Par Khaled GUEZMIR - Que peut faire un Président « légal » américain comme Obama intelligent… brillant et récemment auréolé par la liquidation de Ben Laden le plus grand ennemi de l'Amérique face à « Bibi » Netanyahu président « réel » des Etats-Unis d'Amérique. On se rappelle cette phrase oh combien significative de Bourguiba à l'ambassadeur américain de l'époque à Tunis après les bombardements de « Hammam Chatt » par l'aviation israélienne : « Tant qu'Israël par ses lobbies puissants aux Etats-Unis continuera à faire « élire » le président des Etats-Unis d'Amérique aussi puissant soit-il, l'Amérique ne pourra jamais peser sérieusement pour réaliser la paix des braves… la paix juste et équitable au Moyen Orient et partout en Palestine ». Nous venons d'en avoir la preuve irréfutable rien que cette semaine avec un discours d'Obama pourtant visionnaire et courageux en tout, sauf quand il s'agit de faire plier Israël sur un « mètre carré » de colonisation illégale rejetée par tous les textes de droit international et la quasi-totalité de l'opinion mondiale y compris l'Europe. Mieux encore M. Netanyahu , juste après le discours d'Obama qui reconnaît timidement les deux Etats en Palestine avec en référence aux frontières de 1967 et juste avant de prendre l'avion pour rencontrer le locataire de la Maison Blanche vient de décider et d'annoncer au monde la construction de 1500 nouveaux logements à El Qods-Est supposée être ou devenir la capitale du futur Etat Palestinien. C'est la bonne méthode d'intimidation du Premier ministre et sa façon de dire à Obama : « Take care… c'est moi qui nomme les Présidents américains… Je suis le Boss… ! » La situation est encore plus dramatique pour le Président américain qui a le sens de l'honneur et de la justice parce qu'il sait pertinemment que les Palestiniens sont horriblement spolies par la machine bétonnière israélienne qui détruit leurs villes et villages pouce par pouce, en mettant le monde devant le fait accompli depuis la doctrine Sharon. Personne ne peut oublier par ailleurs qu'Obama est déjà en campagne électorale pour un second mandat présidentiel et que sa marge de manœuvre est très limitée du fait de l'influence considérable des « amis » d'Israël et des bailleurs de fonds en Amérique. Malgré tout cela, je demeure pour ma part optimiste parce que le monde arabe bouge et n'est plus ce qu'il était, frappé de soumission et condamné à l'impuissance et à la déchéance. Israël et son gouvernement actuel n'ont pas la capacité d'Obama de voir venir et de percevoir l'éveil actuel du monde arabe que rien n'arrêtera, plus jamais. Obama a été élevé dans les valeurs américaines qui sacralisent la liberté et le droit des hommes à l'autodétermination. Il a beau martelé en direction de Netanyahu qu'on ne peut pas construire « le rêve d'Israël démocratique en prolongeant indéfiniment l'occupation », rien n'y fait. M. Obama ne peut pas pour le moment faire le pas décisif pour traiter « l'occupation israélienne de plus des 2/3 de la Palestine historique, comme un cas de colonisation classique et extrême, peut être l'une des dernières dans le monde moderne et civilisé. Il est dans l'obligation, vu les impératifs de politique interne, et même pas au vu des intérêts majeurs des Etats-Unis et en application de ses propres valeurs culturelles et civilisationnelles, de « protéger » Israël aux Nations Unies et ailleurs contre vents et marées. Et la question qui se pose… jusqu'à quand ? La réponse est simple jusqu'à ce que les intérêts arabes et musulmans en Amérique et dans le monde puissent être suffisamment crédibles pour imposer un changement qualitatif aux Etats-Unis même. Et cela ne peut se faire ni par le terrorisme ni par les menaces verbales et idéologiques mais par la réussite du changement qualitatif interne du monde arabo-musulman. Le fait que M. Obama appuie aujourd'hui et sans réserve les changements démocratiques en Afrique du Nord et au Moyen Orient démontre bien que l'Amérique a été poussée et même acculée à suivre le cours irréversible de l'Histoire et à ne pas insulter l'avenir. Un monde arabe et musulman majoritairement démocratique et libéral sera de fait le partenaire crédible de l'Amérique et des héritiers et futurs successeurs d'Obama. Et à ce moment-là Israël ne pourra que s'aligner sur la raison et le droit des gens en acceptant la légalité internationale et les droits des Palestiniens à un Etat viable et vivable… Sinon le « dégage » historique s'imposera de lui-même et même l'Amérique ne pourra rien !