• Un groupe de 5 avocats désignés pour la défense des deux accusés Le procès du président déchu et son épouse débutera demain 20 juin au palais de justice de Tunis. Ce n'est en réalité qu'un côté de l'iceberg, avec des affaires de corruption et de détournement de fonds, car l'accusé comparaîtra pour d'autres affaires devant le tribunal militaire. Concernant l'audience de demain, elle se déroulera devant la chambre criminelle du tribunal de première instance. Le bâtonnier, sur requête du tribunal avait commis deux avocats d'office pour assurer la défense du président déchu et de son épouse, à savoir : Me Abdessatar Messaoudi et Me Rached Fray. Or Ce dernier vient d'annoncer son désistement, sans pour autant faillir à son devoir, en tant que secrétaire général de l'ordre d'assurer le suivi de cette affaire, afin que soient préservés les droits de la défense auxquels chacun peut prétendre, de manière inconditionnelle et abstraction faite des charges qui peuvent peser sur lui ou de la nature des actes qu'il aurait pu commettre. Nous avons contacté Maître Rached Fray qui a bien voulu nous donner les précisions suivantes à ce sujet. -Le Temps :Qui vous a désigné en tant qu'avocat commis d'office? -Me Fray : La procédure est la même pour tout le monde : L'avocat d'office est désigné par l'ordre des avocats, sur réquisition du président du tribunal. C'est suivant cette procédure que j'ai été désigné dans cette affaire ainsi que mon confrère Abdessatar Messaoudi. En l'occurrence c'est le président de la section de Tunis (car il y a un seul barreau et des sections à travers les villes de la République, et non plusieurs barreaux comme c'est le cas en France par exemple) qui a procédé à cette désignation. -Le Temps : L'avocat concerné est-il consulté préalablement par l'ordre, pour requérir son avis, et peut-il refuser ? Me Fray : non, l'avis de l'avocat concerné n'est pas requis par l'ordre et en principe il n'a pas le droit de refuser en vertu du serment qu'il a prêté de veiller à contribuer à la consolidation du droit a défense. Toutefois, en cas de refus, il est tenu d'en préciser les motifs qui l'ont incité à le faire. En ce qui me concerne j'ai estimé, en mon âme et conscience, de me désister pour des convictions personnelles d'abord et étant donné ma position en tant que secrétaire général de l'ordre national des avocats de Tunisie. -Le Temps : pouvez-vous être plus explicite ? -Me Fray : En tant que secrétaire général, je dois exprimer la position de tous mes, confrères qui ne cautionnent en aucun cas les actes du président déchu et son épouse, et qui oeuvrent à l'abolition des abus et des corruptions et à l'instauration d'une justice publique où tous les citoyens sont égaux devant la loi. Ce sont ces convictions que je défends et qui sont celles de mes confrères que je représente en tant que secrétaire général. -Le Temps : Mais le droit à la défense est le même pour tous. -Me Fray : Absolument, et c'est la raison pour laquelle j'ai œuvré à préserver ce droit pour l'accusé et son épouse dans la présente affaire. J'assurerai par ailleurs, en tant que secrétaire général de l'ordre, la coordination de la défense qui sera assurée par cinq avocats : Me Messaoudi qui a été déjà désigné Me Khémila Me Chabbi Me Beji Ces avocats seront présents le jour de l'audience pour la défense du président déchu et de son épouse. Evidemment ils ne peuvent, pour le moment et en l'absence des accusés qu'enregistrer leur présence. Il faut de toutes les façons assurer les droits de toutes les parties au procès sur un pied d'égalité. Il faut, une rupture totale avec l'ancien régime, afin d'œuvrer à assurer une justice indépendante où personne ne sera au-dessus de la loi.