Il reste 50 jours au démarrage de la campagne électorale pour l'élection de l'Assemblée constituante et dix semaines à l'échéance électorale du 23 octobre. Déjà, les pronostics et les surenchères font jour à propos des résultats de cette élection. Le baromètre politique de l'institut Sigma Conseil pour le mois d'août indique que trois partis politiques se détachent dans les intentions de vote. Il s'agit d'Ennahdha, du PDP et d' Ettakatol (FDTL). En effet, avec 21.1% d'intentions, Ennahdha serait en tête. Elle serait suivie du PDP avec 10.4% et Ettakatol en nette progression avec 8.8%. Les autres partis feraient entre 1 et 2%. Cette étude a été réalisée par téléphone, sur un échantillon de 1450 personnes représentatif de la population tunisienne en âge de voter. (Méthode des quotas). Toutefois, tout en occupant la tête du classement des intentions de vote, Ennahdha est aussi en tête des partis les plus rejetés avec 17.7% des sondés qui déclarent ne jamais voter pour ce parti, suivie par le POCT avec 13.7%. Par ailleurs, ces indications sont à prendre avec une extrême précaution, tant le nombre d'indécis est élevé (près de 45%). Et si les indécis optaient pour les indépendants et les nouveaux partis ne faisant pas partie du club des grands ? Pourra-t-on parler de petits partis s'ils réussissent à totaliser jusqu'à 45% des voix ? A la lumière de ces résultats, sur 217 sièges dont 18 consacrés aux Tunisiens résidents à l'étranger, la projection en nombre de sièges octroie 73 élus à Ennahdha, 40 à Ettakatol et 37 au PDP, ce qui représente les trois quarts des sièges à pourvoir. Les scénarios d'alliance à l'assemblée constituante sont nombreux. On peut imaginer une alliance entre démocrates (PDP, Ettakatol, Ettajdid, AFEK,..) et les nouveaux destouriens (Watan et Initiative) qui pourraient avoir la majorité. Mais il pourrait y avoir des surprises, note Sigma Conseil, avec des alliances entre Ennahdha et le PDP ou Ennahdha et Ettakatol. La majorité absolue serait atteinte dans les deux cas. C'est un fait qu' Ennahdha brasse en aval en recrutant auprès des déshérités alors que le PDP brasse en amont. Ce dernier souffre d'une suspicion à cause des problèmes de financement. Il a perdu du terrain. Ettakattol de Mustapha Ben Jaâfar en gagne avec l'image d'un socialisme libéral, proche de la vision du monde des Tunisiens. On remarque la montée de Kamel Morjane dont le parti est dirigé par un bureau qui n'a pas de coloration régionale sahélienne. Est –ce une façade, surtout si les sahéliens votent pour lui. Rien n'est fait et le jeu des pronostics continuera de plus belle jusqu'à la veille des élections.