Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
«J'ai voulu voir de tout près, le changement que vit la Tunisie après la révolution du jasmin…» Rencontre avec Antonio Cipollina, premier citoyen d'honneur de Tabarka
Antonio Cipollina est une personne singulière. C'est le descendant d'une famille qui a vécu sur l'île de Tabarka durant l'époque des génois. En 1982, il a débarqué pour la première fois dans la ville qui a abrité ses aïeux et depuis, il en est devenu amoureux et n'a cessé de travailler pour l'aboutissement du jumelage entre les deux villes Tabarka et Carloforte dans l'île de San Pietro au sud ouest de la Sardaigne en 1997. Il a fait connaître notre ville Tabarka à plus de quatre cents habitants de Carloforte lors de plusieurs voyages. En 2001, il fut nommé premier citoyen d'honneur de la ville de Tabarka. Il a contribué à plusieurs colloques et rencontres pour favoriser les échanges dans tous les domaines entre les villes d'origine Tabarquine. Passionné d'histoire, il a réalisé un DVD intitulé « Mémoire de Tabarka », a retracé la vie de « Mamma Mahon » et est en train de contribuer à faire revivre la langue tabarchine. Nous l'avons rencontré à l'occasion de la présentation des actes du colloque des quatre Tabarka. Entretien. Le Temps : Tonino (c'est ainsi qu'on l'appelle à Tabarka et à Carloforte), votre dernière visite à votre ville jumelle remonte à une année. Vous revenez cette année. Y a- t-il un secret ? Antonio Cipollina : le seul secret pour moi, c'est l'amour et l'attachement à ma ville jumelle et d'adoption Tabarka. Cette fois-ci, j'ai voulu voir de tout près le changement que vit la Tunisie après la révolution du jasmin et d'enrichir la rencontre organisée par le « Pays vert » pour présenter les actes du colloque international des quatre Tabarka. * Vous avez retracé l'histoire de « Mamma Mahon ». Qui était cette dame ? - C'est une longue et passionnante histoire. C'est une histoire de guerre, d'amour patriotique et de charité chrétienne. Fortuna Novella est née à Carloforte le 25 septembre 1880 d'une famille originaire de Santa Margherita Ligure. Elle a accompagné ses parents venus s'installer encore une fois à Carloforte en 1813 pour pêcher les coraux. Pendant la guerre, Fortuna Novella a joué un rôle humanitaire de premier rang pour sauver la vie à des centaines de rescapés et blessés et depuis tout le monde l'appelait Mamma Mahon. A Carloforte, elle est devenue le symbole de l'amour patriotique et de la charité et une fête de commémoration est organisée en son honneur chaque année. * Vous participez vivement à faire revivre la langue tabarchine. Où en est le projet recommandé par le colloque des quatre Tabarka ? - Dans l'île de San Pietro et dans l'île de Sant'Antiocco, on parle un type particulier de dialecte d'origine ligure « le tabarchino » qui est reconnu comme langue minoritaire de la région de la Sardaigne. Le tabarchino est une langue indo-européenne, une variété de génois introduite tout d'abord dans l'île de Tabarka, en Tunisie, et ensuite emportée en Sardaigne et dans l'île de Nueva Tabarca (Alicante, en Espagne). Cette langue est encore en usage dans les communes de Carloforte et Calasetta et reconnue officiellement comme langue minoritaire de la Sardaigne suite à une loi régionale en 1997. On peut entendre des émissions de radio en tabarchino où une large sélection de chansons d'auteurs locaux, s'exprimant dans cette langue. Et même un festival de la chanson tabarchine a vu le jour ces dernières années. * 1997- 2012 : quinze ans de jumelage entre Tabarka et Carloforte. Y-a-t-il un projet de programme pour cette manifestation ? - Le jumelage scellé entre nos deux communes en 1997 à Tabarka et confirmé en 1999 à Carloforte a été toujours un pont de relation et d'échanges entre les citoyens de nos deux villes. Les festivités ne se sont jamais arrêtées et pour l'année 2012, nous serons très heureux d'accueillir les jeunes de la Tunisie nouvelle après la révolution du 14 janvier 2011 pour renforcer les liens d'amitié et pour favoriser des actions et des projets communs dans tous les domaines en faveur de cette catégorie sociale qui aspire à un avenir meilleur. Propos recueillis par Mokhtar TRIKI