Khaled Triki : expert en TIC.
M. Mansour Nasri : secteur des assurances
M. Kamel Abidi : PDG de la société IDEE
M. Tarek Ben Jazia, Conseiller de service public
M. Ali Bouchrara : Banque franco-tunisienne (BFT)
M. Faiçal Zemni : SMI
M. Emna Khrouf : édition logicielle
M. Mohamed Zbidi : BFI

Modérateur : M. Abdellatif Ben Heddia, directeur général et rédacteur en chef du journal « L'Expert ».

***

M. Ben Heddia : Au début, je salue la présence significative du Mr le ministre des technologies de la Communication, tout en valorisant son soutien apporté à notre journal dans la préparation de cette rencontre. Je salue fortement aussi la contribution des entreprises bancaires, d'assurances, et des entreprises œuvrant dans le secteur des TIC, d'avoir accepté l'invitation et leur représentation de très haut niveau à la table ronde de «l'Expert».

Le thème qu'on a choisi pour cette table ronde est « Les Systèmes d'Informations Bancaires et Financières », thème qui s'inscrit dans le cadre des séminaires, tables rondes et débats périodiques de notre journal. Le choix de ce sujet est très particulier, sachant que nous vivons aujourd'hui une crise financière et économique mondiale, d'où le secteur bancaire était inscrit aux premières loges.
Ce secteur considéré comme un secteur sensible est la colonne vertébrale de l'économie tunisienne. Or, ce que nous avons vécu dans le monde et en Tunisie dernièrement, nous a poussé à nous interroger sur un certains nombre de questions, notamment celle-ci: « Sommes – nous en phase avec les mutations et les innovations dans le monde ? » question qui est la problématique principale de ce débat. Autre question que nous proposons : Sommes-nous à l'égard de ce qui se passe au monde et des problèmes, qui sont devenus multiples à cause de la facilité de l'accès à l'Information économique ? D'un autre côté, nous nous demandons si nous sommes aptes, en Tunisie, à produire une plateforme informationnelle et communicationnelle qui sera capable de relever ces défis économiques et, pourquoi pas, aller vers les autres marchés internationaux par le biais de notre savoir-faire en la matière, tout en sachant que notre pays a réalisé de grands progrès dans le domaine de l'intelligence et l'industrie de l'Information, pendant ces derniers années.

Je remercie encore une fois Mr. Le ministre des TC pour avoir accepté de présider cette rencontre et je lui cède la parole.

M. Gley : Messieurs, Mesdames, c'est un grand plaisir d'être parmi vous aujourd'hui, pour cette rencontre très intéressante, qu'organise le journal « l'Expert », à qui j'adresse mes vifs remerciements.

Le sujet de notre rencontre est un sujet d'actualité, à aspect technologique et stratégique, surtout dans la conjoncture économique et mondiale que nous vivons aujourd'hui. L'économie mondiale atteste, de nos jours, une accélération dans le rythme de mise en place des mesures législatives, des investissements et des programmes susceptibles de limiter les dégâts de cette crise économique mondiale et de restreindre les risques de récession économique.
Je renouvelle mes remerciements aux organisateurs de cette initiative, à la famille de « Dar El-Khabir Management », et à Mr. Abdellatif Ben Heddia, le directeur général du jeune journal « l'Expert », qui a su prouver son apport dans les domaines de l'information économique et technologique.

Je veux, à cette occasion, rappeler la gravité de la conjoncture économique qui règne dans le monde ces jours-ci. Mais, contrairement aux crises économiques précédentes, les experts de l'Union Internationale de télécommunication (UIT), les experts en économie ou en finance ont tous démontré que les technologies de l'Information et de la communication sont l'un des facteurs essentiels à cette situation critique. Je rappelle à la crise économique du début du millénaire due de la prolifération de l'Internet et son intégration dans tous les systèmes et la plateforme économique mondiale. Ces mêmes experts recommandent, pour faire face à ce genre de crise, de promouvoir l'investissement, les programmes innovateurs, dans tous les domaines notamment le domaine des TIC. C'est pour cela que le futur de l'entreprise économique et les clés de la nouvelle croissance de ces entreprises, passent essentiellement par trois axes ; d'abord l'innovation, qui passe nécessairement par les TIC, deuxièmement, l'amélioration de la productivité, d'où les TIC ont le 1/3 de cette productivité, et troisièmement, la compétitivité dans la promotion des programmes informatiques économiques. Par ce biais, les TIC sont devenues un centre de production et de profit et non un centre de coûts. Ceci est un principe de base que tous les experts, les organismes et les centres d'études ont confirmé.

