Hier, Hamma Hammami a tenu une conférence de presse pour informer l'opinion publique des décisions du congrès du parti qui s'est terminé lundi. Après avoir donné des chiffres et des pourcentages relatifs au nombre des congressistes, à leurs secteurs d'appartenance, à la représentativité des jeunes et à la présence de la femme, le conférencier a commencé par exposer les contenus des rapports et des recommandations du congrès qui, d'après lui, a permis au parti de se revigorer, de se faire une bonne santé. Front commun contre les ennemis de la Révolution La recommandation politique a traité la situation générale régnant dans le pays et la nécessité pour le Parti de continuer sa lutte pour réaliser les tâches suivantes de la Révolution. Les 234 congressistes ont discuté des défis auxquels est confronté le peuple tunisien et l'importance de l'union des forces démocratiques et révolutionnaires pour faire face aux forces de rétention et assurer l'aboutissement du processus démocratique. « Il est impératif que nous luttions pour l'autonomie de la justice, que nous continuions à dénoncer les tortionnaires du ministère de l'Intérieur, cette vieille garde du régime déchu qui continue à terroriser les citoyens, et que nous soyons vigilants face à l'argent politique pour garantir la réussite des élections, a souligné Hammami. L'union démocratique peut revêtir plusieurs formes, elle peut être un forum, un front ou bien une coalition, notre main reste tendue à tout le monde, a-t-il enchaîné ». Les congressistes ont également discuté d'autres questions comme le problème syndical, la cause palestinienne et la loi fondamentale. La révision de celle-ci et son amélioration s'imposent étant donné qu'elle doit concrétiser la transition de la clandestinité à la légalité. L'amalgame inculqué Le changement de la dénomination du Parti était aussi au cœur des débats. « Il est à préciser que ces débats qui ont commencé bien avant le congrès ne portent pas sur le fond, il n'est aucunement question pour nous de faire plaisir à l'opinion publique ou bien de nous départir de notre idéologie, a affirmé Hamma Hammami. L'idée de changer l'appellation du Parti nous a été inspirée par l'amalgame ancré dans certains esprits entre communisme et athéisme, cela leur est inculqué par des parties malintentionnées qui, pour gagner leur confiance et surtout leurs voix, font usage de moyens malsains. Ils essayent de déformer le communisme et le présenter sous la forme d'un monstre en occultant délibérément son aspect purement humain : le communisme respecte profondément les croyances des gens qu'il considère comme relevant de la sphère privée, il ne s'intéresse qu'aux questions économiques, sociales, politiques, culturelles…, tout ce qui concerne la vie de l'homme en société, son seul souci c'est son bonheur, il oeuvre à l'émanciper, à mettre fin à l'exploitation de l'homme par l'homme, a déclaré Hammami. Faute d'arguments, ses ennemis usent de la carte religieuse et lui collent l'étiquette de l'athéisme, ils ne sont pas capables de l'affronter sur les autres terrains, en fait, il s'agit là d'une vieille méthode qu'utilisait le colonialisme au siècle précédent, a-t-il ajouté. » Certains congressistes ont maintenu la dénomination du Parti arguant du fait que celui-ci a réalisé des victoires et que des militants étaient torturés et exécutés sous la bannière du communisme. Donc, d'après eux, maintenir l'appellation c'est respecter l'histoire et conserver la mémoire de tous ces militants. Toutefois, on s'est mis d'accord de reporter la discussion de cette question à d'autres occasions et de s'occuper pour l'instant à continuer le combat. Une nouvelle organisation Ce premier congrès public transitoire a apporté des nouveautés au niveau de l'organisation au sommet: une direction nationale élue constituée de vingt-et-un membres a supplanté les anciens comités central et politique, et Hamma Hammami est nommé, pour la première fois dans l'histoire du Parti, secrétaire général et non plus porte-parole. Concernant les journées culturelles organisées en marge du congrès et les conférences économiques et politiques qui les ont animées, celui-ci a mis en évidence l'admiration exprimée par les trente six invités du Parti pour la profondeur des discussions et le niveau de conscience affiché par la jeunesse de la Tunisie. Le nouveau secrétaire général du Parti des Travailleurs a enfin adressé une critique à l'endroit de la presse. Il a estimé qu'elle était quasiment absente lors de ces journées culturelles qui ont attiré un public très important aussi bien quantitativement que qualitativement.