Le Festival International de Tabarka a pu ouvrir ses portes le vendredi 5 août 2011, non sans difficultés et hésitation avec un spectacle de l'enfant d'adoption de la cité du corail, Nabil Mihoub qui a bouleversé la vie culturelle lors de la deuxième moitié des années 80 et surtout le domaine théâtral avec l'association Théâtre khmir et avec une production prolifique : (Borjek youarri, kleeneks...). Cette fois-ci c'est pour donner le coup d'envoi de la 49 ème édition du festival avec un spectacle intitulé « Opéra Nsawin » (femmes), mis en scène de Nabil et Daly Mihoub, musique de Khaled Snoussi (Tigana). Il s'agit d'un show où musique, chant et danse permettent à un ensemble de femmes de s'exprimer en chantant avec beaucoup de liberté et d'audace sur les événements avant et après la révolution dans un esprit ironique. Elles sont accompagnées par une troupe musicale et des techniques audio-visuelles. En utilisant une série de chansons (une vingtaine) d'un caractère comique, ces femmes dévoilent leurs relations intimes et amoureuses et évoquent des sujets sociaux et politique. « Opéra Nsawin » a chanté aux festivaliers de Tabarka la révolution tunisienne en jouant des morceaux inédits sans avoir recours au terroir ; ce sont des chansons adaptées de l'œuvre de Abderrahmen el Kéfi (décédé en 1932) et d'autres du réalisateur lui-même. Six femmes ont dominé la scène de la Basilique et ont tout fait pour raviver un espace fermé toute l'année. Dans un mouvement plutôt primaire qui s'oppose à la gestuelle précieuse des personnages terrestres, représentant la société ridicule dont Nabil Mihoub a voulu faire la satire. Il s'agit d'un thème universel : Une histoire d'amour campée dans l'univers féérique du chant, accessible aux enfants, comme à des publics de tous les horizons. Interprétant par la danse une œuvre musicale, l'objectif de la compagnie est de réunir toutes les sensibilités. Facétieux opéra, ils osent tout et ça leur réussit. La recette est simple en apparence, six chanteuses à la virtuosité confondante, une bonne dose d'amour, un poil de variété et une pincée de classique : un mets musical des plus savoureux. Mais la formation va plus loin et offre quelques moments d'une rare émotion. La Basilique, un lieu magique. La force de la cité du corail ne réside pas qu'en sa programmation, mais dans l'adéquation de cette dernière au lieu qui l'accueille. Pour un spectacle réclamant le top des qualités d'écoute, il fallait de véritables temples de silence. La Basilique, notamment son théâtre majestueux sera ce havre de paix. C'est pour son cadre et son calme que le comité directeur a choisi ce lieu magique afin de présenter et vivre cette 49 ème édition qui coïncide avec les nuits ramadanesques. « Qui oserait encore dire que ce lieu n'appelle pas la musique et l'écoute ? » Nous a déclaré Jamel Nasri, reconduit pour une nouvelle édition. Et on l'a dit : cette édition 2011 accueille une fois encore, le haut du panier de la musique après la révolution du 14 janvier. Les mélomanes et les férus du quatrième art auront des moments forts avec Cheb Salih, Angham el Horria, Dorra el Fourti, Soumaia el Hathroubi et Imed Aziez, Hédi Oueld Baballah dans « prisonnier n° 3300 », Jaafar Guesmi, Hadhrat Rjel Tounès avec cheikh Taoufik Doghmen, Mohamed Zaki Darouich de l'Irak, Ouerda Ghodhbane. La pièce théâtrale « Am Salah » de Houcine Amamri clôturera cette édition dédiée aux martyrs de la révolution de la liberté. Mais ce n'est pas tout puisque le théâtre est revenu avec force avec Baba Snichou, Psycho M… et d'autres représentations prévues dans le cadre de l'animation des rues.