Guy Bedos a dit que « l'humour, c'est la politesse du désespoir ». Et c'est dans cet esprit que le super imitateur Hédi Weld Baballah nous a présenté son dernier one man show à la Basilique en présence d'un public très nombreux venu le redécouvrir après des années d'absence. « 3300 » c'est le titre du travail théâtral écrit en prison et c'est aussi son numéro de prisonnier innocent, qui lors de son arrestation a perdu une idée, son idéal bien sûr. Cette idée a été volée par ceux qui l'ont arrêté. Hédi Weld Baballah a organisé son jeu en trois tableaux ; dans le premier, il a sévèrement critiqué les conditions politiques et sociales de la Tunisie du président déchu Zaba avec un ton comique très fort, cocasserie des situations et répliques au vitriol. Il n'a pas manqué d'appeler le Président américain Obama pour protester et réclamer ses droits volés par la mafia des Trabelsi. Le second tableau se déroule lors de la révolution du 14 janvier alors qu'il est libéré de son emprisonnement, il s'attaque aux médias et exclusivement aux chaînes de télé du monde et du pays réclamant toujours son idée évaporée tout en présentant son point de vue sur la révolution du siècle avec un humour noir et grinçant. Une solide thérapie contre la morosité. Enfin Hédi Weld Baballah se présente aux élections présidentielles et atteint son objectif. Beaucoup de promesses pour un futur Etat idéal et un régime démocratique pour satisfaire tout le peuple où personne ne protestera et ne dira non, ni dégage. Hédi Weld Baballah, dans son show intelligent, plaisant et malicieux, a utilisé toutes les techniques audiovisuelles pour tenir l'attention du public qui a vécu des moments délicieux et vraiment chaleureux. L'humour grinçant du comédien, son engagement politique prononcé et la virulence de ses propos n'entachent en rien son éloquence de toujours. Fidèle à lui-même, l'œil rieur, malicieux et insolent, il nous a donné sous forme de « best off » le plus caustique et le plus drôle de son one man show : des sketchs politiques, sa mère, le racisme, le psy et la drogue, les élections… le tout agrémenté par la projection sur écran géant des événements et des personnalités politiques (Kaddafi, Gannouchi, Saddam, Obama, Roi saoudien…). Si vous pensez que le monde ne tourne plus en rond et qu'il n'y a pas lieu d'un rire, alors laissez-vous emporter par cette tornade d'humour noir.