Voici que M.Rached Ghannouchi mon ancien collègue au lycée de Kairouan dans les années 1970 et ses amis ont pris le Ciel, que les autres se disputent la terre. Il ne me reste que l'horizon. Allons-y vers cette fameuse ligne à jamais fuyante car j'ai toujours aimé ce bel adieu d'Abraham à son père, pris dans et (épris de) tumultes païens : « Voici que je m'en vais diriger ma face vers Celui qui a fait Ciel et Terre selon la faille, marcheur biaisant, Hanîf, que je suis» (Coran). Fi donc de ces voix, ça et là, qui tentent de faire le bilan à ma place de ma propre candidature et de mon échec électoral en tant qu'indépendant. A ce propos je serai du côté du grand poète français Mallarmé et réciterai son fameux : « Devant l'agression je préfère dire que des contemporains ne savent pas lire » ni surtout écouter pour le cas des miens de contemporains! A propos d'indépendance précisément, je n'ai cessé, avant et après le 23 Octobre, de répéter sur les médias les mieux partagés du pays qui ont bien voulu m'accueillir que mon indépendance était un choix de clarté dont le non-respect vient d'aboutir à ce que j'ai toujours prévu : cette confusion que tout le monde vient de découvrir comme si elle était si difficile à prévoir entre le temps du geste constituant et celui de l'exercice législateur et parlementaire. Seul, il faut le reconnaître et l'en féliciter, Moncef Marzouki avait eu le courage de faire la part de la dichotomie conceptuelle. A ses risques et périls, avais-je pensé quand il parlait d'une période de trois ou quatre ans « afin que le peuple s'approprie sa Constitution » et que les 217 élus s'érigent chemin faisant en législateurs et constructeurs d'un véritable mandat législatif et fondateur. Il s'était alors placé entre deux périls aujourd'hui patents, celui de l'entourloupe Nahdhiste qui croit au fond que le bloc légiférant du Texte révélé se moque de toute constitution séculière et qui a tout l'air d'être sure d'une seconde victoire aux législatives plus ou moins prochaines, et celui autour duquel se sont ligués les principaux partis contre le CPR justement, choix qui limite à une année la confection de la Constitution et la gestion des urgences d'une troisième période de transition. Attendons voir l'issue d'une confrontation probable à ce sujet entre l'incontournable Ennahdha, une opposition structurellement déficiente et cet intrépide CPR pris en sandwich. Mais revenons aux « lecteurs » de mon aventure électorale malheureuse à la tête d'une liste unique triée expressément parmi des non politiciens, médecins, jeunes ingénieurs, profs ou communicants. J'avais l'espoir devenu illusion quand tout retrait s'avérait impossible que la logique d'une campagne pour le seul projet de la Constitution allait convaincre un électorat dont je n'ai perçu ni la composition ni la culture politique ni surtout la composition sociologique. Ce qui me console c'est que personne n'aurait eu la chance en un temps si court d'avoir cette juste perception. L'éruption de la Pétition Populaire au grand dam de tous les candidats comme de leurs dirigeants atténue et ma culpabilité et ma déception pour avoir été peu perspicace. De là à ce que, sur les ondes comme sur le papier, des analystes qui répètent à l'envi m'estimer et me respecter comme ce HammadiRedissi auteur d'une impayable Exception Islamique ou ce camarade, jadis, du département de philo Moncef Zeghidi, dans la très officielle At-Tariq Al –Jadid du Parti Ettajdid qui s'en étaient pris nommément à l'indépendant que je suis m'accusant d'avoir dispersé des voix, d'avoir été un gamin, cultivant son seul ego, pis : vendant mon âme à Nessma. Que répondre, Diable, à tout cela ? Sinon que, maintenant, que personne ne parle de Constitution ni dans l'enceinte de la constituante ni dans les « rues » partisanes, que le CPR et son chef se sont ralliés à l'idée du délai court d'un an avant de passer à de nouvelles élections législatives, que dire sinon au risque de me répéter et de plagier encore Mallarmé, que mes contemporains ne savent vraiment pas lire, lire dans l'évènement et dans l'Histoire. Y.S. daassi amad salem Menzly Engaged andalib sihem bechrtou