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Ah, ce peuple!
La chronique de Youssef SEDDIK
Publié dans Le Temps le 24 - 12 - 2011

Oui, "entre autres"! car, un peuple par définition fabrique de tout, le génial comme le ghabi ( l'idiot ), le maladroit comme le champion, l'as comme le tocard… personne n'échappe à sa fabrique. Un immense atelier fait d'agent de ce mense et de matrices, de géniteurs et d'accoucheuses, avec à la clé, un bébé tunisien dont personne ne sait ce qu'il va devenir ni comment il sévira ni comment il ajoutera un plus à l'histoire de son pays.
L'idiotie, la ghabawa, consiste justement à ce que, quand on en est frappé à l'âge où elle se révèle, à se considérer hors du peuple et de le juger par un effet de miroir en projetant sa propre image sur sa quiète et lisse surface. Que dirait un Ibn Khaldûn de ce peuple qui lui a donné à vingt ans, juste là, à côté, rue Torbet El Bey, sa prestance, son style, son éducation et son regard déjà planétaire sur les sociétés de son monde et les tumultes de son époque? Imaginez un instant qu'il aurait dit de son peuple qu'il était ghabi, un peuple tout entier idiot, y compris les maîtres qu'ils l'ont formé, les parents qui l'ont mis au monde et qui l'y ont inséré, les camarades de jeu et d'étude, les voisins et les disciples qu'il a pu former? même si Ibn Khaldûn avait dit du bien de son peuple qui l'a fait tel qu'en lui même l'éternité nous le laisse entier, même s'il avait dit que ce peuple était intelligent ou génial, son jugement n'aurait pas eu de sens. Encore une fois, on ne juge pas un peuple, c'est plutôt le peuple après avoir pris sa distance de nous, souvent après notre mort, qui juge.
Nous lisons ceci dans Le Prince de Machiavel: " Un peuple, il faut ou le caresser ou l'écraser…" Le temps de ce florentin, grand philosophe du politique lui fournit une solide excuse pour avoir produit une sentence aussi tranchée, aussi sévère, aussi apparemment exécrable pour les apprentis démocrates que nous sommes aujourd'hui. Que ce soit dans son œuvre ou chez Thomas Hobbes, le philosophe anglais qui lui ressemble le plus, la Renaissance était pour l'Europe un moment de surgissement des états et des puissances, les mécaniques du pouvoir princiers et royaux reléguaient les peuples au rang de multitudes, d'une argile molle et malléable dont il était urgent de sculpter des nations et des destins. Le burin qui brise où la touche qui effleure et caresse! De nos jours et dès le XVIII ème siècle, avec Rousseau et son Contrat social, le peuple devient le personnage essentiel de la marche de l'histoire. Et, ce n'est pas pour rien qu'un jour en 1789, en Europe, il est sorti abolir les Bastilles, conduit par une femme, le sein au vent pour abattre le vieux monde.
Chez nous, en ce jour, nous commençons à peine à talonner cette dame, universelle, de nul pays, ménagère, concierge ou prof de maths, baptisée "Liberté" dans le célèbre tableau de la croix. Et, voici que certains parmi nous, nous font faire mille miles de pas en arrière en se permettant, idiotement, de juger leur peuple et de tenir mordicus leur si ghabi jugement: Il paraît qu'une voix qui vient de ces lointaines ténèbres, juge idiot ou stupide, ghabi, ce peuple dont les idées n'ont eu besoin à aucun moment de pétrole pour que ses soldats non mercenaires contournent les Alpes pour mettre Rome en péril, pour que un vassal du grand Haroun Errachid, Ibrahim Laglabide, arrache au calife de Bagdad l'autonomie de notre vieille Ifriquia, pour que les siens effacent le chi'isme fatimide de notre territoire comme de notre mémoire, pour qu'ils soient les premiers au monde à abolir l'esclavage, pour qu'ils soient enfin les premier à annoncer aux Arabes et aux pays semblables la fin des dictateurs en permettant à tous d'accéder à cette inestimable liberté, qui permet même qu'on l'insulte et qu'on le traite impunément de ghabi…
Tou ce que j'espère c'est que l'auteur de cette comique insulte à mon peuple demeure impuni. Punir en effet, c'est déjà considérer, c'est déjà espérer que le puni s'améliore, or, notre peuple comme beaucoup d'autres, sait bien que "le temps ne fait rien à l'affaire". Je vous laisse, par décence, compléter le goût de cette chanson de Brassens.


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