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«Ceux qui ont profité de l'ancien régime veulent faire capoter les élections libres et démocratiques» Elections - Kamel Jendoubi, président de l'Instance Supérieure indépendante pour les élections :
Kamel Jendoubi, militant des droits de l'Homme, a été contraint à l'exil pendant 17 ans pour son engagement et son militantisme dans les domaines de l'immigration notamment en Europe, en particulier, en France et pour sa défense des droits de l'Homme et des liberté fondamentales. Rentré en Tunisie, après la Révolution, il a été choisi comme membre du Comité supérieur de la réalisation des objectifs de la Révolution et élu président de l'Instance Supérieure indépendante pour les élections de la Constituante le 23 octobre 2011. Invité, M.Jendoubi nous parle, ici, de l'opération d'enregistrement sur les listes électorales des difficultés rencontrées par l'Instance et d'autres questions liées à cette opération. Interview. Le Temps : Comment se déroule l'opération d'enregistrement des élections pour l'élection de la Constituante le 23 octobre prochain ? - Kamel Jendoubi : Mardi 9 août, à 15 heures, on a enregistré 2.949.590 millions d'inscrits ce qui représente 42% du corps électoral potentiel. Notre objectif est d'atteindre d'ici le 14 août, jour de clôture des inscriptions, 50% du corps électoral. Bien sûr, c'est un pourcentage en deçà de notre objectif mais c'est un pourcentage honorable. • Comment cela ? - Il faut tenir compte de plusieurs facteurs : c'est la première fois que le Tunisien s'inscrit sur les listes électorales volontairement et prend acte de sa citoyenneté librement sans aucune pression. Il s'inscrit dans ce processus d'une manière volontaire et c'est très important il tourne définitivement la page du passé et rompt avec les méthodes de l'ancien régime. Le pourcentage de 50% est, donc, très significatif. Il montre la maturité en politique du Tunisien et c'est très encourageant c'est la rupture totale avec les anciennes méthodes utilisées, lors des précédentes élections. Certes, on aurait espéré un pourcentage plus élevé mais il ne faut pas oublier la pression du temps et le fait que c'est la première expérience d'élections libres et démocratiques en Tunisie. • Mais l'autre moitié du corps électoral auront-ils le droit de voter alors qu'ils ne sont pas inscrits sur les listes électorales ? - Bien sûr, que si, et je n'ai jamais déclaré le contraire. Je rappelle ici que le décret-loi régissant ces élections stipule dans l'article 3 que l'électeur s'inscrit volontairement sur les listes électorales en se présentant aux bureaux d'enregistrement muni de sa carte d'identité nationale en cours de validité et choisit le bureau de vote. Au contraire, ceux qui ne sont pas inscrits volontairement sur les listes électorales seront inscrits automatiquement sur ces listes, selon les indications, notamment leurs adresses consignées sur leurs pièces d'identité. Mais comme ils ne se sont pas inscrits volontairement ils n'auront pas la possibilité de choisir le bureau de vote. Il leurs sera indiqué sur les listes électorales en se basant sur leurs adresses, ceci est stipulé dans l'article 6 du décret de loi. • Revenons à l'opération d'enregistrement. Quelles sont les difficultés qu'a rencontré l'Instance en menant cette opération ? - Au départ, la base des données sur le corps électoral nous a posé énormément de problèmes. Les noms des inscrits sur les listes électorales et qui sont décédés n'ont pas été retirés. L'ancien régime faisait voter les morts. Il y a huit millions quatre cent mille inscrits sur les listes électorales alors que le corps électoral potentiel n'atteint que les 7 millions. Il y a aussi les difficultés matérielles. Il nous fallait mettre en un laps de temps court une infrastructure nouvelle avec une administration et un personnel compétents. En Tunisie en a des compétences pratiquement dans tous les domaines mais on n'a pas de vrais compétences spécialisées dans le domaine des élections. C'est une première expérience et il nous fallait donc recruter et former. Nous avons reçu 4.000 demandes, nous avons recruté 378. Il nous fallait aussi trouver des locaux pour les comités régionaux des élections et aussi du personnel pour ces comités. Bref, on a réussi à cerner ces difficultés et beaucoup de volontaires nous ont aidé. • Et sur le plan financier, certains dénoncent le coût élevé de l'opération d'enregistrement alors qu'avec la carte d'identité le citoyen peut voter sans passer par la phase d'enregistrement. - En s'inscrivant sur les listes électorales, volontairement, le citoyen prouve sa citoyenneté et c'est très important. Beaucoup de personnes se sont inscrits pour la première fois de leur vie et c'est très significatif. En plus, il n'y a pas de démocratie sans finances. Les dépenses utiles s'imposent pour mener à bien l'opération. • Combien ça va coûter pour les contribuables ces élections ? - Selon les critères internationaux entre 3 et 15 dollars par habitant. Retenons le chiffre de 3 dollars ça ne nous coûtera entre 40 et 50 millions de dinars. • A ce qu'on dit, il y a des parties qui oeuvrent pour l'annulation de ces élections. Qu'en pensez-vous ? - Ceux qui ont profité de l'ancienne dictature n'ont pas intérêt à ce que se déroulent en Tunisie des élections libres transparentes et démocratiques. Il y a aussi les pessimistes éternels et les nostalgiques. Ils font partie d'une stratégie de déstabilisation. Il y a ceux qui n'ont jamais accordé une quelconque confiance au peule tunisien ils étaient choqués que ce peuple puisse faire une véritable révolution. Ils sont indignés les pauvres. Aujourd'hui, il faut de la vigilance pour contrer ces déstabilisateurs et nous avons confiance en ce peuple. Pour ce qui est de l'Instance, nous allons saisir la justice contre ceux qui sans preuve mettent en cause sa crédibilité et son indépendance. Interview réalisée par Néjib SASSI