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« Je veux produire un film afin que les prochaines générations n'oublient pas la révolution et ses symboles… »
Entretien : Tarak Ben Ammar, producteur de cinéma
Publié dans Le Temps le 26 - 05 - 2011

De notre envoyée spéciale : Sayda BEN ZINEB - Parmi les célèbres personnalités présentes à la 64ème édition du festival de Cannes et dont nous avons eu l'honneur de rencontrer, le grand producteur de cinéma et conseiller des magnats de l'audio-visuel dans le monde, de Berlusconi à Murdoch, le Tunisien Tarak Ben Ammar qui, en vingt cinq ans a produit plus d'une cinquantaine de films, de facture internationale. Un succès qu'il doit à sa personnalité d'homme ouvert, humble et cultivé mais aussi, à son talent de gestionnaire et de visionnaire dans le monde de la communication et du cinéma.
Ayant très vite compris que le cinéma ne peut être qu'international, Tarak Ben Ammar a développé des productions et des coproductions en Europe et aux Etats Unis . Il a su également s'entourer des meilleurs réalisateurs dans le monde comme Franco Zeffirelli, Roman Polanski, Luigi Comencini, Brian de Palma , Henri Verneuil, Mario Monicelli, Robert Redford… pour ne citer que ceux-ci.
En 1984, l'ancien président français François Mitterrand le décore de la « Légion d'honneur » en reconnaissance pour sa contribution au cinéma. Parmi ses nombreuses et importantes réalisations, la création en 1989, de la Société , Quinta Communications et la production en 1996, de la tournée mondiale de Michaël Jackson.
Quant à ses toutes récentes productions, on notera le dernier film de Bouchareb, « Hors la loi », retenu dans la sélection officielle du festival de Cannes (2010), et nommé aux Oscars de Hollywood en 2011, et un film dirigé par Julian Schnabel, « Miral », coproduit avec Pathé et qui a fait l'ouverture officielle de la Mostra de Venise en 2010.
A la fin de cette année, sortira sur les écrans, le dernier film de Jean-Jacques Annaud, « La soif noire », produit par Quinta Communications et dont le tournage a eu lieu fin de l'année 2010 à Matmata , dans le sud tunisien. A cannes, nous l'avons rencontré pour la première fois. Pas besoin de dire qu'il nous a impressionnés !
Entretien.
Le Temps : Lors d'une interview accordée à la presse occidentale, vous avez déclaré : «Je suis un homme de cinéma, pas un banquier ni un spéculateur, je gère mes sociétés en bon père de famille», donnant ainsi la réplique à ceux qui voient en vous, l' Africain ou le magnat venu de l'autre côté de la Méditerranée et qui a la main mise sur tous les laboratoires cinématographiques français. Etait-ce vrai ? ?
Tarak Ben Ammar : oui, c'est vrai, j'ai dit cela en m'adressant à ceux qui ne connaissent pas le rôle d'un producteur, car je ne suis pas un homme d'argent. Cependant, j'ai appris de par mon expérience et durant de longues années de travail, que le cinéma est un art industriel ; moitié culture, moitié économie. La création d'une œuvre cinématographique, c'est avant tout, l'idée d'une femme ou d'un homme qui nécessite par conséquent, beaucoup d'investissements financiers car le cinéma coûte très cher. Et, contrairement à ce que l'on pense, c'est un vrai métier d'équilibre entre la culture et l'économie.
A Cannes où je suis présent depuis 35 ans déjà, je rencontre les distributeurs du monde entier, de 165 pays au fait…et cela me permet d'avoir une idée sur les penchants du public, ses goûts et réactions vis à vis de tel ou tel genre de films… c'est comme un Salon où tous les professionnels du cinéma se rencontrent car on ne peut courir le risque et faire un film sans en avoir d'abord discuté l'opportunité de sa distribution.
Au Maghreb, il faut le dire, il n'existe pas un vrai marché du film ni une culture industrielle qui génère la création d' emplois ; voyez le nombre des salles de projection en constante régression, contrairement à l'Italie par exemple où il existe plus de 5 000 salles.
A mon avis, il faudrait bâtir cette industrie culturelle en éduquant les nouveaux dirigeants en Tunisie à orienter les banques pour la création de nouvelles salles de cinéma rentables, sinon, on risque de rester encore sous la tutelle de la domination culturelle occidentale.
Le cinéma n'est pas un métier facile et une œuvre cinématographique qui ne trouve pas son public, on ne peut pas la considérer comme telle.
*Nous avons appris que la grosse pointure du cinéma espagnol et mondial, Antonio Banderas revient en Tunisie pour y tourner deux nouveaux films en association avec Quinta Communications…pourriez-vous nous en dire davantage ?
•Nous avons développé, Banderas et moi, une solide amitié depuis 2002, lors du tournage du film de Brian de Palma « Femme fatale ». Et quand j'ai voulu concrétiser mon projet de tournage de « La soif noire », j'ai tout naturellement pensé à l'acteur espagnol dans le rôle principal. Du mois de décembre 2010, au mois de février 2011, durée du tournage du film, dont la réalisation est signée Jean Jacques Annaud, Banderas a été fortement ému par les événements qui ont secoué le pays et a publiquement exprimé son admiration pour le courage et la bravoure du peuple tunisien à récupérer sa dignité et arracher sa liberté spoliée.
La période que Banderas a passée dans nos murs, lui ont également permis d'avoir une bonne impression sur le professionnalisme aussi bien des acteurs et actrices que des techniciens tunisiens. C'est pour cela qu'un accord de tournage de deux films en Tunisie vient consolider de véritables liens d'amitié entre lui et moi. En effet, nous venons de signer un accord de coproduction de deux films « Automates » avec pour réalisateur, l'espagnol Gabe Ibanez et Antonio Banderas qui sera coproducteur et acteur principal et « Solo » dont la star espagnole sera à la fois, le producteur exécutif, le réalisateur et la vedette principale .
