J'accuse les censeurs de la pensée, les assassins de la liberté d'avoir brandi le glaive de la violence et terni le printemps. J'accuse les semeurs de haine, les forces aveugles d'avoir menacé les libres penseurs. J'accuse les fanatiques intransigeants, les incendiaires de l'art d'avoir proféré des invectives, tenu des propos orageux et promis la mort aux créateurs. J'accuse certains d'avoir vendu leur âme pour devenir les bras castrateurs du dogmatisme. J'accuse les bonimenteurs d'un règne révolu d'avoir attisé l'enfer de l'intolérance et semé la zizanie. J'accuse les opportunistes de se grimer en révolutionnaires et de manier l'hypocrisie et le mensonge. J'accuse certains orateurs de prononcer des discours victimaires et enflammés pour susciter des réactions brutales. J'accuse ces discoureurs aux déclarations pompeuses d'anesthésier l'auditoire, de le manipuler et de semer la discorde. J'accuse certains scribes d'être partiaux et de soutenir les fauteurs de troubles. J'accuse certains d'avoir renié leurs convictions, leur passé, leurs écrits pour des intérêts électoralistes. J'accuse certains responsables de partis de glaner des votes et de se désintéresser des préoccupations véritables des votants. J'accuse les emportés, les agressifs, les véhéments, les passionnés pour l'outrance de leurs propos. J'accuse les « nouveaux prophètes » de proposer aux femmes un linceul et de programmer le retour aux temps immémoriaux de la décadence. J'accuse les obscurantistes de s'opposer à un projet de société moderne et démocratique, de vouloir imposer leurs pulsions sexistes haineuses. J'accuse ces fanatiques de rabaisser, de mépriser, de dédaigner leurs mères, sœurs, épouses et de s'autoproclamer les défenseurs du genre humain. J'accuse certaines victimes conditionnées de se faire l'écho d'un discours fallacieux et dégradant. J'accuse les irresponsables d'avoir fait des mosquées des lieux de propagande haineuse pour servir des intérêts personnels. J'accuse ces démagogues de violer la sérénité de ces lieux de méditation pour en faire des espaces de manipulation intellectuelle. J'accuse ces manipulateurs de se focaliser sur une interprétation erronée et étriquée de la religion. Je les accuse de faire de la femme l'unique argument de leur propagande. Ainsi, à toutes les questions économiques et sociales, répondent-ils en désignant le corps féminin comme responsable de tous les maux ; un désir bien conscient et une ruse diabolique pour dévier le débat J'accuse les forces obscures de bannir de leur langage les termes révolutionnaires cruciaux de « démocratie », « liberté », « égalité », « parité », « justice », « laïcité »… J'accuse ceux qui étaient tapis dans l'ombre au moment où les révolutionnaires clamaient leur colère de vouloir profiter de la démocratie pour la combattre. Je les accuse de n'avoir aucun projet viable pour sauver la nation de la dérive. J'accuse tous ceux-là de trahir le combat, les attentes et les aspirations du peuple et le pacte révolutionnaire. Tounès THABET Doula76 [email protected]