Je rappelle à ce niveau que la vision des entreprises bancaires et financières doit être panoramique et générale dans l'intégration de ces technologies dans tous les domaines ; comme les plateformes informationnelles de l'entreprise au niveau gestion des clientèles, des ressources humaines, et même au niveau de la prise de décision interne. Autre niveau qui doit s'intéresser à cet outil, ce sont les centres de bases de données et de sauvegarde, en plus des plateformes technologique en relation avec le processus de production, les programmes intégrés comme le Global Banking, etc… L'externalisation demeure aussi un niveau primordial dans l'intégration des TIC au processus économique de l'entreprise, sachant que nous disposons en Tunisie de 200 centres d'appel, dont plus de la moitié travaille pour des entreprises bancaires étrangères et surtout au niveau du télé marketing. Je tiens à rappeler que l'externalisation assure aujourd'hui l'embauche de 17 mille Tunisiens. Donc, c'est la condition essentielle pour l'augmentation de la productivité de n'importe quelle entreprise bancaire ou financière.

J'insiste aussi sur l'utilisation efficace de tout genre de réseaux: l'Intranet, le téléphone fixe, les centres d'appel et le téléphone mobile, par ses différentes générations afin d'aboutir à une performance optimale des Système d'Information Bancaires.
Je tiens à souligner que l'approche tunisienne en matière des TIC est basée sur la mise en place d'une assise informatique moderne à haut débit pour les secteurs à valeur ajoutée tels que les banques, les sociétés d'assurances et les entreprises de programmation. Cette approche se base sur la modernisation de l'infrastructure, la mise en place d'un cadre législatif adéquat, la formation des ressources humaines, outre la consolidation de la transparence des informations, la gestion des résultats, la communication des données entre services, la productivité et la performance. Je cite à ce niveau la promulgation de la loi d'orientation de l'économie numérique et la révision du cadre technique et réglementaire de la téléphonie à travers le protocole internet.

Je saisis cette occasion, aussi, pour rappeler les avantages institués en faveur des entreprises, dont la mise en place d'un réseau de transport des données (MPLS, mutliprotocol label switching), le raccordement de pas moins de 300 zones industrielles et administratives au réseau de fibres optiques et la création d'un troisième câble de fibres optiques sous marin devant relier la Tunisie à l'Europe.

Je vous rappelle que notre pays détient la place de leader aux niveaux maghrébin et africain en matière de TIC, secteur sur lequel le Président Ben Ali a parié pour rendre la Tunisie une destination technologique par excellence. Le secteur des TIC qui contribue actuellement à 10 % du PIB du pays, nous servira dans les prochaines années de passerelle vers la mise en place de la société de l'information. L'intérêt présidentiel s'est clairement manifesté à travers le conseil ministériel du 16 janvier qui a pris une liste de mesures et de décisions pour le secteur des NTIC, et qui ont constitué un soutient irréprochable de la part du gouvernement tunisien. Ces mesures ont inclus le domaine des télécommunications avec ou sans fils, le haut débit pour toutes les régions et tous les secteurs économiques du pays.

Je ne sais si vous l'avez remarqué, mais je vous informe qu'une coupure du câble sous marin de connexion Internet a eu lieu pour la troisième fois cette année entre l'Europe et l'Afrique, ce qui a laissé l'Algérie par exemple pendant une semaine hors ligne. Notre pays qui suit une politique assez rigoureuse dans la sécurisation des connectivités d'Internet et des réseaux internationaux est demeuré à l'écart de toute perte ou de tout problème lié à ce genre de coupure de connexion. La Tunisie installe actuellement un 3ème câble qui assurera notre liaison avec la rive européenne par internet et qui aura une triple capacité par rapport à ce dont nous disposons actuellement de débits.

