En 2006, le cinéaste Brahim Letaief a eu la folle idée de lancer un concept nouveau « 10 courts, 10 regards », des courts métrages réalisés par un collectif de jeunes cinéastes en herbe. L'objectif est de permettre à de jeunes cinéastes de réaliser leur premier court métrage mais aussi d'ouvrir la voie à la relève et de baliser le terrain devant une génération dont la moyenne d'âge est de 23 ans. Grâce à sa société de production « Long et Court », qui a accompagné ces cinéastes dès la première phase, la réécriture du scénario, jusqu'à la finalisation du film, sa sortie en salles. En association avec la société de production Ulysson, « Long et Court » a tenu ses promesses en produisant les 10 courts qui ont été présentés au festival de Cannes dans la section «Tous les cinémas du monde» et permis ainsi à des jeunes de fouler pour la première fois le fameux tapis rouge. «Bahja» de Walid Tayaâ, « Contretemps » de Amine Chiboub, « Le bonheur » de Mohamed Ben Bécheur, « Conversation » de Mohamed Kais Zayed, « Perversion » de Wissem Tlili, « Sabah El Khir » de Walid Mattar et d'autres ne sont pas passés inaperçus. Ils ont même suscité l'adhésion des professionnels et de la critique en raison de leur inventivité qui augurait des lendemains meilleurs. Les films ont pu faire une tournée intéressante dans de nombreux festivals dans le monde et permis à leur réalisateur de voyager pour présenter leur œuvre. Chose qui était pratiquement impossible pour un jeune en raison des problèmes de visa. Le concept s'est donc avéré gagnant et son initiateur Brahim Letaief a même promis, dans une interview parue au journal « La Presse » du 17 février 2007, d'en faire « un rendez-vous annuel ». La deuxième collection de « 10 courts, 10 regards » a fonctionné mais n'a pas eu le succès de la première et depuis plus rien. On se demande pourquoi une telle expérience s'est arrêtée en si bon chemin. L'ambition était pourtant de renouveler l'aventure. Est-ce en raison du manque de financement ou parce que la situation dans le pays ne s'y prête pas ou parce que Brahim Letaief a d'autres chats à fouetter ou qu'il considère que l'aventure est arrivée à son terme ? Il est évident que pour continuer il faut du souffle, des moyens aussi modestes soit-il et un partenariat avec un pays étranger, dans le cas de figure celui de la France. Parce que sans le soutien de l'IFC, le projet n'aurait peut-être pas vu le jour. On souhaite que cette initiative ne tombe pas à l'eau et que ça ne serait qu'une question de disponibilité de la part de Brahim Letaief. Les cinéastes ayant émergé de cette initiative sont ceux avec lesquels le cinéma tunisien peut compter aujourd'hui. Il est plus que temps de les voir s'exprimer davantage dans un long métrage. Il suffit d'y croire.