• Moncef El Marzouki dîne chez Hamma El Hammami (PCOT) • Portefeuille ministériel pour le gendre de Rached Ghannouchi ? Quelques jours à peine nous séparent de la première réunion de l'Assemblée Nationale Constituante tant attendue et enfin prévue pour mardi prochain. Les tractations battent leur plein pour la composition du prochain gouvernement. Qui en fera partie ? Les choses allaient sans trop de problèmes ni de frictions, jusqu'à la déclaration faite par Hamadi Jebali secrétaire général d'Ennahdha, à Sousse parlant de 6ème califat éclairé en Tunisie et qui eut l'effet d'une douche écossaise sur l'atmosphère politique. Ettakatol en a profité pour annoncer le gel de sa participation aux trois commissions triparties chargées d'examiner la formation du prochain gouvernement jusqu'à ce que Ennahdha ne clarifie sa position sur la question du « califa ». De son côté Hamadi Jebali a adressé une déclaration à toutes les rédactions et journaux pour clarifier sa position et lever tout équivoque. Il faut dire que malgré l'annonce faite par Ettakatol de suspendre sa participation aux travaux des trois commissions, les négociations continuaient quant même et ne se sont jamais arrêtées définitivement. Mustapha Ben Jâafar, secrétaire général d'Ettakatol a accepté d'assurer la présidence de la Constituante, tout en la liant à l'obtention des portefeuilles ministériels de la Justice et des Affaires étrangères. Néanmoins les négociations se poursuivent en ce sens Aux dernières nouvelles Ennahdha a accepté de céder le portefeuille du ministère des Affaires étrangères. C'est le Congrès Pour la République (CPR) qui a tenu à garder le ministère de la Justice initialement promis au N°2 du parti Me Samir Ben Amor. Mieux, Moncef Marzouki, candidat à la présidence a dîné, mercredi dernier, chez Hamma Hammami, chef du Parti Ouvrier Communiste de Tunisie (POCT) à El Manar. Il lui a proposé d'intégrer le prochain gouvernement. Ce parti n'a que trois sièges dans la Constituante. Il n'est pas exclu qu'il accepte la proposition de Moncef Marzouki. Même s'il ne pèse pas beaucoup du point de vue électoral, il bénéficie quand même d'un capital sympathie auprès de beaucoup de jeunes et de certains syndicalistes grâce à ses luttes incessantes contre l'ancienne dictature de Ben Ali. Verra-t-on ce parti avec Ennahdha, siéger dans un même gouvernement ? D'autant plus qu'ils étaient bien ensemble dans le mouvement de 18 octobre. De son côté Ettakatol, a essayé d'attirer avec lui le Parti Démocratique Progressiste (PDP) pour peser plus lourd dans les négociations, sans résultat. Le PDP est resté fidèle à sa première position de se ranger du côté de l'opposition, comme contre-pouvoir au prochain gouvernement. Quant à Ennahdha, on continue à affirmer que les noms qui circulent dans certains médias et sur le réseau social facebook, n'ont aucun fondement, encore plus aucun rapport avec la réalité. Des sources proches d'Ennahdha parlent de Rafik Abdesslam, gendre de Rached Ghannouchi, comme futur ministre. Ce personnage a été avancé aux téléspectateurs tunisiens lors du Journal télévisé de 20H de mercredi dernier, comme « chercheur et commentateur politique », pour analyser les tractations engagées dans les coulisses. Son apparition au Journal, fait partie de la reconversion de la chaîne nationale du mauve au bleu. D'autres noms de personnalités indépendantes qui sympathisent avec le mouvement Ennahdha, et qui seraient nommées dans le prochain Gouvernement circulent, comme celui d'un homme d'affaires et certaines personnalités qui ont vécu à l'étranger. Tout devient possible. Une seule certitude se dégage jusque là, celle-ci concerne les postes de président de la République, du chef de Gouvernement et de président de l'Assemblée Constituante. Moncef Marzouki est le mieux placé pour le poste de Président de la République. Il avait bien déclaré : « Je ne renoncerai pas à ma demande d'assumer la présidence de la République au cours de la prochaine période transitoire ». Mustapha Ben Jâafar est appelé à diriger la Constituante Hamadi Jebali, comme tout le monde le sait est le candidat d'Ennahdha pour le poste de Chef du Gouvernement. Il ne fait pas l'unanimité au tour de son nom. D'ailleurs, Jounaïdi Abdeljawed, porte-parole officiel du Pôle Démocrate Moderniste qui n'a eu que cinq sièges avaient déclaré : « nous émettons des doutes sur la capacité de Jebali à diriger le prochain gouvernement ». Il a, également, évoqué la nécessité de « rester vigilant et de garantir les conditions optimales pour le succès de la transition vers un régime républicain démocratique adapté à la Tunisie du 21 siècle et répondant aux objectifs de la révolution. ». On s'attend à une année pleine de débats politiques. Elle ne sera pas de tout repos pour le prochain gouvernement. L'opinion publique n'a d'autres choix que d'attendre l'aboutissement des tractations. Des surprises et des retournements de situations sont toujours possibles. La propension à se fixer sur la composition du gouvernement fera-t-elle de l'ombre au travail essentiel de la Constituante : la rédaction d'une constitution qui rompe définitivement avec la dictature et qui permette au pays d'entrer dans une véritable deuxième République ?