Dans le cadre de cette rencontre, la question se pose au niveau de la contribution du secteur des TIC dans la dynamique de modernisation des systèmes d'informations bancaires et financières. On doit d'abord éclaircir quelques volets qui vont contribuer au développement des systèmes d'information. L'an dernier on a abouti à la finalisation d'une première tranche de ce réseau, et qui sera consolidé cette année aussi après les mesures présidentielles prises dans ce secteur. En conséquence, toutes les agences et entreprises liées à ce réseau bénéficieront d'un débit de connexion dépassant les 100 Mo. D'autre part, un cadre organisationnel et technique a été mis au point en exécution des décisions du Président Ben Ali, pour développer et promouvoir l'utilisation par voie IP, offerte non seulement à la télécommunication, mais aussi aux entreprises bancaires essentiellement pour installer des réseaux internes à ses agences à travers la téléphonie, les SMS, les transferts de données à haut débit, et bien sur les vidéo conférences. Par conséquent, le réseau est prêt, le cadre réglementaire de l'utilisation de la voie sur IP est existant, sachant qu'il fallait un certain niveau d'encadrement bien sûr et un opérateur prêt pour fournir tout ça et à la disposition de toutes les entreprises. L'autre mesure que nous devons prendre en compte surtout pour la consolidation des systèmes d'informations bancaires c'est la création d'un nouveau réseau de lignes numériques synchrones (SDSL). Celui-ci assurera à chaque agence bancaire un débit minimum de 2 méga octets. Nous souhaitons de plus atteindre le niveau de 3.000 entreprises inscrites à la fin de cette année. C'est pour cela qu'on a démarré, à partir du mois de septembre dernier, l'installation d'un nouveau réseau structuré (IP MPLS) qui assure une vitesse de connexion à haut débit pour ces agences et entreprises.

Concernant les entreprises bancaires et financières, nous disposons de plusieurs centres de travail à distance dans différentes régions du pays comme Gafsa, Kasserine, Siliana, Sousse et le Kef. Et prochainement, on arrivera à une phase de généralisation de ces centres sur tout le territoire du pays. Je note aussi que les services des SMS sont autorisés pour ce genre d'activité à travers une division des profits entre l'entreprise qui rémunère le service à 65% et à 35% en faveur de l'opérateur. Toutes ces facilités technologiques sont mises au service des entreprises bancaires et financières afin de faciliter leurs activités et sécuriser leurs informations.

M. Ben Heddia : Merci, Monsieur le ministre, pour cette intervention exhaustive. Nous reviendrons dans notre débat sur ces différents détails. Si vous le permettez, monsieur le ministre, nous allons débuter par l'évaluation de l'état des lieux du secteur bancaire et financier pour savoir si nous utilisons de façon efficace les plates-formes. J'appelle nos chers invités, les responsables des systèmes d'informations, les ingénieurs informatiques, et les directeurs d'agence d'assurance à contribuer activement au débat. Je vous cède la parole. Merci.



M. Abidi : Je veux au début rappeler que ma société produit tout ce qui est application dans le secteur bancaire. Concernant le système d'information bancaire tunisien, on ne peut pas le considérer aujourd'hui au niveau des attentes parce que tout est dynamique, tout est évolutif. Car si on va se contenter de se que nous avons maintenant, on ne va pas évoluer davantage. La question qui se pose, c'est est ce que ce système et son environnement favorisent l'émergence des moyens pour que le système puisse être fonctionnel tout le temps de manière dynamique ? Donc, il n'y a pas eu de stratégie favorable y a l'émergence d'un environnement propice, car chaque banque fait ce qu'elle peut. On voit qu'il y a des banques qui se débrouillent toutes seules, d'autres qui se font accompagner, d'autres qui appartiennent à des mouvances plus importantes telles que des groupes bancaires ou une capitalisation particulière, et qui profitent ainsi, d'un certain savoir-faire, et je pense qu'elles sont dans une dynamique beaucoup plus active, pas forcément meilleure, pour ne pas faire un jugement de valeur. Merci.

M. Triki : La remarque que je trouve ici pour encourager l'industrie logicielle, parait très claire quand on parle de l'infrastructure. Bien que nous soyons en attente, d'une façon très pressante, pour voir ce haut débit se concrétiser. Quand on parle de haut débit, il y a une notion de relativité. Ainsi beaucoup de personnes, considèrent le 512, le 1 et le 2Mo comme haut débit. Je pense que pour des applications modernes, pour les banques, pour les assurances et pour les entreprises, tout va être Internet. Cela veut dire que les applications vont être aussi consistantes pour l'utilisation de l'infrastructure Internet. Et comme nous sommes en train de voir aujourd'hui, dans les pays concurrents, quand on parle de haut débit, on parle de 20 Mo, et quand on parle de très haut débit, on parle de 100 Méga. Donc, j'aimerais, si c'est possible, que Mr le Ministre, nous indique qu'est ce qu'on veut dire par haut débit en Tunisie ?.

