Le Temps-Agences- La France a cherché hier à accentuer la pression sur le Conseil de sécurité de l'ONU, dont elle juge le silence sur la Syrie "insupportable" et veut de nouveau convaincre la Russie de se rallier à une résolution condamnant la répression contre les manifestations. "La France a déposé avec d'autres pays européens une résolution devant le Conseil de sécurité des Nations unies qui est bloquée par la Russie et la Chine", a déclaré sur la radio Europe 1 le Premier ministre français, François Fillon. "Ca n'est plus acceptable", a-t-il ajouté. "Le silence du Conseil de sécurité des Nations unies sur la Syrie devient insupportable", a-t-il ajouté. Quatre pays européens (Grande-Bretagne, France, Allemagne, Portugal) ont déposé depuis plusieurs semaines à New York un projet de résolution du Conseil de sécurité condamnant la répression en Syrie et appelant à des réformes politiques dans le pays. Pour François Fillon, les "agressions extrêmement violentes" qui ont visé lundi les ambassades de France et des Etats-Unis à Damas montrent que le régime du président Bachar Al-Assad "est dans une fuite en avant". "Nous essayons de convaincre les Russes notamment qu'il n'est pas acceptable que le Conseil de sécurité laisse se produire ce qui est en train de se produire en Syrie", a précisé le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé sur une autre radio, France Info. Alliée de longue date de la Syrie, la Russie prône une non-ingérence dans les affaires de ce pays et dénonce régulièrement la façon dont les Occidentaux appliquent la résolution 1973 sur la Libye, qui a permis le 19 mars dernier le déclenchement de bombardements contre les troupes fidèles à Mouammar Kadhafi. Les responsables occidentaux répètent cependant que la situation des deux pays n'est pas comparable et qu'il n'est pas question d'une intervention militaire en Syrie. Paris veut aussi que le Conseil de sécurité de l'ONU se prononce sur les attaques lancées lundi contre son ambassade à Damas et contre celle des Etats-Unis. François Fillon a déclaré hier à l'Assemblée nationale que la France tenait "les autorités syriennes pour responsables de la sécurité de (ses) représentations et de leurs agents" et assuré que Paris ne "céderait pas aux intimidations". "Ce qui s'est produit à Damas autour des ambassades de France et des Etats-Unis contrevient à toutes les règles diplomatiques", a déploré le Premier ministre, pour qui "il est intolérable qu'avec l'évident assentiment des autorités syriennes, des ambassades soient violemment attaquées". Des partisans du régime syrien ont attaqué lundi, pour la deuxième fois en trois jours, les ambassades des Etats-Unis et de France à Damas, pour dénoncer la visite en fin de semaine dernière de leurs ambassadeurs dans la ville rebelle de Hama (Centre). A l'ambassade de France, les gardes de sécurité ont effectué trois tirs de sommation pour empêcher des intrusions dans le périmètre de la représentation diplomatique, dont trois agents ont été légèrement blessés. De son côté le ministère syrien des Affaires étrangères a dénoncé hier "vigoureusement" les déclarations de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, y voyant un acte d'"ingérence dans les affaires syriennes". "La Syrie dénonce vigoureusement les déclarations de la secrétaire d'Etat américaine, qui constituent une preuve supplémentaire de l'ingérence flagrante des Etats-Unis dans les affaires intérieures syriennes", a indiqué le ministère dans un communiqué. "La direction politique (syrienne) ne tire pas sa légitimité des Etats-Unis mais uniquement de la volonté du peuple syrien qui exprime quotidiennement son soutien et son appui à cette direction et aux réformes de fond qui font l'objet d'un dialogue" national, ajoute le texte. "Les relations entre les pays sont basées sur le principe de la non-ingérence. La Syrie s'attend à ce que les Etats-Unis et leurs émissaires s'engagent à respecter ce principe, et à s'abstenir de tout comportement susceptible de provoquer les sentiments des Syriens et leur attachement à leur indépendance nationale".