La Tunisie postrévolutionnaire n'est pas la mieux placée en matière de la perception de l'indice de transparence. Le rapport de l'Organisation Transparence internationale qui classe les pays selon l'Index de la perception de la transparence et de la corruption a de quoi nous donner froid au dos: la Tunisie ayant régressé de 14 points. Ainsi étant, notre pays passe du 59ème rang l'année dernière au 73ème sur les 183 pays objet de ce recensement. Sauf que selon Kamel Ayadi , qui cumule plusieurs casquettes dans le domaine de la lutte contre la corruption, « Il ne faut pas s'inquiéter outre mesure. L'indice étant basé sur la perception et non pas sur des données empiriques. Car la corruption est un phénomène sournois et personne n'ose en parler et on ne s'en aperçoit qu'en cas de scandale, » déclare l'ancien président de la Fédération mondiale des organisations d'ingénieurs (FMOI), le président fondateur de la Commission internationale de la FMOI pour la lutte contre la corruption et enfin le représentant régional-Afrique du Nord et Moyen-Orient du centre britannique pour la lutte contre la corruption dans le domaine de l'infrastructure. Lors de la conférence de presse qu'il a donnée, hier matin, Kamel Ayadi a tenu un tant soit peu à adresser un message fort à qui considère la question de la lutte contre la corruption comme étant essentielle dans la phase de transition démocratique d'un pays. Le nôtre en est un. « On a beau formuler les rapports sur la corruption et la malversation mais cela n'est pas suffisant. Dénoncer ce fléau fait partie des 119 mesures qui visent à le juguler», avance notre interlocuteur qui énumère bien d'autres éléments tels que la mise en place de carrément un mécanisme de lutte contre la corruption qui touche plusieurs parties en commençant par le gouvernement et en passant par les bailleurs de fonds, les entreprises, etc. Parmi ces mesures on peut citer le fait de miser sur les mentalités pour instituer une culture de l'intégrité individuelle sans laquelle on ne peut parler de lutte contre la corruption. La corruption sur le plan international Dans sa branche internationale, la corruption est l'objet d'une convention ratifiée par les Nations Unies en 2003. Elle est considérée comme étant une responsabilité sociétale qui se soumet au label ISO 26 000. « La tendance mondiale va vers l'instauration d'un business clean qui amène les entreprises à travailler dans la transparence totale. Les cadeaux d'entreprise sont de ce fait non permis excepté un agenda ou un stylo», avance notre interlocuteur. La rencontre de presse avait pour but, également, de donner une lecture sur le nouveau classement de la Tunisie. Lequel a été présenté à l'occasion de la célébration de la journée mondiale de la lutte contre la corruption (le 9 décembre dernier). « Ce classement ne doit pas nous alarmer outre mesure car il s'inscrit dans l'ordre des choses. Notre pays étant dans une phase transitoire. Les études montrent aujourd'hui, que les pays en phase post-conflictuelle vivent une sorte de course vers les nouvelles situations de rente. Chose qui fait augmenter le taux de corruption lequel finit par diminuer si la phase démocratique aboutisse. » L'essentiel selon notre interlocuteur est de mettre en place les mécanismes qui permettent de lutter contre ce fléau. En Tunisie avec l'appui du ministère des Affaires étrangères des Pays Bas le programme vise le renforcement des capacités des associations qui agissent dans le domaine de « l'éthique et leadership associatif. ». L'objectif étant d'accompagner d'encadrer et d'assister les associations agissant dans le domaine de la corruption et d'éthique.