Ma deuxième observation, c'est que je suis très content lorsque je vois toutes ces incitations pour l'infrastructure, et qu'on peut faire arriver les fibres optiques jusqu'à l'agence ou l'institution. Mais j'aimerais connaître, le coût de ce service, qu'on estimera être raisonnable pour permettre aux agences d'utiliser cette technologie. Le troisième point que je veux signaler, c'est que si on veut encourager l'utilisation des technologies de Communication, est ce que c'est seulement l'infrastructure qui est nécessaire, ou bien c'est la culture qui doit être développée ? Sur ce dernier point, je rejoins mon ami Kamel, pour dire que c'est la partie culture qui reste encore à développer. Et lorsque je dis culture, je dis nos institutions, que ce soit banques, assurances ou ministères, car elles constituent les 3 axes les plus importants. Donc est ce que aujourd'hui il y une culture enracinée chez les décideurs pour dire que l'informatique, est un centre de profit et pas un centre de coût, et est ce qu'il est nécessaire de décider rapidement, pour pouvoir mettre un système en place ? Ce que nous constatons c'est qu'intellectuellement, les décideurs sont ouverts ; ils parlent de l'informatique comme une nécessité, ils parlent de l'informatique comme stratégie, mais au moment de la décision, on prend beaucoup de temps. Pour décider à mettre un système d'informations en Tunisie, ça peut prendre 3 ou 4 années. Ceci n'est-il pas un manque à gagner pour l'économie tunisienne ?

M. Ben Heddia : Merci M. Khaled Triki pour vos observations et vos éclaircissements. Je cède la parole maintenant à Mr. Mansour Nasri, qui représente le secteur des assurances, un secteur très important et vital à l'économie.

M. Nasri : Je remercie Mr Abdellatif Ben Heddia pour cette opportunité. Je remercie également monsieur le Ministre pour son allocution d'ouverture et qui a montré que la Tunisie a parcouru un bon trajet dans le domaine des télécommunications. Je veux parler franchement des difficultés du secteur de l'assurance, et je profite de la présence des experts du domaine ici. Concernant les systèmes d'information et de communication en assurance, nous disposons d'une infrastructure moderne et nous bénéficions de plusieurs mécanismes pour communiquer avec les différentes agences sur tout le territoire tunisien, et auxquelles Mr le ministre a participé à la réalisation, quand il était à la tête de la Poste Tunisienne et qui nous a permis de progresser dans ce domaine. Le secteur des assurances, et surtout à travers les systèmes de la Banque Assurance, depuis 2002- 2003, et la Poste assurance, dispose aujourd'hui d'un réseau de distribution très élargi touchant les 800 points de vente, entre bureaux directs et courtiers d'assurances. On peut ajouter à cela, 900 ou 1000 agences pour le secteur bancaire à travers la vente de produit de banque assurance, et aussi on rajoute le réseau de distribution de la poste, qui touchait les 1600 bureaux de postes. Et si on fait l'addition, on trouve qu'il y a plus que 3000 terminaux qui intéressent les sociétés d'assurance à travers des conventions entre les différents distributeurs comme les banques, et les sociétés d'assurances.

Toutefois, il faut préciser quele système d'appel d'offres pose effectivement beaucoup de problèmes. Ce système reste toujours dans le cadre d'une gestion transparente et un remède très positif et très transparent par rapport à l'appel à la concurrence, etc. Mais quand on examine les systèmes d'information des banques publiques, en comparaison avec ceux des banques privées, il y a – qu'on le veuille ou pas- une perte de temps ainsi qu'un décalage de quelques années. Ce décalage est dû, à mon avis, à ces procédures administratives qui présentent certes énormément d'avantages, notamment au niveau de la transparence et de la vérification, mais comportent aussi pas mal d'inconvénients. Il faut donc trouver une solution. Par exemple, et au lieu de lancer des appels d'offres, on se contenterait de faire des consultations. L'essentiel est d'avoir la possibilité de choisir parmi certains fournisseurs de ces services. C'est d'ailleurs la vraie problématique. En fait, le système fonctionne et on a trouvé des solutions internes, puisque « la nature a horreur de vide ». Alors lorsqu'il y a des contraintes et des difficultés, la solution rejaillit. Personnellement, j'ai vécu trois expériences de mise en place de systèmes d'information, au niveau d'une entreprise publique et au niveau de deux entreprises privées. Dans la première expérience, il y a vingt ans, on a usé et utilisé les moyens internes, c'est-à-dire les ingénieurs internes de l'entreprise, et franchement, les choses se sont très bien passées. Dans une deuxième expérience, on a acheté un système de l'extérieur et cela a posé des problèmes. Actuellement, je suis en train de vivre une autre expérience avec une petite société tunisienne, mais par étapes, et cela marche très bien. Donc, vous voyez que ce n'est pas toujours évident que la solution extérieure soit toujours la meilleure. Il faut que le marché tunisien de l'informatique et des systèmes d'information nous permette de choisir et d'avoir des solutions qui s'adaptent à notre gestion et à nos procédures, et à l'entreprise d'assurances d'une façon particulière.

