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Nous sommes tous Palestiniens
Le Temps du Monde
Publié dans Le Temps le 18 - 06 - 2007

Les autorités israéliennes se frottent les mains: en enfermant 1,5 million de Palestiniens dans l'enclave de Gaza, immense «prison à ciel ouvert», elles ont poussé les partisans du mouvement nationaliste laïc (Fatah) et ceux du mouvement de la résistance islamiste (Hamas) à en venir aux armes pour régler leur différends,
provoquant ainsi une scission de facto de la bande de Gaza de la Cisjordanie, où est basé le pouvoir central de l'Autorité palestinienne, symbolisé par le président élu Mahmoud Abbas, chef du Fatah et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).

A qui attribuer la responsabilité du chaos qui règne actuellement dans les territoires palestiniens ? Aux Palestiniens, comme l'a fait le ministre saoudien des Affaires étrangères, Saoud Al-Fayçal, qui a déclaré, à l'issue de la réunion de la Ligue arabe, vendredi, au Caire, que «les Palestiniens enfoncent le dernier clou dans le cercueil de la cause palestinienne», reprochant à ces derniers d'avoir enterré, par leurs heurts sanglants, l'accord de la Mecque du 8 février devant aboutir à un gouvernement d'union nationale ?
Non, bien sûr. Les Palestiniens ne sont pas, en tout cas, les seuls responsables de la détérioration de la situation dans leurs territoires. Ils en sont, en réalité, les victimes. La responsabilité de ce chaos incombe d'abord aux Israéliens, qui maintiennent leurs voisins palestiniens sous un implacable blocus, tout en poursuivant leurs attaques dites «ciblées» contre des activistes islamistes.
La responsabilité de ce drame incombe aussi à la Ligue des Etats arabes, qui a apporté la preuve, s'il en est encore besoin, de son incapacité à gérer les crises qui surviennent chez l'un de ses membres, abandonnant les Palestiniens à leur triste sort après les avoir poussés vers des postures intransigeantes et jusqu'au-boutistes, instrumentalisant au passage leur cause au gré des conjonctures politiques régionales et internationales.

