Zoubeïda Béchir, la grande poétesse nationale, est décédée avant-hier, dimanche 21 août, laissant un grand vide dans les milieux littéraires et poétiques et une vive douleur parmi ses collègues et son public qui l'a tant aimée à travers ses poésies et ses écrits qui ont fait l'objet de plusieurs études critiques à travers les revues et les journaux arabes et tunisiens. Zoubeïda Béchir est née en 1938 à Sakiet Sidi Youssef. Autodidacte, elle s'est instruie et cultivée toute seule, n'ayant jamais fréquenté l'école, jusqu'au jour où elle vit naître en elle la vocation poétique. Ce fut Mustapha Khraief, le poète tunisien, qui l'initia aux techniques poétiques et qui lui prodigua ses conseils en la matière. Elle fut, tour à tour, présentatrice à la Radio, animatrice et productrice entre 1958 et 1984 puis elle se consacra à la littérature. Ses débuts poétiques remontent aux années 50 quand elle s'installa à Tunis avec sa famille. Parmi ses œuvres, on peut citer « Hanine », le premier recueil paru en Tunisie au lendemain de l'indépendance.(1958), un chef-d'œuvre poétique incontestable. Plus tard, elle publia son deuxième recueil intitulé « Ala ». Elle obtint le 1er Prix de poésie de la Radio Arabe de Paris en 1956 et le 1er Prix de la Radio Tunisienne à la même année. Le CREDIF organise chaque année depuis 1995, à l'occasion de la Journée Mondiale de la Femme, un concours des écrits des femmes tunisiennes, connu sous le nom: «Prix Zoubeïda Béchir » pour les meilleures productions littéraires ou scientifiques féminines. Elle vit depuis plusieurs années à l'écart de la sphère littéraire, sans pour autant rompre avec l'écriture, car la poétesse a en sa possession des centaines de poèmes manuscrits qui n'ont pas été publiés, faute de moyens ! C'est que la grande poétesse semble être marginalisée, menant une vie peu aisée, alors que le CREDIF exploite son nom depuis des années pour décerner des prix littéraires, sans jamais penser de porter secours à cette femme, en prenant par exemple en charge les frais de la publication de ses dernières productions qui, croit-on savoir, sont nombreuses ! Lors de sa maladie, il a fallu l'intervention du Ministère de la Culture et du Ministère de la Défense pour la transporter dans un état critique à l'hôpital militaire de Tunis où elle a rendu l'âme après avoir subi en vain des soins intensifs dans une clinique privée. Une grande écrivaine et poétesse tunisienne qui restera sans doute dans la mémoire de tous les amoureux de la poésie.