• Il faut respecter la date du 24 juillet car l'économie n'aime pas l'incertitude • On veut renforcer le modèle civilisationnel tunisien La scène politique de l'après 14 janvier a connu la création d'un grand nombre de partis. Dans un souci de donner la parole aux chefs de ces formations et de permettre la vulgarisation de leurs programmes et projets, ce parti, fondé le 15 mars et qui ambitionne de créer un pôle centriste et moderne, fait du respect des libertés sa ligne générale de conduite. Nous avons interviewé M. Sami Zaoui, coordinateur général du parti AFEK TOUNES * Pouvez-vous nous présenter votre Parti ? - Nous avions dès le 16 janvier 2011 pensé à la création d'une formation politique à même d'être en symbiose avec les slogans de la Révolution. L'idée a été couronnée le 15 mars par le lancement de notre Parti «AFEK TOUNES» créé par des chefs d'entreprises, des syndicalistes et des politiques. Nous prônons le respect des libertés publiques et individuelles à travers la stabilité, la prospérité et le développement économique. Nous considérons que la solidarité entre générations, régions et au sein même de la population comme condition de développement, et à ce titre, il faut combattre la pauvreté en Tunisie dont le taux réel, contrairement à la propagande de l'ancien régime, est entre 10 à 15%. * Concrètement comment cela peut se réaliser économiquement ? - On est pour une redéfinition du rôle de l'Etat qui doit rester maître au niveau des secteurs sensibles (STEG, SONEDE…) et jouer un rôle de premier plan dans le développement des infrastructures et du réseau national de transport à travers un plan qui peut se réaliser sur 3 à 5 ans. On est aussi pour un secteur privé libre mais régulé par l'Etat. On vise également le développement des investissements par le développement de l'entrepreunariat pour de nouvelles entreprises et la promotion de l'accès au crédit. D'ailleurs la libération du secteur privé ne sera profitable qu'à travers une bonne gouvernance. Quant aux investissements étrangers, on considère que ceux à coût bas sont désormais dépassés et qu'il faut encourager ceux à grande valeur ajoutée. Et là, il faut orienter la fiscalité vers cet objectif. * Et pour les valeurs sociales ? - Outre la solidarité, on estime nécessaire une refonte du système de santé et notamment au niveau des régions. A côté de cela, il est urgent de réformer profondément le secteur culturel par sa libération de la mainmise de l'Etat pour en charger des comités et structures autonomes. * Comment vous-vous positionnez sur la scène politique actuelle surtout au vu du nombre important de partis politiques ? -On croit fermement en notre possibilité d'aller loin. On a pu ouvrir sept bureaux régionaux, tenu plus de 25 meetings et visité 14 régions jusqu'à maintenant. On va bien sûr couvrir tout le territoire du pays. On estime qu'on a réussi la première étape. * Préfériez-vous un type déterminé de régime politique ? -Pour nous le plus important c'est l'équilibre entre les pouvoirs est une justice forte et indépendante, indépendamment de la forme du régime (parlementaire, présidentiel…) qui sera issu de la constituante. On appelle également à la décentralisation et à des élections pour les conseils dans les régions. * A cet égard, est-ce que la date du 24 juillet est tenable ? -Ma réponse est par l'affirmative et c'est toujours possible logistiquement et on sent qu'il y a une volonté de respecter cette date pour en finir avec cette étape provisoire. D'ailleurs l'économie n'aime pas l'incertitude. * En prévision de ces élections, est-ce que votre parti envisage des alliances ? -Si on n'arrive pas à des chances réelles pour avoir des élus, on est prêt à des alliances mais avec ceux avec lesquels on a des affinités politiques. On veut que nos valeurs soient représentées dans la Constituante. * A ce propos, pensez-vous que la version finale de l'art.15 relatif aux élections de la Constituante est une formule acceptable ? -On est favorables à cette formule et il faut que ceux qui avaient des liens avec le régime déchu acceptent «la règle du jeu». Mais, ces gens pourraient être « récupérés » par d'autres partis ? -Il y a le risque de récupération, mais ça ne nous concerne pas. * Et pour le financement de votre parti ? -Nous sommes pour des financements transparents et nous avons déjà adopté un code d'éthique et installons un Comité d'éthique. D'ailleurs, on n'a aucune objection à être contrôlé par la Cour des comptes ou par des commissaires aux comptes indépendants. Nous sommes également contre tout financement étranger et demandons que toute ressource étrangère destinée à des formations politique soit récupérée par l'Etat et répartie entre les partis politiques. * Ce qui s'est passé à Rouhia vous inquiète certainement ? - Absolument, c'est inquiétant et malheureusement nous avons des gens qui veulent saboter le processus électoral. On doit appuyer les efforts de l'armée nationale et instaurer la stabilité au plus vite. D'ailleurs, la période de la Constituante ne devrait pas être très longue. Et à cet effet nous proposons, d'organiser un référendum sur la nouvelle Constitution le 14 janvier 2012 (date anniversaire de la Révolution) et passer aux élections le 20 mars 2012. * Comment espérer voir la prochaine Constitution en relation avec les libertés publiques et privées ? - On est pour l'art.1 de la constitution de 1959 car on considère que la civilisation arabo-musulmane est la nôtre et on veut renforcer le modèle civilisationnel tunisien. A ce sujet, on considère le hijab comme une liberté privée mais on est contre le niqab, car le visage, c'est l'identité de la personne. Entretien conduit par Mounir JOMNI