On voit les gens désemparés et un peu perdus face à ce tumulte juridique. Comment faites-vous pour les aider ? Radhia Nasraoui : Aujourd'hui est un grand jour et je compatis entièrement à la cause de ces familles qui ont perdu les leurs dans des circonstances horribles et injustes. On tient à leur tendre la main, les assister. Vous voyez ! Ils sont totalement désarçonnés par tant d'éthique judiciaire. On essaye de leur faire comprendre la démarche et le déroulement de la machine juridique assez complexe. N'oublions pas ! Ces gens attendent depuis presqu'un an et sont frustrées !
Etes-vous confiante quant à l'issue des procès ?
Franchement vu comment ça a commencé, ce n'est pas la joie ! Le président du tribunal n'a pas respecté la logique du déroulement d'un procès.
Pourriez-vous nous expliquer un peu plus ?
Logiquement, les avocats devraient avoir déjà consulté les dossiers des accusés pour que les interrogatoires aient déjà lieu. Or, je suis sûre et certaine que la quasi-totalité pour ne pas dire tout le monde, n'ont pas eu le temps de le faire puisqu'il s'agit de 16 boîtes d'archives, ce qui n'est pas chose aisée du tout ! Comment peut-on juger les accusés et écouter leurs témoignages si on n'a pas au prélable consulté les dossiers ? C'est du bâclage ! Alors que l'on parle de procès équitable et juste !
Comment trouvez-vous l'audience de l'après-midi surtout si on parle des interrogatoires de l'ancien ministre de l'Intérieur Haj Kacem et Boudriga, ex-directeur Génaral de la BOP?
On est tous d'accord dans la salle d'audience que le président du tribunal parle trop au lieu de se contenter de poser des questions et de laisser parler les accusés. Il aurait dû respecter les règles de la procédure. Les réponses des accusés sont capitales et très pertinentes. Elles pourront éclaircir plusieurs zones d'ombre. Si on veut parler de procès équitable qui rend à César ce qui appartient à César et que justice soit faite, on devra respecter la logique de la temporalité et laisser le temps aux accusés de répondre. Le président ne leur a pas laissé la chance de répondre.
C'est-à-dire ?
Vous savez, la durée d'un procès et surtout des interrogatoires dépend de la gravité des accusations. Donc ça pourra prendre beaucoup de temps, du moment où ça va éclaircir l'affaire. Le premier accusé était l'ancien ministre de l'Intérieur. Son interrogatoire n'a duré qu'une heure ! C'est trop peu par rapport au contenu de l'affaire. Il aurait mieux valu lui laisser la parole pour comprendre comment se sont passées les choses. Au lieu de ça, le président du tribunal a pris son temps à pérorer… Pour quelqu'un qui risque la peine capitale c'est trop peu si on veut d'un procès équitable et juste.