Lors de la prochaine élection de l'assemblée constituante du 23 octobre 2011. Ennahdha n'aura pas le suffrage salafi, au moins à Bizerte. A la question de savoir vers qui ceux-ci se tourneront, la réponse tombe comme un couperet : personne. Les salafis n'iront pas voter puisqu'ils ne se sentent pas représentés par les partis politiques en lisse, Nahdha y compris. Le seul parti à trouver grâce à leurs yeux est le Hizb-o-Tahrir, mais ce dernier n'a pas été reconnu par l'Etat, ce qui ne lui donne pas accès au vote. Pourtant il n'est pas question pour les salafis bizertins d'adopter Ennahdha comme alternative ou comme substitution. Car l'agenda politique « nahdhiste » n'est pas le leur. La parti de Rached Ghannouchi accepte le principe de démocratie, et prône même le maintien du droit des femmes par exemple. Or, pour les salafs, la législation légitime est celle qui provient de Dieu (Shari'a), accepter la démocratie, c'est accepter que l'homme produise lui-même sa législation, et cela les frères ne l'admettent pas. Ainsi, pour eux, voter pour les représentants locaux du parti de Ghannouchi, ou pour ceux du parti communiste de Hama Hammami, le POCT (Parti des Ouvriers Communistes Tunisiens), cela revient exactement au même. L'établissement d'un émirat (en attendant le rétablissement du khalifat une fois tout le monde musulman unit), la restauration de la Shari'a, la certitude d'une confrontation finale entre les civilisations musulmane et non-musulmane, sont les principaux axes de la réflexion politique du mouvement salafi. Ce qui n'est pas le cas d'Ennahdha. Le 23 octobre 2011 à Bizerte, sera sans doute un jour comme les autres pour les salafis, conscients du vote et des enjeux qui vont avec, mais aussi totalement indifférents.