De notre envoyée spéciale Neila Gharbi - Trois générations de cinéastes sont honorées, cette année à Cannes : Tahar Cheriaâ fondateur des JCC, à titre posthume ; Nouri Bouzid, dont le film « l'homme de cendres » a constitué un tournant dans le cinéma tunisien des années 80 et Moura Ben Cheikh, pour la première fois à Cannes avec un long documentaire sur la révolution tunisienne « Plus jamais peur ». Tahar Cheriaâ, le père du cinéma tunisien et fondateur des Journées Cinématographiques de Carthage, décédé en 2011 à un mois de la révolution tunisienne, n'a pas eu la chance d'assister au soulèvement populaire qui a chassé le dictateur. Mais combien il aurait été heureux de vivre cette révolution des jeunes qui a libéré le pays, lui qui sa vie durant a bataillé pour libérer les cinémas arabes et africains du joug de monopole américain et assuré leur promotion sur la scène internationale. Une journée hommage a été organisée par l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) avec le concours de la Chambre nationale des producteurs de films et le nouveau bureau de l'Association des cinéastes tunisiens au cours de laquelle ont été projetés de longs extraits du long métrage documentaire « Tahar Cheriaâ, à l'ombre du baobab » réalisé par son fils spirituel Mohamed Challouf et l'attribution à titre posthume de la « Médaille Léopold Sedar Senghor » remise à son fils ainé Kaiser Cheriaâ, en présence de plusieurs de ses compagnons de route dont Férid Boughedir, animateur de cette cérémonie et Tawfik Salah dont les films « Les rebelles » (1968) et « Les dupes » (1972) ont connu un succès certain dans les pays arabes grâce à Tahar Cheriaâ. Nouri Bouzid, l'un des cinéastes tunisiens le plus connu sur la Croisette depuis 1986 où il a présenté son premier long métrage dans le cadre de la section « Un Certain Regard », a été décoré par Frédéric Mitterrand, ministre français de la Culture, des insignes de Chevalier de la légion d'honneur, a exprimé son émotion lors de son intervention invitant à « ne plus jamais avoir peur ». L'auteur de « Sabots en or », «Bezness », « Bent Familia » et « le dernier film » a été récemment victime d'une agression dans la rue de la part d'un extrémiste. En 2010, son scénario « Mille feuilles », qui traite de l'intégrisme religieux, a bénéficié d'une aide à la production. Outre le pavillon du Village International où sont exposés les films courts et longs métrages tunisiens et les projections de certains films dans le cadre du marché du film, cette année la révolution tunisienne est à l'honneur à travers le long métrage documentaire « Plus jamais peur » de Mourad Ben Cheikh, sélectionné dans la section « Séances spéciales ». Ce film a été tourné dans l'euphorie de la révolution au lendemain de la chute du régime de Ben Ali. Il sera projeté en avant-première, le 20 mai, devant une délégation tunisienne composée de plusieurs cinéastes et journalistes de la presse écrite et audiovisuelle. Produit par Cinétéléfilm, « Plus jamais peur » relate les événements du 17 janvier 2011. Trois personnages : l'avocate Radhia Nasraoui, la blogueuse Lina Ben Mhenni et un citoyen parmi ceux qui ont protégé leurs quartiers de jour comme de nuit des voleurs et des criminels. Son réalisateur Mourad Ben Cheikh a déjà à son actif, quelques courts métrages de fiction dont le plus connu est « Le pâtre des étoiles ». Il prépare également un long métrage de fiction intitulé « Ali Raïs » pour lequel la commission d'aide à la production lui a accordé une subvention. « Plus jamais peur » sortira sur les écrans tunisiens à partir du 23 mai.