M. Bouchrara : j'ai voulu adhérer à la question de partenariat entre les éditeurs et les clients, parce qu'on est en train de vivre cette expérience au sein de la BFT. D'ailleurs notre établissement compte 240 employés. On a mis à la disposition de l'éditeur presque 70 personnes qui ont participé pleinement à ce projet, au niveau des tests, de la validation, de la conception des procédures, et au niveau des groupes de travail sur tout type de validation; et je pense que cela a très bien marché. On a conçu ce système ensemble, ce qui a donné des résultats extraordinaires.

M. Zemni : Je vais confirmer ce qui a été dit par M. Bouchrara et je vais parler d'une expérience que j'ai vécue personnellement à l'Amen Bank, en l'occurrence notre partenariat avec cette banque. On a travaillé ensemble sur un domaine qui est très complexe, à savoir le côté bancaire étranger. Et ça fait, maintenant, trois années que nous avons entamé ce projet là, en complet partenariat. On va parachever le travail ce mois-ci. On a fait dix-sept applications avec l'Amen Bank qui nous a fourni toute l'aide nécessaire. Donc, c'est une réussite complète et le directeur informatique de l'Amen Bank qui est présent peut vous le confirmer. C'était une réussite. Pourquoi ? Parce que l'Amen Bank nous a donné tous les droits, toutes les prérogatives et tous les accès. Même leur personnel était à notre disposition, bien qu'il n'y ait pas un cahier des charges. Pourtant c'était un domaine extrêmement complexe. Mais avec l'aide des utilisateurs et de l'équipe informatique, on a pu faire réussir ce projet-là

M. Ben Heddia : Donc vous avez maintenant une référence que vous pouvez vendre ailleurs et même l'exporter ?

M. Zemni : Absolument.

M. Khrouf : J'interviens pour ce qui a rapport aux suggestions. Tout le monde est d'accord que pour faire évoluer les systèmes qui existent aujourd'hui, il faut une certaine mobilisation, que ce soit des utilisateurs ou des équipes informatiques internes. Donc peut-être que la limite entre les deux serait de construire un GIE pour créer une solution tunisienne avec un ou deux éditeurs spécialisés dans le secteur d'assurances. Car, en fait, les compagnies d'assurances sont aujourd'hui de taille limitée. Donc, le fait de mobiliser plusieurs personnes pour développer cette solution est susceptible de créer un déséquilibre. Demain, les sociétés de leasing vont avoir les mêmes problèmes. Ainsi, c'est plutôt propre à des sociétés où la taille des directions informatiques ou systèmes d'informations est relativement limitée. Donc le fait de pouvoir mobiliser autant de personnes pour accompagner un ou deux éditeurs locaux pourrait constituer un frein de délai.

M. Zbidi : Il y a un point, en fait, qui s'applique à la fois aux banques et aux sociétés d'assurances, qui est toujours cette peur du tout ou rien : de se retrouver devant un projet face auquel on est obligé de tout remplacer. Ceci représente un risque très important. Moi je peux parler de l'expérience que nous avons eue au tout début de notre vie. On avait commencé par des solutions de SICAB. Certains clients nous ont fait confiance, et ont effectivement pris notre solution SICAB, mais pour eux c'était véritablement un test de nos compétences, de voir si on est capable de mettre en place ce type de solutions. Une fois qu'on a mis ce type de solution en place, ils ont commencé à réfléchir à des systèmes de gestion de tout ce qui est ordre en bourse, etc. Chemin faisant, on a construit une infrastructure de gestion de tout ce qui touche à la bourse et aux titres. Puis, avec le succès que vous connaissez, on est parti sur d'autres métiers. Cela nous a permis, à nous mais aussi à nos clients, de pouvoir tenter l'expérience des solutions tunisiennes sans mettre l'ensemble des œufs dans le même panier et sans prendre un risque beaucoup trop important à leurs yeux. Je pense que cela s'applique aux banques aussi. On est en train de parler de refonte des systèmes d'information, il y a là différentes démarches. Il y en a une que je préfère personnellement, celle de dire réfléchir urbanisation, découpage en des ensembles qui sont faciles à migrer, faciles pour la refonte, plutôt que de dire : on va essayer de tout remplacer d'un seul coup; parce que là le niveau de risque qui est pris est beaucoup plus important.

M. Nasri : J'aimerais bien ajouter un détail, en réponse à M. Khrouf. Il y a, en fait, un problème sur le plan juridique qui se pose pour la création des GIE, groupements d'intérêt économique. Et on a vécu d'ailleurs une expérience au niveau de la Fédération tunisiennes des compagnies d'assurances, pour ce qui est carte verte et carte orange pour les véhicules qui viennent de l'étranger, qui a illustré cette réalité.

