Mercredi dernier (29 juin), l'Académie des sciences, des lettres et des arts (Beït al Hikma) a organisé un colloque sur le thème : « l'humour dans la littérature arabe et la politique ». Le programme comportait deux séances au cours desquelles un groupe d'éminents professeurs ont pris la parole pour présenter leurs exposés respectifs. L'ouverture a été marquée par l'allocution prononcée par M. Mohamed Talbi, président du Conseil académique de l'Académie des sciences, des lettres et des arts (Beït al Hikma), qui s'est félicité de sa fonction en tête de cette académie et de la confiance qui lui avait été donnée par le ministère de la culture en le chargeant de cette mission. Après quoi, il a présenté le sujet de ce colloque qu'il qualifiait de très important dans la mesure où peu de recherches jusqu'à présent ont été consacrées à se sujet qui mérite d'être pris au sérieux par les chercheurs dans le domaine de la littérature arabe. « L'humour, a-t-il dit, est omniprésent dans la littérature arabe depuis l'ère antéislamique et jusqu'à nos jours en passant par l'époque des Abbassides. Il prend de plus en plus des formes modernes à travers face book et Internet qui regorgent de textes humoristiques ; mais ce n'est pas l'humour gratuit, mais celui qui rappelle le sérieux et qui est au service de la situation, comme le rôle joué par les caricatures et les blagues diffusées lors de la Révolution. Nous sommes un peuple qui aime le rire et la plaisanterie. Nos œuvres littéraires et poétiques ne manquent pas de situations comiques, de satires et d'humour. Les Arabes ont toujours mêlé le sérieux au plaisant, dans l'intention d'amuser et d'instruire à la fois. Dès les Chansons de Asfahani et les Mille et une Nuits, en allant jusqu'à la littérature moderne à travers les romans et les nouvelles, les œuvres théâtrales et cinématographiques, le rire et la gaîté ont toujours existé… » Ensuite, M. Adel Khedher, président de la séance, a cédé la parole au Pr. Tawfik Hamdi qui présenta son exposé sur « le rire entre l'humour et le sérieux dans le livre des Avares de Al Jahadh ». Il a d'abord indiqué le sens étymologique du mot « humour » en présentant un ensemble de définitions de ce concept dans la littérature arabe, en particulier chez Al Jahadh. A son tour, Pr. Rim Mraïdi a analysé dans son intervention la fonction du rire dans le livre de Al Jahadh. Elle a parlé des procédés adoptés par Al Jahadh dans sa satire des Avares de son époque. « Al Jahadh, a-t-elle souligné, a eu recours à deux procédés : la théâtralisation et la caricature pour tourner ses personnages en dérision. Il a ainsi beaucoup travaillé sur les trois genres du comique : le comique des paroles, le comique des gestes et le comique de situations pour faire ressortir un comique de caractère propre à ses personnages que le lecteur peut deviner aisément avec le sourire aux lèvres… » La troisième intervention fut celle du Pr.Foued Fakhfakh qui parla de l'humour de la pauvreté et de celui de la politique. Il cita ainsi de nombreux exemples puisés dans la littérature arabe classique et contemporaine où l'humour est provoqué par la nécessité, le besoin, la faim et la misère. Idem pour l'humour en politique. La deuxième séance, présidée par M.Ahmed Maâroufi, comporta deux interventions. La première a été assurée par Pr. Maher Boussabat et avait pour intitulé : « les quiproquos », ce procédé comique très présent dans les œuvres littéraires, notamment dans les pièces théâtrales, sorte d'équivoque qui consiste à faire prendre une chose, une parole ou une personne pour une autre et qui suscite le rire chez le public. Pour finir, Pr. Adel Khedher a présenté son exposé sur les héros politiques au temps de la comédie qui fut suivi d'un débat.