Des professeurs d'écoles coraniques se sont défendu de vouloir utiliser ces établissements pour mobiliser les enfants autour du projet de société islamiste fondamentaliste, en leur inculquant l'observation rigoureuse des traditions islamiques. « S'il existe des éducateurs qui ont ce dessein, ils ont tort, ont affirmé nos interlocuteurs, ajoutant que les élèves de ces écoles coraniques sont des enfants de 3 à 4 ans auxquels ces établissements apprennent, principalement, le Coran, des éléments d'écriture, de lecture, un peu de calcul et quelques notions religieuses relatives aux fondements de l'Islam. Il y a d'ailleurs un programme officiel à appliquer dans l'enseignement dispensé par les écoles coraniques qui sont devenues des établissements éducatifs modernes où les enseignants sont des diplômés de l'enseignement secondaire et supérieur. Un éducateur nous a dit regretter de voir des parties tunisiennes lancer de telles accusations concernant l'instrumentalisation des écoles coraniques en Tunisie, oubliant que par leur démarche, elles rejoignent les milieux hostiles à l'Islam en Europe et en Occident qui affirment, en substance, que ‘'les écoles et centres coraniques ouverts dans les pays européens et occidentaux sont des fabriques de terroristes ». Les écoles coraniques qui connaissent une prolifération grandissante, après la Révolution, sont accusées, entre autres, d'abuser, sciemment, de la pédagogie du châtiment et de la récompense qui attendent les pécheurs et les justes, dans l'au-delà, pour faire passer le message fondamentaliste, ce qui est de nature à terroriser les enfants et à faciliter leur manipulation. Certains enfants auraient été incités à défendre le port du voile auprès de leurs mères et parentes, comme étant un commandement religieux qu'il faut observer pour ne pas tomber dans le péché et mériter le châtiment. Des éducateurs sont accusés de parler aux enfants de l'adultère et des rapports sexuels hors mariage, et du châtiment sévère qui est réservé aux coupables. Commentant ces accusations, un éducateur a critiqué, au contraire, les parents pour leur tendance à éduquer leurs enfants en utilisant la pédagogie du péché et de l'interdit. ‘'Beaucoup de mères ont tendance à utiliser, à tort et à travers, le terme de ‘'haram'' (interdit selon la religion) pour inciter leurs enfants à renoncer à faire certaines choses, comme se montrer un peu violent en jouant avec un camarade. Elles leur disent ‘' c'est ‘'haram'', il ne faut pas faire ça.'' L'imam d'une mosquée qui est également éducateur dans une école coranique attenante à la mosquée, comme beaucoup d'autres écoles coraniques, a souligné que le licite et l'illicite du point de vue de l'Islam sont connus de tous et n'ont pas besoin d'être montrés. Mais, en Tunisie, nous jouissons de la liberté totale. Chaque citoyen est libre de choisir le mode de vie qui lui convient. Il y a les mosquées et il y a, aussi, les bars, a-t-il noté, mettant l'accent sur la mission intégratrice des écoles coraniques, en dispensant aux enfants une formation de base commune en matière de religion et de conduite sociale saine et citoyenne. A cet égard, des commentateurs rappellent que le mouvement de la tendance islamique Ennahdha, qui s'apprête, aujourd'hui, à diriger le gouvernement tunisien, naquit et prospéra, dans les années 1970 et 1980, au sein des associations de sauvegarde du Coran et des écoles et centres coraniques. Salah BEN HAMADI fafa riadh zarzour gogo sihem daassi