Le Temps-Agences - La Ligue arabe a annoncé hier l'envoi d'une délégation en Syrie demain, mais les monarchies du Golfe, à la pointe de l'initiative arabe pour la sortie de crise, ont exigé l'arrêt immédiat de la répression et la libération des détenus avant l'arrivée des observateurs. «Une équipe dirigée par Samir Seif Al-Yazal (assistant du secrétaire général, NDLR) se rendra à Damas demain», a déclaré au Caire Ahmed Ben Helli, le N.2 de l'institution panarabe. Dans le même temps, à Ryad, le Conseil de coopération de Golfe CCG) qui regroupe les six monarchies de la péninsule arabique a exhorté Damas à mettre fin à la répression d'une révolte populaire hostile au président Bachar Al-Assad depuis plus de neuf mois. «Le CCG demande au gouvernement syrien un arrêt immédiat de la machine à tuer, l'arrêt de l'effusion de sang (...) la libération des détenus, comme premier pas pour entamer l'application du protocole» sur l'envoi d'observateurs, a affirmé le groupement régional à l'issue de son sommet à Ryad. Alors que le vice-ministre syrien des Affaires étrangères Fayçal al-Maqdad n'a signé lundi au Caire qu'un des protocoles de la Ligue arabe stipulant la venue d'observateurs, le CCG a en outre appelé Damas à «appliquer toutes les clauses de l'initiative arabe». Ce plan prévoit également l'arrêt de la répression, la libération de personnes emprisonnées à l'occasion des manifestations et le retrait de l'armée des villes. «Nous avons entendu dire que la Syrie a accepté le protocole (d'envoi des observateurs) mais pas l'initiative arabe. Le protocole fait partie intégrante de l'initiative arabe, qui est indivisible», a souligné le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud Al-Fayçal. Sur le terrain, la répression, qui a fait plus de 5.000 morts selon une estimation de l'ONU, s'est poursuivie hier, faisant trois morts parmi les civils selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). La révolte populaire est en train de se transformer en conflit armé, avec des affrontements entre soldats de l'armée régulière et déserteurs. Ces combats se sont fait plus sanglants avec une centaine de tués et de blessés hier parmi les militaires dissidents dans la province d'Idleb (Nord-ouest), près de la frontière turque, selon l'OSDH. Selon cette organisation, «après des affrontements qui se sont déroulés ce matin avec l'armée régulière, une centaine de déserteurs ont été encerclés puis tués ou blessés entre les villages de Kafroueid et Al-Fatira» dans la région de Jabal Al-Zaouia, à plus de 330 km au Nord de Damas. La veille déjà, plus de 60 déserteurs avaient péri en tentant de fuir dans la province d'Idleb, selon cette même organisation. Par ailleurs, hier, «des dizaines de civils, dont de nombreux militants, sont encerclés par l'armée à Kafroueid», a affirmé l'OSDH. L'OSDH, qui dit craindre une tuerie, en a appelé au secrétaire général de la Ligue arabe Nabil Al-Arabi pour «intervenir immédiatement afin d'arrêter un éventuel massacre». En outre, deux civils ont été tués par les forces de sécurité dans le quartier Jab Jandali à Homs et un troisième à Khan Cheikhoune, dans la province d'Idleb. Burhan Ghalioun, le chef du Conseil national syrien (CNS), qui regroupe la majorité de l'opposition syrienne, a considéré que le protocole arabe arrivait trop tardivement. «Nous militons pour défendre les intérêts du peuple syrien au moment où d'autres pays arabes cherchent à assurer à ce criminel (Bachar Al-Assad) un exil», a déploré M. Ghalioun. «Si le régime syrien poursuit sa répression violente, le CNS fera appel à des forces de dissuasion arabes. Nous avons besoin d'un usage de la force d'une manière limitée et dans des zones précises», a-t-il expliqué. «Nous réclamons la protection des civils, des insurgés et l'instauration de zones protégées et sécurisées», a ajouté M. Ghalioun qui dit vouloir favoriser «le rôle primordial du monde arabe dans la crise syrienne». L'assemblée générale de l'ONU a adopté une résolution condamnant la situation des droits de l'Homme en Syrie et les 15 pays du Conseil de sécurité ont entamé des négociations sur un projet de résolution proposé par la Russie, qui condamne les violences «commises par toutes les parties».