Connivence de la communauté internationale avec Israël
La responsabilité incombe surtout à la communauté internationale, qui hésite encore à faire pression sur l'Etat hébreu afin qu'il respecte la légalité internationale, mette fin à la colonisation et accepte de revenir à la table des négociations. Par «communauté internationale», nous désignons bien sûr les Nations Unies, mais, surtout, les Etats-Unis et l'Union Européenne, principaux soutiens d'Israël, qui ont refusé jusqu'au bout de reconnaître le gouvernement du Hamas, pourtant démocratiquement élu, et sont allés jusqu'à couper les aides aux populations des territoires qui en ont grandement besoin. Ce gel des aides européennes et américaines a privé, en effet, les Palestiniens de précieux subsides et quelques 500 000 fonctionnaires de leur salaire, entraînant une radicalisation de la société et des clivages politiques.
Le budget palestinien, structurellement déficitaire du fait des bouclages israéliens, a été privé également par Israël d'un tiers de ses recettes. Quelque 600 millions de dollars, produit des taxes et des droits de douane palestiniens, sont ainsi retenus en toute illégalité par l'Etat hébreu. Ce budget permettait le versement des salaires de plus de 150 000 fonctionnaires. Un million de Palestiniens vivaient grâce à cet argent.
Le comportement de la «communauté internationale» et sa décision d'asphyxier économiquement les Palestiniens, à moins d'un renoncement unilatéral de leur part à la «violence» et d'une reconnaissance officielle d'Israël par le gouvernement du Hamas - sans qu'aucun geste ne soit exigé de l'Etat hébreu -, masque en réalité un manque de volonté de sa part de négocier. Alvaro de Soto, l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU au Moyen-Orient, le souligne dans son rapport confidentiel de fin de mission, daté du 5 mai et révélé le 13 juin par le quotidien britannique ''The Guardian'', en citant Colin Powell, ancien secrétaire d'Etat américain, qui disait : «Vous ne pouvez négocier lorsque vous dites à l'autre partie ''Donnez-moi ce à quoi des pourparlers vont aboutir avant que ceux-ci ne commencent''».
En enjoignant au Hamas de reconnaître Israël sans condition, tout en feignant d'oublier les résolutions onusiennes, notamment la 181, qui avait offert à l'«Etat arabe» de Palestine 44 % du territoire de la Palestine mandataire, et la 194, qui reconnaît aux réfugiés palestiniens le droit au retour, ou à une compensation, les Etats-Unis, l'Union européenne et l'Occident en général continuent à s'enfermer dans une attitude des «deux poids, deux mesures», qui justifie les crispations des Arabes et des Musulmans, et particulièrement des membres du Hamas, accentuant leur sentiment d'injustice. «La communauté internationale devra enfin faire la preuve du sérieux de ses propres résolutions après quarante ans de connivence avec Israël», écrit Bruno Guigne, auteur de ''Proche-Orient : la guerre des mots'' (éd. L'Harmattan, Paris, 2003), dans un article mis en ligne le 27 mars 2006 sur le site www.oumma.com.
«Nous aurions peut-être dû soutenir ce gouvernement unitaire dès le début, que nous ayons été sceptiques ou pas», a déclaré, vendredi, le ministre des Affaires étrangères français, Bernard Kouchner, à propos du gouvernement d'union Fatah-Hamas, que les Etats occidentaux ont unanimement décidé de boycotter à l'instigation de Washington et Tel Aviv.
«L'Occident aurait dû saisir sa chance dès les élections de janvier 2006 pour essayer d'intégrer le Hamas dans un processus démocratique plutôt que d'essayer de le tenir à l'écart», a estimé, de son côté, Nils Butenschon, spécialiste du Moyen-Orient au centre pour les droits de l'homme de l'Université d'Oslo. «La situation aurait été très différente aujourd'hui», a-t-il ajouté. «Si le Hamas avait été accepté, s'il avait reçu des fonds internationaux, il aurait certainement assis son contrôle sur Gaza, mais d'une manière bien moins violente», a renchéri son collègue Stein Tonnesson, directeur de l'Institut de recherche pour la paix d'Oslo.
De pareilles déclarations vont se multiplier au cours des prochains jours. Mais si elles permettent à leurs auteurs de se donner bonne conscience à peu de frais, elles n'aideront pas à rétablir la situation dans les territoires palestiniens, ni d'y changer radicalement la donne, en redonnant espoir aux Palestiniens et en obligeant les Israéliens à desserrer leur implacable étau sur une population au bord de l'asphyxie physique et morale et dont le désespoir grandissant risque de pousser vers des postures encore plus radicales, suicidaires et autodestructrices.

