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Belle fresque!
"L'or noir" de Jean Jacques Annaud, le 23 novembre 2011 à Paris et le 25 à Tunis
Publié dans Le Temps le 13 - 11 - 2011

Vous l'avez certainement deviné, il s'agit du dernier grand film du réalisateur français Jean Jacques Annaud, produit par Tarak Ben Ammar, qui passera simultanément sur les écrans à Tunis et à Paris et dans 6000 salles à travers le monde. Un film qui a été dédié par le producteur et le réalisateur, un geste fort louable de leur part, et ce, lors de l'ouverture de la 3ème édition du festival Doha Tribeca, au peuple tunisien et à la démocratie naissante en Tunisie, devant 4000 spectateurs.
"L'or noir" a été présenté vendredi dernier au cours d'une projection spéciale pour les journalistes dans les Laboratoires de Gammarth, suivie d'une conférence de presse en présence du producteur, du réalisateur et de comédiens qui ont joué dans le film Hichem Rostom, Lotfi Dziri, Lotfi Larnaout, Dali Nahdi et l'Algérien Tahar Rahim.
A titre de rappel "L'or noir" a été tourné en grande partie en Tunisie dans les sites au paysage pittoresque et naturel du Sud, à Zraoua près de Matmata, dans une région au massif montagneux pour aller ensuite rôder du côté de Tozeur avec un passage dans les Studios Empire de Tarak Ben Ammar à Hammamet. La seconde phase s'est déroulée à Doha pour ses dunes de sable qui longent la mer, "ce qui correspond exactement à une scène cruciale du film", précise Tarak Ben Ammar.
En effet, "L'or noir" est une fresque d'aventure et à la fois épique, dont les péripéties se déroulent dans les années trente, qui raconte la saga de la découverte du pétrole et l'ascension d'un jeune prince (Tahar Rahim) promis au départ à un cursus d'études, mais qui se retrouve plongé au cœur d'un conflit né de la découverte de ce pétrole. Contraint de prendre les armes, il doit forcément choisir entre deux ennemis à affronter, ses deux pères, celui qui lui a donné la vie, Amar, et l'autre qui l'a élevé, Nésib ; deux rôles magistralement joués, respectivement par l'Anglais Mark Strong et l'Espagnol Antonio Banderas, des grosses pointures du cinéma mondial.
Et comme l'a si bien dit J.J. Annaud, le film a le mérite d'évoquer la cause ou l'origine d'où éclate le conflit, le pétrole, tout en suggérant le dilemme du personnage principal, Auda, pris entre deux conceptions opposées de la vie et du futur, entre l'éclat de l'objet qui scintille et son ombre chargée d'incertitudes et de tourments.
Une genèse exaltante du projet
Une très belle aventure doublée d'une très belle amitié qui s'est tissée au fil du temps entre Tarak Ben Ammar et Jean Jacques Annaud. « J'étais sur le plateau de la guerre des étoiles, il y a 35 ans quand j'ai lu le roman intitulé « South of the heart » du Suisse Hans Ruesch ; je suis allé partout dans le monde pour tenter de boucler le budget en sollicitant des financiers…Tous les cinq ans, je renouvelle mes droits d'adaptation du livre et je n'ai cessé de penser que j'arriverais à produire ce film…j'ai toujours eu peur que quelqu'un d'autre ne soit tenté par le même projet que moi . Etant musulman et oriental, je me suis résigné à l'idée qu'un jour je mènerai ce projet à bien au cours de mon vivant. Je devais attendre la rencontre entre autre avec JJ Annaud, réalisateur de renommée mondiale qui est fasciné depuis longtemps par le monde arabo-musulman, pour que nous nous immersions dans cette aventure. Nous avons voulu que le principal protagoniste du film soit un acteur arabe et notre choix a été porté sur l'Algérien Tahar Rahim, (originaire de Belfort, en France) qui campe le rôle du jeune prince, Auda.
Raconter l'histoire d'un grand héros arabe, à travers la vision d'un célèbre metteur en scène, constitue selon Tarak Ben Ammar, une première dans l'histoire du cinéma, d'autant plus que deux Compagnies de Hollywood, Warner Bros et Universal y ont investi beaucoup d'argent pour promouvoir un film qui évoque l'identité et la culture arabo-musulmanes.
Un tournage sur fond de révolution
Le film « la guerre du feu», (César du meilleur film et meilleur réalisateur) consacre J.J. Annaud au niveau international et pose la première pierre d'un cinéma de défi où s'entrecroisent les différentes passions du cinéaste, l'archéologie, la nature, la littérature et les différentes cultures.