M. Triki : Je veux revenir à une question qui me paraît plus importante que le secteur bancaire tout court. Si on parle du secteur bancaire, c'est une reconnaissance –je crois- de l'expert de dire que c'est le secteur bancaire qui tire aujourd'hui la Tunisie vers une meilleure utilisation des TICs. Et je crois que cela est une reconnaissance de tout le monde. Mais, peut-être on peut faire mieux. Donc je veux aller plus loin en se posant la question : est-ce que nous voulons développer une industrie logicielle en Tunisie ? Est-ce que la Tunisie voudrait être une destination technologique ? Cette volonté a été claire pour le tourisme. Et je veux d'ailleurs parler un tout petit peu de la stratégie derrière le tourisme. Moi je rappelle quand le tourisme a commencé en Tunisie, il y avait des projets volontaristes. Quand je dis « volontaristes », je reviens à l'Etat. C'est pour cela que je m'adresse à monsieur le ministre. C'est que pour pouvoir démarrer et booster un secteur, il faut qu'il y soit une stratégie nationale. Et qui dit « stratégie nationale » cela veut dire qu'il y a une volonté de l'Etat. Et qui dit « volonté de l'Etat », on doit accepter pour quelques années (au moins 2, 3, 4 ou 5 années peut-être) où on est plus le moins dirigé. Car ce que je vais proposer pourrait apparaître comme dirigisme. Mais je dis non. Quand le bébé n'est pas né, on est obligé d'aller vers l'Etat et, je pense, il faut qu'il y ait des décisions claires et précises prises par l'Etat pour que l'industrie logicielle se développe en Tunisie. C'est pour cela que je vais essayer de donner quelques propositions positives dans ce sens. Quand je l'ai dit pour le tourisme, l'Etat a décidé que des zones touristiques soient aménagées. Donc il a fait la viabilisation. Il a même encouragé des hommes qui ont travaillé dans le tourisme pour créer et mettre en place des unités hôtelières. Et après quelques années, les investisseurs vont tout seuls au tourisme et la Tunisie est devenue une destination touristique. Alors on se demande pour les TICs, est-ce que le verre est aujourd'hui à moitié plein ou à moitié vide ? Si on est optimiste, on va dire à moitié plein. Si on est pessimiste, on dit à moitié vide. Mais, en réalité, il n'est ni l'un ni l'autre, malheureusement. Aujourd'hui, en Tunisie, nous avons au moins 500 sociétés de services. Si on présente le nombre, on peut dire que la Tunisie est extraordinaire et est en avance. Mais si on revient au nombre des ingénieurs par société de services, alors parfois il y a des fractions, et vous savez très bien qu'on ne eut pas faire des fractions pour les hommes. Mais il y a bien des fractions : des sociétés à 1,2, 1,5, etc. Donc, réellement, on n'est pas en train de prendre le problème d'une façon directe.

