Ce n'est sûrement pas parce qu'il est passé par Tunis pour donner une conférence sur Bernanos, au début des années 90, que je vais défendre Marc –Edouard Nabe. Ni parce que son père Marcel Zanini est l'auteur de « Tu veux ou tu veux pas », chanson qui a hanté les night-clubs pendant toute une décennie. Ni parce qu'il aime Céline et qu'il défend la Palestine. Non ! Absolument pas ! Au contraire. Je trouve que Nabe (diminutif de Nabot) mérite largement que Georges –Marc Benamou, s'introduise sur le plateau d'Apostrophes de Pivot et qu'il lui assène plusieurs coups de poing au visage. J'aurais même tendance à reprocher à l'angélique Benamou de n'avoir pas utilisé un poignard ou au moins une arme à feu à la place de ses poings impuissants, puisque Nabe est toujours vivant. Hélas ! La LICRA (Ligue Internationale contre le Racisme et l'Antisémitisme) ayant poursuivi Nabe et son éditeur pour « diffamation et incitation à la haine raciale » a été finalement déboutée en cassation, le 24 février 1989. Mais la justice française, c'est connu, est trop permissive. Que quelques relents d'antisémitisme génétique traînent encore depuis l'affaire Dreyfus ou le règne de Pétain ne serait aucunement étonnant. Sinon, pourquoi n'a-t-elle pas condamné à la guillotine (même si la peine de mort a été abolie depuis) ce méchant nabot qui déclara : « la Licra, vous savez ce que c'est ? Ce sont des gens qui se servent du monceau de cadavres d'Auschwitz comme du fumier pour faire fructifier leur fortune ». Si ce n'est pas de la propagande nazie, ça lui ressemble ! Vous remarquerez par vous-mêmes que cette honorable institution déclare l'existence de deux sortes de racisme : le racisme basique et très bon marché qui est exercé contre les noirs, les arabes et ceux qui leur ressemblent, et l'antisémitisme qui est un racisme haut de gamme, très différent des autres racismes puisqu'il touche aux sémites. Entendez par là les juifs mais surtout pas les arabes puisque ces derniers ont le culot de se prétendre aussi comme sémites. Allons donc, pauvres arabes, votre ambition est déplacée. Contentez- vous de subir les méfaits d'un racisme populaire, bas de gamme et sans la moindre noblesse. Cette langue fourchue ne respecte rien ni personne. Elisabeth Badinter, Serge Gainsbourg et… l'abbé Pierre passent à la casserole « nabuesque » comme des vulgaires morceaux d'abats, et les attentats du 11 septembre 2001 lui inspireront un pamphlet intitulé « Une lueur d'espoir ». Vous vous rendez compte ! Comment Bush ne l'a –t-il pas « Guantanamisé » ? Serait-il un agent double… ou triple ? Un arriviste qui mangerait à tous les râteliers ? Sinon comment pourrait-on expliquer le fait qu'il défende la légitimité des orientations d'Oussama Ben Laden qui relèveraient avant tout de l'ordre de la légitime défense. Ben Laden « veut simplement punir les méchants qui se permettent de massacrer les terres des musulmans (qui sont ses frères) et qui se comportent comme des porcs sur toute la planète depuis des centaines d'années ». Non… mais je rêve ! Comment ose-t-il ? Pourquoi ne l'a-t-on pas encore réduit au silence ? Les médias français continuent à lui ouvrir grand les bras. C'est à y perdre la raison. Quelle force occulte le soutiendrait ? L'Iran ? Peut-être puisqu'il a déclaré dernièrement lors d'un passage sur France 2 que Ahmadinejad avait le droit d'avoir la bombe atomique puisque Israël l'avait ! Mon Dieu, arrêtez-le et pendez le haut et court, illico ! Comment oser comparer le pauvre Israël avec sa petite bombe atomique, ses innocentes bombes au phosphore qu'il utilise avec une maîtrise hautement scientifique, tout encerclé qu'il est par ces terribles gamins armés de grosses pierres assassines, à ce pays de fous bêtes et méchants qu'est l'Iran ? Pour tirer son épingle du jeu, Nabe ce lâche, dit ne soutenir personne parce que pour soutenir un Etat ou un pays, il faut avoir les armes pour et que lui n'en possède qu'une seule : l'écriture. Ah, voilà donc la circonstance atténuante aux méfaits du monstre : l'écriture ! Et ce natif du 27 décembre à Marseille n'est pas un traînard en la matière. Le 25 janvier 1985, il publie son premier livre « Au régal des vermines ». Il y fait part de son admiration pour des auteurs comme Céline, Rabelet et Bloy, et il y aborde les thèmes du jazz, de l'homosexualité, des parents, de la femme, de la rencontre amoureuse, du sionisme et du racisme. C'est ce livre qui lui vaudra la « Triha » (la raclée) que lui infligera Benamou (il mérite bien son nom, celui-là) sur le plateau d'Apostrophes. 1986, il publie un recueil de textes de divers genres-« Zigzags »-, un livre de Jazza « L'âme de Billie Halliday », et un recueil d'aphorismes « Chacun mes goûts ». En 1991, il publie le premier tome de son journal intime et le récit de son séjour en Turquie en quête de ses racines : « Visage de Turc en pleurs », « L'âge du Christ » et un roman sur l'épouse de Céline « Lucette ». 1998- Nabe écrit un roman sur le suicide : « Je suis mort », un recueil d'articles « Oui et Non », de contes « K.O et autres contes », de poésie « Loin des fleurs », et d'interviews « Coups d'épée dans l'eau ». 2006, paraît un recueil de « Morceaux choisis », cinq cents pages de passages sélectionnés dans toute l'œuvre de Nabe. 2010, il ouvre sa plateforme « internet » consacrée à l'auto –édition, passant ainsi du misérable 10% octroyé par les éditions du Rocher à 70% des droits d'auteur. Tout cela sans compter sa collaboration à « L'idiot International » de Jean -Eden Hallier, à « L'imbécile de Paris », « Libération », ou encore « Hara Kiri »…. Vous trouvez que tout cela est trop maigre comme circonstance atténuante et qu'il faudrait le réduire au silence en lui coupant la langue et les mains ? Ce serait peine perdue, il serait capable de parler avec les yeux et d'écrire avec les orteils. Et puis laissez-le nous encore un peu. On commence à peine à le trouver sympathique !