*Pourrions- nous avoir un avant-goût de vos prochains films et les échéances qui leur sont accordées pour être finalisés ?
-« Automates » est une vision épique du futur, quand la civilisation humaine est dépassée par l'intelligence artificielle. Situé dans un monde où l'écosystème de la terre est sur le point de s'effondrer, « Automates » se veut comme une éblouissante exploration de l'origine de la relation entre l'homme et les robots. Le film est influencé par la théorie de la singularité qui a fait l'objet ces derniers mois de nombreuses publications ainsi que de livres à succès.
Le film suit par ailleurs, le personnage de Jacques Vaucan, un agent d'assurance pour ROC, une société robotique alors qu'il mène une enquête de routine sur une affaire de manipulation de robot. Cependant, ce qu'il découvre aura des répercussions profondes sur l'avenir de l'humanité.
« Automates » dont la production commencera cette année, sera tourné en Tunisie et pour quatre jours seulement en Egypte. Ce projet de 35 millions de dollars du budget sera dirigé par le cinéaste visionnaire Gabe Ibanez, ( « Hierro »,Semaine de la Critique, Cannes 2009), d'après un scénario de Javier S. Donate, Gabe Ibanez et Igor Legarreta.
En 2012, aura lieu le tournage de « Solo », une partie en Tunisie et une autre en Espagne. Erik Jendresen (Band of brothers) est le scénariste et coproducteur exécutif du projet, d'après une histoire originale de Banderas et Jendresen.
Le film raconte l'histoire d'un espagnol , agent des forces spéciales qui rentre chez lui après une période de service dans une zone de guerre. Comme il se bat seul afin de surmonter le syndrome de stress post-traumatique, il sort de l'isolement total et émerge dans un monde cauchemardesque de la mémoire, des hallucinations et une réalité terrifiante qu'aucun être humain n'ait jamais connue et à laquelle personne n'a encore moins survécu.
* Il y a eu une polémique autour de la nouvelle fresque de Jean-Jacques Annaud, « La soif noire » qui sera sur les écrans français au mois de novembre prochain. Il s'agit d'une contestation sociale engagée par le syndicat des techniciens français autour du tournage de ce long métrage. Vous avez été la cible d'une attaque ; quelles en sont les raisons ?
-Je suis un légaliste et je respecte les droits de chaque pays ; personne n'a le droit de me dire « tu n'as pas appliqué les lois dans tel ou tel pays ». Car quand on fait un travail en Tunisie par exemple, on doit se conformer à ses lois . On doit par conséquent, payer les charges sociales à la caisse de la Tunisie. Or, lorsqu'une équipe française tourne un film presque exclusivement en Tunisie, on est obligé, de faire appel à une société tunisienne.
Autrement dit, Si certains techniciens français intervenus sur le tournage du film « La soif noire » ont effectivement été engagés par la société de droit tunisien, ( Empire Productions), c'est parce que celle-ci a assumé la production exécutive du film et qu'elle a été à ce titre, en charge de l'ensemble du tournage en Tunisie, et ce, dans le respect de la loi tunisienne qui exige que les tournages de films sur le sol tunisien, soient assurés par des sociétés de production exécutive tunisiennes.
Le film « La soif noire » apparaît en réalité comme un prétexte dans le cadre d'une campagne menée par un syndicat aux vues étroitement nationalistes, destinée à empêcher les techniciens français d'être embauchés par une société étrangère en cas de coproduction internationale de films.
Quinta Communications n'a pas de leçons de patriotisme économique à recevoir alors qu'elle a contribué très largement depuis dix ans au sauvetage des industries techniques de l'audiovisuel et au maintien de ses emplois en France, ce qui s'est traduit par le versement auprès des organismes sociaux français de près de 100 millions d'euros de cotisations sociales depuis 2003.
Je dirai enfin, que j'ai respecté les lois de mon pays comme je défends l'économie de la Tunisie car dites-moi, pourquoi payerai-je les charges sociales en France alors que le travail a été fait en Tunisie ?
A mon avis, le syndicat français doit être solidaire avec les droits des travailleurs tunisiens à un moment aussi crucial de son histoire.
*Vous avez annoncé la préparation d' un film sur le martyr tunisien, Mohamed Bouazizi dont le suicide par le feu a balayé la dictature en Tunisie et qui sera réalisé par Mohamed Zran, auteur de « Le casseur de pierres », « Le Prince », « Zarzis », « Essaida »…Votre objectif est - il d'en faire une œuvre à l'image de « Hors la-loi » de Rachid Bouchareb ?
•C'est un film d'un producteur tunisien, fait par un réalisateur tunisien et sur un jeune Tunisien et personne d'autre ne peut le faire à notre place. C'est une manière de rendre le nom de Bouazizi, universel et d'en faire un symbole de la dignité. Le film sera une adaptation libre de la vie du jeune homme jusqu'à l'acte de son immolation.
Je veux produire ce film afin que les prochaines générations n'oublient pas la révolution et son symbole, qui n'est ni un homme d'affaires, ni un intellectuel, mais un simple citoyen ; un film dont les recettes iront à la famille du martyr.
Mon objectif consiste par ailleurs à faire une œuvre cinématographique de qualité qui répond aux normes internationales, à l'image de « Hors la loi » car les peuples sont égaux quand il s'agit de sensibilité et de sentiments humains ;Tunisiens, Français ou Italiens, on ne peut qu'éprouver la même compassion devant des réalités pareilles.


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