Pou revenir, il faut qu'on ait un objectif clair chez nous, en Tunisie, de dire, par année, combien on peut fabriquer une grande société de services. Est-ce qu'on a un objectif d'avoir annuellement une dizaine de sociétés de services ? On a parlé de 70.000 entreprises à créer. Notre président a donné la ligne et tout le monde fait des efforts pour créer des entreprises. Si on a une stratégie de dire : il faut qu'on ait qu'on aie, chaque année, 10 ou 15 grandes sociétés de services, peut-être on va trouver des solutions. Et quand je dis « grandes », cela veut dire qu'elles doivent avoir, au minimum, - je parle de la taille tunisienne- de 20 à 50 ingénieurs, pour qu'elle puisse engager, dans quatre ou cinq ans, 200, 300 ou 400 ingénieurs. A ce moment là, nous pouvons non seulement satisfaire l'économie tunisienne, en répondant aux exigences des banques, des compagnies d'assurances et des ministères, mais aller au-delà même de cet objectif. La proposition est donc la suivante. C'est qu'il y avait un effort qui a été fait, et l'hommage revient à la Banque centrale qui a développé le produit Télécompensation et au ministère du commerce qui a développé le Tradenet. Aujourd'hui ce sont les fleurons de la Tunisie. Et vous savez très bien que derrière ces projets, il y avait de grandes sociétés qui ont été créées et dont on est fier, parce qu'elles sont des sociétés tunisiennes. Les solutions étaient tuniso-tunisiennes. Pourquoi donc ne pas récidiver ? Pourquoi ne pas créer de grands projets mobilisateurs ? C'est pour cela que je propose à monsieur le ministre d'essayer d'identifier, chaque année, les grands projets, comme le fait déjà le ministère des Travaux publics. Et je pense que ce ministère est passé par une expérience extraordinaire en identifiant, chaque année, les grands ouvrages (ponts et chaussée, etc.), et aujourd'hui nous avons réellement de grandes sociétés dans le génie civil. Pourquoi pas donc ne pas identifier annuellement, au niveau du ministère des Technologies de la communication, une dizaine, au minimum, de grands ouvrages informatiques tels que Télécompensation, Tradenet, E-global banking, un projet internet pour les assurances ou la gestion des hôpitaux ? Et une fois ces projets sont identifiés, il faut qu'il y ait la volonté de l'Etat pour booster ces projets là. Et ma proposition est la suivante : au lieu de chercher des solutions faites puisqu'il n'y en a pas, cherchons des compétences réelles. Et aujourd'hui, monsieur le ministre l'a dit en toute fierté, nous disposons en Tunisie de plusieurs compétences de grande valeur. Ces compétences n'attendent que d'être accompagnées pour développer des grands projets pour la Tunisie. L'idée est la suivante : dire nous avons tel projet, nous avons telle condition pour prendre le projet. La condition ce n'est pas : « est-ce que vous avez de références dans le projet ? », mais plutôt : « est-ce que vous avez les compétences suffisantes ? ». Et s'il y a deux, trois ou quatre qui proposent à faire ces projets et qui ont les compétences nécessaires, on peut les aider. Pas avec la charité, mais avec des conditions claires pour le développement des compétences en Tunisie. On dit qu'on a le projet X qui a un budget de 2 millions de dinars et il y a deux ou trois compétences tunisiennes qui sont capables de le réaliser, mais n'ont pas les moyens, ni financiers ni le nombre d'ingénieurs. On dit si vous le prenez, voilà les conditions : vous commencez par 5 ingénieurs et vous avez l'obligation, chaque trois mois, de recruter 4 ou 5 ingénieurs et vous terminez le projet dans deux ou trois ans. Cela veut dite que, dans ce délai, la société sera à 40 ingénieurs tunisiens. Donc, nous gagnons dans tous les sens. Nous gagnons du point de vue économique, nous gagnons un produit tunisien qui peut s'exporter, mais surtout nous gagnons le fait que nous développons une société avec 20 ou 40 ingénieurs de haut niveau qui vont voler par leurs propres ailes. Je demande donc à notre ministère –et je sais qu'il est capable de le faire- de parrainer une dizaine de grands projets et d'imaginer quelles sont les compétences qui peuvent le faire.

Je reviens à l'idée principale qui est de développer une industrie logicielle en Tunisie. Il faut que l'Etat ait le choix volontaire pour booster ce marché. Il doit identifier des grands projets mobilisateurs et trouver les solutions pour encourager les compétences. Même si ces compétences sont dans l'Administration on doit les faire sortir et les aider à créer des sociétés et mettre à leur disposition de grands projets et un vrai budget. Parce qu'aujourd'hui il y a un autre problème qui bloque nos sociétés de services : c'est puisqu'on travaille avec l'Administration, le cahier des charges est rédigé avant la réponse et on est encore obligé de le signer; et on vous dit vous allez avoir de 10 à 20% comme avance et le reste est à la fin du projet. Et vous savez très bien que, dans l'informatique, il faut toujours ajouter telle ou telle chose. Donc, on trouve des sociétés de services qui font des applications très lourdes, et, pendant 2 ou 3 ans, elles n'ont pas des vraies recettes. Alors qu'il y a très peu de sociétés qui sont capables de vivre à trésorerie négative, surtout si les banquiers – vous le savez très bien- ne financent pas les fonds de roulement des sociétés de services, parce que nos banques – et je m'excuse de le dire, je suis banquier- ne financent que ce qui est dur. Si vous avez un terrain, elles vous donnent de l'argent. Si vous avez des voitures, elles vous donnent de l'argent. Mais si vous avez des compétences, elles ne vous donnent pas de l'argent.

