Le coup d'envoi de la 6è Edition de « Musiqât » a été donné vendredi dernier au Palais Ennejma Ezzahra à Sidi Bou Saïd. Cette manifestation existant depuis 2006, ne cesse de grandir et de drainer un public de plus en plus nombreux de mélomanes, avides de découvrir les différentes cultures et traditions musicales du monde. Une nouveauté marque cette édition, la première après la Révolution, qui consiste à s'ouvrir sur un public plus large en programmant certains spectacles dans deux nouveaux espaces : le Théâtre Municipal et l'Acropolium de Carthage. L'ouverture de la présente édition fut assurée par l'une des plus fameuses troupes de chant liturgique en Tunisie : le « Mjarred » de Sidi Bou Saïd, le groupe de « Issawiya », qui présenta une séance consacrée à « El Manga », synonyme de « Al Dokkana », sorte de banc en pierre qu'on retrouve généralement dans les marabouts (zawiya) ou les bains maures (hammam). Littéralement, le mot « Mjarred » veut dire « dépouillé », c'est-à-dire des chants sans instruments de musique, accompagnés seulement par des battements de mains. En effet, le groupe, formé de 16 membres, a récité pendant plus d'une heure des litanies pleines de prières, d'invocations et de supplications à l'égard du Créateur Tout- Puissant, mais aussi des louanges adressées au Cheikh Mohammed Ibn Issa de Meknès (Maroc), initiateur de la confrérie « Issawiya ». Toutes les litanies chantées ont été marquées par des cadences d'abord lentes pour devenir au fur et à mesure plus accélérées pour finir en rythmes endiablés jusqu'aux transes. Chaque litanie fut suivie d'une salve d'applaudissements et même des youyous ont été poussés par des femmes présentes parmi le public. Les chants présentés ce soir là par la « Issawiya » de Sidi Bou Saïd avec beaucoup de passion et de dévotion étaient le fruit d'un travail artistique et musicologique qui consiste en une combinaison entre un répertoire transmis oralement à travers les siècles et des textes écrits par Cheikh Ahmed al-Wafi au début du XXe s. La scène fut égayée par des danses rituelles qui s'adaptaient aux rythmes des chants interprétés par les choristes. De l'encens fut brûlé et toute la salle fut embaumée d'odeurs « saintes » qui rappellent les marabouts et les cérémonies religieuses. Ce fut donc une soirée d'ouverture bien appréciée par le public qui était venu nombreux ce soir-là, qui pour découvrir les chants liturgiques de la confrérie de Sidi Bou Saïd, qui pour vivre des moments de recueillement et de mysticisme. Cette 6è édition se poursuivra jusqu'au 08 octobre avec d'autres spectacles non moins fameux où la diversité des cultures musicales sera certainement garantie.