86 professeurs et 200 élèves demandent le départ du nouveau directeur du lycée d'Hammam-Lif Décidément, le vocable prescriptif « Dégage ! » qui a fait ses preuves au lendemain de la Révolution du 14 janvier, reste encore une arme redoutable utilisée par quiconque cherchait chasser un directeur ou un supérieur indésirable. Rien qu'en éducation, plus de 150 directeurs d'établissements secondaires ont été révoqués à travers le pays au lendemain de la Révolution. De même plusieurs commissaires régionaux de l'éducation ont été démis de leurs fonctions; même ceux qui viennent d'être nommés n'étaient pas épargnés, le dernier cas étant celui de Sidi Bouzid où on avait protesté contre la nomination du nouveau commissaire de l'éducation, l'accusant d'appartenir à l'ancien régime. D'ailleurs, la chasse aux anciens Rcédistes dans le secteur éducationnel a été livrée aussi contre certains responsables ayant depuis belle lurette des postes-clés au sein de ces commissariats régionaux de l'éducation. En effet, des sit-in ont été récemment observés par des enseignants qui revendiquaient le départ de certains fonctionnaires jugés des symboles de l'ancien régime. La nomination des nouveaux directeurs du secondaire qui vient d'être effectuée par le Ministère de l'Education a suscité de vives réactions parmi les enseignants qui ne semblaient pas satisfaits d'avoir tel ou tel directeur à la tête de leurs établissements respectifs. Hier un rassemblement d'enseignants a eu lieu devant le commissariat de l'Education de Ben Arous pour protester contre la nomination d'un nouveau directeur au Lycée de Hammam-Lif. Tous les manifestants demandaient au Ministère de tutelle purement et simplement de revenir sur cette décision, étant donné le mauvais parcours professionnel du dit directeur, de sa mauvaise réputation auprès des collègues, des élèves et de leurs parents et surtout à cause de son appartenance à l'ancien RCD. Ils étaient nombreux à se rassembler dès 9h du matin devant le Commissariat Régional, dont plusieurs syndicalistes venus soutenir les enseignants du Lycée d'Hammam-Lif qui comprend plus de 80 professeurs et plus de 2000 élèves. La foule des manifestants s'est encore grossie avec l'arrivée d'autres groupes d'enseignants venus d'horizons divers du gouvernorat de Ben Arous pour protester contre les directeurs récemment nommés par le Ministère. On parle d'une trentaine de directeurs indésirables, supposés avoir collaboré de près ou de loin avec l'ancien régime. Les manifestants ont adressé une pétition au ministère de tutelle par le biais du Commissariat Régional de l'Education, appelant à un boycottage avec ces directeurs le jour de la rentrée des enseignants (le 14 septembre), au cas où les autorités concernées n'auraient pas remédié à ces gaffes. « Nous sommes disposés à aller jusqu'au bout, ont-ils déclaré, tant que le spectre des anciens Rcédistes est encore là et jusqu'à l'assainissement total de nos établissements des vestiges de l'ancien régime ! » par la même occasion, les manifestants ont exigé le départ de quatre responsables, anciens Rcédistes, du Commissariat régional, qui, croit-on savoir, faisaient la pluie et le beau temps à l'époque de Ben Ali.