Donc, je demande à monsieur le ministre de voir quelles sont les incitations à faire pour pousser les banques à aider les sociétés de services. Mais il faut le faire sur des bases solides, sur projet réel, sur un budget réel, sur aussi des conditions de compétence réelles. Et ceci a été fait lorsqu'on a voulu encourager l'exportation. Je me rappelle, dans le temps, concernant les effets à escompter pour l'exportation, quand le taux du commercial était à 10 et 11%, pour l'exportation c'était à 6 et 7%. Pourquoi ? Parce que l'Etat a voulu que l'exportation se développe et a demandé aux banques de faire des taux plus bas. Aujourd'hui, si nous sommes tous convaincus que l'informatique est la voie future de notre pays, et que si l'on rate le tournant de l'informatique nous allons rater l'avenir, il est donc nécessaire pour tout le monde (sociétés, banques, assurances, ministères et particulièrement le ministère des Technologies de la communication – je me permets de le dire car notre ministre est, heureusement pour nous dans ce secteur là, est issu de ce secteur) de s'atteler à créer des compétences. Pourtant, une initiative isolée ne change pas le monde. Mais quand c'est décidé par l'Etat et quand il y a des groupements, tout devient possible. Le GIB va peut-être changer le monde. Le GIE est en train de changer le monde. Si demains les assurances vont faire un groupement, cela va pouvoir changer le monde, etc. Et peut-être on va aller vers des groupements professionnels pour permettre aux professionnels de payer moins cher et de créer davantage des sociétés de services.

M. Gley : Je ne vais pas ajouter grand-chose. J'ai beaucoup apprécié les différentes interventions. J'en remercie d'ailleurs tous les intervenants. Je remercie, encore une fois, « L'Expert ». Reste que j'ai un certain nombre de remarques. Tout d'abord, comment pourrait-on convaincre les décideurs au niveau des instituions financières que l'investissement dans ce secteur signifie tout simplement des recettes. Personnellement, je vois qu'une entreprise qui n'investit pas plus de 4% de son chiffre d'affaires dans ce secteur est une entreprise qui n'a pas d'avenir. A « La Poste Tunisienne », j'avais même atteint le taux de 20%. En réalité, c'était plutôt une vision strictement commerciale et non pas stratégique. Ces investissements s'étaient avérés d'ailleurs remarquablement rentables.

En plus, les choses se compliquent davantage. Il faut faire très attention. Parce que, actuellement, il y a assez d'intégration, de rapprochement et de convergence. Désormais, ce n'est plus un appel d'offres pour acheter un logiciel. Comment donc placer les systèmes d'information bancaire et financière dans cette direction de l'histoire ? C'est un investissement fatal. Il faut investir davantage, et surtout maintenant pendant la crise. Commencer à se préparer à l'après-crise, c'est une opportunité.

Troisième point, je pense que nous avons des entreprises privées qui emploient des centaines d'ingénieurs. Mais il faut trouver ces relations, non seulement de partenariat, mais de respect aussi. C'est que l'entreprise privée doit apporter la solution. C'est-à-dire, même l'idée, l'approche et l'écosystème. Ce n'est pas une approche classique de procurement ou d'achat, etc. C'est donc cette relation là qu'il faut développer. Je prends là un exemple : acheter des PC. En fait, c'est la clé la plus complexe. Ce n'est pas acheter sans qu'il y ait de la maintenance. Le PC doit aussi faire partie d'un réseau. Donc, il s'agit d'acheter, travailler et entretenir le réseau et ce n'est pas uniquement un achat de PC. C'est plutôt l'achat de plusieurs éléments, dont des PC, dans le cadre d'un réseau. Un réseau qui va utiliser les applicatifs de la banque. C'est un tout, donc on doit avoir cette approche d'intégration progressive, sinon on risque par la suite d'être bloqué.

L'élément fondamental au niveau de la DSI, au niveau de l'organe de décision de la banque, de l'institution ou de l'entreprise, c'est comment intégrer tout cela dans une approche commerciale et intégrer tout cela dans des relations de confiance avec l'entreprise privée d'une façon générale. Car c'est vital pour l'entreprise elle-même.

L'Etat, pour sa part, a manifesté une volonté sans appel. On peut facilement constater une forte volonté politique, dans notre pays, de s'appuyer d'une manière prioritaire sur les sociétés et les compétences tunisiennes. Cette tendance est claire. Les systèmes d'information des banques sont d'ailleurs développés par des sociétés tunisiennes. Ce n'est pas certainement par chauvinisme mais parce qu'il s'agit d'un choix bien orienté. L'amélioration de l'infrastructure de télécommunications et l'appui de l'activité R&D constituent d'autres domaines qui illustrent parfaitement cette forte volonté politique et l'implication de l'Etat. Le succès demeure cependant une œuvre collective qui nécessite l'implication de toutes les parties. A cet égard, la sécurité informatique fournit un exemple très significatif.

Enfin, je souligne que le débat a été vraiment très fructueux. Je remercie encore tous les participants et le journal « L'Expert » pour cette importante initiative.


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