Réalisateur de chefs-d'œuvre dont : « L'amant » (adaptation du roman autobiographique de Marguerite Duras), « Sept ans au Tibet », « Deux frères », « Nom de la rose », (César du meilleur film étranger), « L'ours », (césar du meilleur réalisateur), J.J. Annaud qui attend en ce mois de novembre la sortie de son dernier opus « L'or noir », a exprimé son bonheur d'avoir travaillé avec des compétences tunisiennes multiples qui ont fait preuve de beaucoup de professionnalisme. Il est « admiratif de la Tunisie et de cette extraordinaire convivialité » qu'il a sentie dans ce pays qui conserve encore, selon lui, le sens de l'hospitalité, de l'accueil et du partage ; de nobles valeurs devenues rarissimes en Occident.
« Mon désir au fait, a-t-il expliqué, était de raconter une histoire où la représentation des musulmans échapperait aux clichés hostiles, échapperait à la représentation de plus en plus fréquente de gens bardés de ceintures d'explosifs, traînant un peu partout dans le monde… »
Nul n'ignore par ailleurs que le tournage qui a débuté fin 2010, s'est déroulé durant des moments forts de notre histoire ; « un tournage sur fond de révolution, a dit J.J. Annaud, car je percevais de façon lointaine, des murmures, des bruissements, je sentais qu'il se passait quelque chose autour, de l'autre côté du décor… Au début, nous ne prêtions pas beaucoup d'attention…Mais peu à peu, lorsque je rentrais le soir à l'hôtel et que j'allumais la télévision, j'entendais des phrases que nous avions écrites dans le scénario, un an et demi avant ! La révolution du jasmin était en branle, nous étions au cœur du printemps arabe… jamais je n'ai senti le moindre danger ; ma femme et moi, on était résolus de rester jusqu'à la fin du tournage. »
Le casting, un véritable melting pot
Parlant de son film « L'or noir », il considère que c'est une véritable histoire de métamorphose d'un jeune prince ; « je suis passionné par l'état de métamorphose des personnages, a-t-il dit.
« D'abord intellectuel, timide et maladroit, il devient au fil du film un guerrier vengeur et cela a été extrêmement difficile pour Tahar Rahim de tenir les rênes du rôle car nous avons tourné dans un désordre chronologique absolu, mais Tahar n'a jamais lâché !
Et puis, j'aime le souffle de l'épopée où on peut lire en filigrane ce que la fiction nous permet et que la réalité ne permet pas.
Evoquant l'une des scènes relative à l'agonie du docteur mécréant, alors qu'il rendait son dernier souffle entre les bras de son frère en proclamant sa foi en Dieu et en son prophète, le réalisateur français estime qu'il est extrêmement important de ne pas se sentir détaché du monde auquel on appartient…
Côté casting, le réalisateur précise : « j'ai voulu montrer dans la diversité des personnages, la diversité des origines dans la péninsule arabique, j'ai voulu que le melting pot arabe soit projeté sur le visage des acteurs. Tous les chefs de tribu sont de grands acteurs tunisiens. La présence féminine est incarnée par Freida Pinto qui est indienne et Liya Kebede, érythréenne. Ali, le docteur est interprété par Riz Ahmed, pakistanais d'origine, vivant en Angleterre et les chameliers sont la plupart du temps, des Somaliens.
Un film universel et non manichéiste
Interrogé sur le coût de la réalisation du film, Tarak Ben Ammar estime que « L'or noir » lui revient à 40 millions d'euros dont quinze millions d'euros ont été dépensés en Tunisie où tous les décors furent implantés et 5 000 costumes conçus, en plus des 45 000 de fiches de salaires qui ont été payées.
« Pour moi, a dit Tarak Ben Ammar, ce film est tunisien de par l'appartenance de son producteur, ses comédiens et techniciens, y compris son développement qui s'est fait dans nos laboratoires de Gammarth…et, puis, on ne peut pas créer de culture si on n'a pas d'industrie, et pour l'avoir, il faut investir… »
Selon ses concepteurs, le film n'est pas manichéiste, de même qu'il ne tranche pas sur l'apport géostratégique du pétrole ; est-il en ce sens, malvenu ou le bienvenu…nous laissant sur notre faim. La fin est loin d'être aussi à la happy - end. L'or, il est noir ! On peut cependant se poser la question, de savoir si la modernité va prendre le dessus sur les traditions ou est ce que l'islam sera-t-il compatible avec la modernité ?
Quelle que soit la réponse que le film laisse supposer, il est important d'aller le voir, car il est d'une beauté technique et esthétique digne de la valeur des grands maîtres.


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