Les résultats des élections de la Constituante ont révélé un grand déséquilibre entre le premier parti Ennahdha et ses poursuivants directs, le Congrès pour la République (CPR), Al Aridha de Hachemi Hamdi et Ettakatol de Mustapha Ben Jaâfar. Le Parti Démocrate Progressiste vient en cinquième position. Le Pôle Démocratique Moderniste a lui aussi obtenu des résultats non satisfaisants. Afek Tounès, créé après la Révolution du 14 janvier, a eu des résultats non loin du Pôle. Certains partis se réclamant de gauche et progressistes, n'ont eu aucun siège. Ainsi le Parti Communiste Ouvrier de Tunisie (PCOT) de Hamma Hammami et le Parti du Mouvement des Patriotes Démocrates de Chokri Belaïd ont à leur tour obtenu des résultats peu reluisants. Un examen de conscience a eu lieu dans tous ces partis « perdants ». Sans omettre les dépassements qui ont eu lieu, dans l'opération de vote, avant le scrutin et le jour du scrutin, certains ont préféré regarder leurs propres erreurs et faire leur auto-critique. Cet examen a pu générer de nouvelles idées et des propositions pour enrichir le paysage politique. La désunion et l'effritement des forces se proclamant démocratiques et progressistes a été le dénominateur commun de tous les bilans faits. Face à une Droite unie, il faudra créer une grande entité politique qui joue le rôle de contre-poids et pourrait un jour assurer la relève, d'autant plus que dans une année, d'autres rendez-vous électoraux pourraient être fixés. Dans cet ordre d'idées, on parle de rapprochement entre le Parti Démocrate Progressiste (PDP), le Pôle Démocratique Moderniste dont, principalement, Ettajdid et Afek Tounès. Lors des débats au sein de la Constituante concernant l'organisation provisoire des pouvoirs, ou au moment de l'élection du président de la Constituante, Mustapha Ben Jaâfar, on remarquait une cohérence entre les positions de ces forces non associées à la Troïka… Meya Jeribi qui s'était portée candidate au poste de président de la Constituante, juste pour le principe, avait fait le plein des voix de l'opposition. Sa candidature était dictée par le souci de couper court aux candidatures uniques rappelant un triste passé. De même, au moment du vote des différents articles de la loi d'organisation provisoire des pouvoirs publics, l'harmonie entre les différentes composantes de l'opposition était claire. Des indépendants se joignaient à ces différents partis, au moment du vote. Progressivement, l'idée d'approfondir et consolider cette entente, fait son chemin. Ira-t-on jusqu'à créer un grand parti de gauche ? Les différentes composantes de ce projet se concertent et rien n'est exclu. Déjà, aujourd'hui, une grande réunion est prévue au sein du Parti Démocratique Progressiste (PDP) pour prendre une position, concernant ce projet de rassemblement des forces de gauche. Certains veulent s'unir avec le Pôle Démocrate Moderniste (PDM). D'autres parlent de l'éventualité de voir Ettajdid s'affirmer seul. Samir Bettaïeb d'Ettajdid et du PDM, considère que le projet d'union avance sur certains aspects et non sur d'autres. Les débats se poursuivent. Certains militants sont pressés pour la Constitution de ce nouveau grand parti, quitte à ce que l'initiative débouche sur un échec. D'autres préfèrent temporiser, continuer à discuter avec les autres partenaires, tout en consultant les bases. Les militants pressés et ceux qui ne le sont pas, se recrutent dans les différents partis. C'est transversal. Certains ont vraiment peur de l'échec. Il faut trouver la vitesse raisonnable dans la formation de cette nouvelle force, pour qu'il n'y ait pas de déception. En même temps, il ne faudra pas que le processus engagé soit trop lent, pour ne pas rater les prochains rendez-vous électoraux. Trouvera-t-on le ton et la vitesse appropriés pour réussir, ce virage au sein de l'opposition, que certains qualifient d'opération de salut public ? Certains égos seront-ils dépassés ». Les prochains jours nous révèleront beaucoup d'éléments de réponse.