Deal or not deal with Hamas
On peut critiquer le Hamas, son idéologie fondamentaliste, ses pratiques violentes, ses liens - avérés ou présupposés - avec l'Iran. On peut reprocher à ses dirigeants une certaine propension à l'intransigeance et au refus du dialogue. On peut refuser de serrer la main à ses chefs ou de coopérer avec eux d'une manière ou d'une autre. On peut, à la limite, regretter son entêtement à refuser de reconnaître - officiellement et explicitement - l'Etat d'Israël, position qui lui vaut, ainsi qu'à l'ensemble du peuple palestinien, le boycott de la «communauté internationale» ? Mais ne doit-on pas essayer d'abord de comprendre les raisons de ce refus ?
Le Hamas sait que l'OLP et le Fatah ont accepté de reconnaître Israël et sont même allés très loin dans les négociations de paix avec l'Etat hébreu, multipliant les reculades et les concessions, sans rien obtenir en échange, ni Etat palestinien ni capitale à Jérusalem-Est, ni, non plus, l'acceptation par Israël de sa responsabilité dans l'exode des Palestiniens de 1947-1949, ni a fortiori celle du principe du «droit au retour» (ou à des compensations) des cinq millions de réfugiés palestiniens chassés de leurs terres par les bandes de l'Irgoun et de la Hagana.
Pis: Yasser Arafat, le chef historique du Fatah et de l'OLP, qui a accepté de faire les concessions les plus douloureuses pour lui et pour son peuple, a été combattu par Israël jusqu'aux derniers instants de sa vie. Il semble même avoir été empoisonné par les services israéliens, dont les responsables avaient exprimé publiquement, à maintes reprises, leur intention de mettre fin à ses jours. Les médecins français qui ont accompagné le défunt leader palestinien dans sa longue agonie en savent sans doute quelque chose sur les causes réelles de sa mort brutale.
Le successeur d'Arafat, Abou Mazen, qui avait longtemps été le préféré des Etats-uniens et des Israéliens, n'a pas eu droit à plus de considération de la part de ces derniers. L'arrivée au pouvoir du mouvement islamiste, à l'issue des élections législatives de janvier 2006, n'est-elle pas d'ailleurs la conséquence de son échec à réaliser le moindre des objectifs qu'il s'était assigné ?
Et comme pour achever de désespérer les Palestiniens, le Premier ministre israélien Ehoud Olmert avait annoncé, en mars 2006, un programme de retrait unilatéral, stipulant qu'Israël entendait conserver quelque 36,5 % de la Cisjordanie, sans compter Jérusalem-Est ni la vallée du Jourdain. A savoir entre 40 % et 50 % des 22 % de la Palestine «historique» sur lesquels Arafat avait espéré créer un Etat palestinien...
Quand ils parlent de l'intransigeance du mouvement islamiste palestinien, les médias occidentaux passent en silence (volontairement ?) les nombreuses concessions, idéologiques et politiques, que ce mouvement a faites au cours des dix dernières années. Ainsi, dès 1995, le cheikh Ahmed Yassine, fondateur du Hamas en 1987, avait proposé à Israël une «trêve de longue durée» en échange d'un Etat palestinien en Cisjordanie et à Gaza. Il a précisé, peu de temps avant sa mort, qu'il laisserait, en ce cas, «le reste des terres occupées à l'histoire». Après son assassinat, le 22 mars 2004, par l'armée israélienne, alors qu'il rentrait de la mosquée sur sa chaise roulante (comble de l'horreur !), son offre a été réitérée par les principaux dirigeants du Hamas.
Mieux: depuis son accession au pouvoir, en janvier 2006, à l'issue d'élections démocratiques dont la communauté internationale avait loué la transparence, le mouvement islamiste palestinien a multiplié les «petites phrases» qui expriment une reconnaissance de facto de l'Etat hébreu, en invoquant la solution dite des «deux peuples, deux Etats» et les résolutions de l'ONU sur la Palestine, qui stipulent toutes cette reconnaissance. Le mouvement a même accepté, quoique de manière tacite, un partage de la Palestine historique sur la base des frontières antérieures à la guerre de 1967. Dans un récent entretien au quotidien français ''Le Figaro'', Ismaïl Haniyeh, premier ministre du Hamas déchu, a réitéré qu'il voulait un Etat palestinien dans les frontières de 1967 et répété qu'il était prêt à respecter tous les accords signés par l'Autorité palestinienne.
«Cette ''acceptation tacite'' d'Israël, il avait fallu vingt ans pour que le Fatah d'Arafat l'officialise», écrit Paul Delmotte dans ''Le Monde diplomatique'' de janvier 2007. «Par la pusillanimité dont elle a fait preuve depuis, l'Union européenne n'est pas sans responsabilités dans le naufrage des négociations qui ont suivi cette concession majeure. Face à l'intransigeance maintenue d'Israël, face à l'exacerbation des tensions régionales, le défi se fait de plus en plus pressant pour une ''communauté internationale'' qui semble s'interdire d'essayer de bâtir un avenir sur cette reconnaissance de facto d'Israël par le Hamas», ajoute Delmotte.
«Le Hamas évoluait et pouvait encore le faire et nous devions l'encourager dans cette évolution, de sorte qu'un dialogue puisse s'instaurer dans lequel l'ONU aurait eu un rôle à jouer», a souligné, de son côté, Alvaro de Soto, dans le rapport déjà cité. Avant d'ajouter: «Nous parlons au Hezbollah et nous avons raison de le faire car c'est important et qu'il n'y a pas de solution au Liban sans cette organisation. Ce devrait être la même chose avec le Hamas».
Ni Israël, ni la communauté internationale ne l'ont entendu de cette oreille. On comprend dès lors que le Hamas se soit résolu enfin à mettre un bémol à ses ouvertures, certes ambiguës mais constructives, et à chercher à consolider ses positions sur la scène palestinienne, gardant la reconnaissance explicite d'Israël comme une dernière «carte» dans la perspective d'une éventuelle reprise des négociations de paix.


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