Comme à chaque année, le centre culturel de Nabeul vit sous les lumières brillantes d'un bon nombre de ces festivités dont on peut citer le festival de la Médina en harmonie avec l'ambiance générale du mois Saint. Cheikh Ahmed Jelmame inaugura cette manifestation. Soutenus par un chœur de 14 voix, ce munchid a littéralement conquis le public. La musique soufie est spirituelle. C'est une musique de méditation, ses modes expriment un état particulier de l'être et un moment de la vie. Après le hizb Ellatif, Cheikh Ahmed Jalmame essaie toujours d'interpréter des chants envoûtants de grande qualité mélodique et ça coule de source si naturellement que la douceur de son timbre, la poésie de ses paroles et l'originalité de son interprétation finissent par conquérir les mélomanes. Ce grand Munshid traduira à sa manière et en musique le monde des soufis. Les jeunes et les adultes présents qui sont venus l'écouter cet été connaissent par cœur ses chansons. Il emmenait ses auditeurs à travers un dédale de sons vocaux, de jeux subtils entre sa voix et les textes, se faisant conteur, diseur, chanteur. Sa voix à la fois limpide et puissante fait vibrer le public. C'est la recette de ce Cheikh qui avec sa chorale invita l'assistance dans un voyage à travers les envolées du chant soufi. Cheikh Ahmed Jelmame chantait ce soir l'inshad dini (le chant religieux islamique) qui comprend quatre genres différents: l'ibtihalat (une supplication chantée uniquement par le soliste), le tawashih diniyya (poésie religieuse basée sur un échange mélodique entre le soliste et le chœur), les qisas diniyya (histoires religieuses chantées et narrées) et surtout, l'inshad sufi contenant les thèmes de la mystique islamique. Maîtrisant à merveille les techniques d'interprétation des chants mystiques, Cheikh Ahmed Jelmame nous a ravis en interprétant des chants très connus comme « Aleyka Sallalah » Al hamdoulahi ». Il a su plonger l'assistance avec les jeunes qui l'accompagnentdans une belle ambiance où la pureté est le mot clé. Le public ne se lasse pas d'écouter et de chanter avec ce Cheikh. Les applaudissements et les youyous sont lancés instantanément de tous les coins de la salle. Ce grand munshid a su donner de la dimension à son art avec ses ibtihalets. On reconnaît pourtant bien sa voix puissante sur des titres comme « Talaa El Badrou Aleyna », ou, Maoulaya Salli » ». Impossible de rester indifférent à cette belle rencontre fascinante. Le chanteur sait imposer avec douceur sa touche et son empreinte personnelles. Sa voix si douce si imposante cadre avec cette tendance générale de la simplicité. Plutôt qu'une révélation, c'est une communion que le public cherchait. Communion avec le soufisme, les madayahs et les ibitihalets. Le spectacle était beau. Le public ravi par cette touche spirituelle ne pouvait pas rester indifférent.